LA TUBERCULOSE chez l’alpaga

LA TUBERCULOSE chez les petits camélidés

Synthèse écrite pour l’AFLA   © Christel CHIPON – Janvier 2020

Qu’est-ce que la tuberculose ?

La tuberculose est une zoonose, une maladie infectieuse mortelle qui affecte de nombreuses espèces animales, dont l’homme, et franchit la barrière inter-espèces.

Elle est causée par une mycobactérie qui se transmet par contact. La plus courante dans les espèces animales est Mycobacterium Bovis (d’où le nom de tuberculose bovine, ou sigle BTB dans les publications anglo-saxones).

Peut-on guérir de la tuberculose ?

Poumon d’un alpaga ravagé par la tuberculose – Photo empruntée au site www.tbhub.co.uk/non-bovines/camelids/

Rarement, c’est une maladie considérée incurable, qui cause de graves lésions aux poumons et à d’autres organes vitaux.

Il existe un vaccin pour l’humain, mais il n’est pas utilisé pour l’animal afin de ne pas risquer des mutations ou masquer une persistance d’un état contagieux.

Quels sont les symptômes de la BTB ?

Hélas la plupart du temps les animaux malades ne présentent aucun symptôme pendant des mois, voire des années, ou même jusqu’à leur mort (chez les bovins, la présence de BTB est souvent détectées lors de l’inspection sanitaire de la viande à l’abattage).

Certains peuvent présenter des symptômes types comme détresse respiratoire, toux sèche, perte de poids, bruxisme, mais le plus souvent ces symptômes ne surviennent qu’en toute fin de vie.

La BTB est-elle répandue chez les petits camélidés ?

Les petits camélidés sont très sensibles à la BTB.

Officiellement, le seul pays d’Europe touché actuellement est le Royaume-Uni (mais deux élevages ont été atteints en Espagne en 2010-2011, et des rumeurs courent régulièrement sur d’autres cas).

Au Royaume-Uni la situation est très sérieuse : entre 2011 et 2019, 1684 camélidés ont été abattus pour cause de BTB (l’événement le plus marquant est l’abattage de 400 alpagas de l’élevage Alpacas of America en 2012).

Fin 2019, 69 troupeaux anglais étaient en quarantaine pour tests positifs !

Peut-on tester la tuberculose chez nos petits camélidés ?

Un test tuberculinique cutané est utilisé pour les bovins, ovins et caprins, mais il n’est absolument pas fiable chez le petit camélidé dont la réponse immunitaire n’est pas stimulée (nombreux faux positifs chez des animaux pourtant malades, on estime la sensibilité de ce test à 14-20% seulement).

Un test sanguin (Test Enferplex) a été mis au point au Royaume-Uni, mais il n’a qu’une efficacité relative, avec une fiabilité de l’ordre de 70%, qui rend le test individuel peu fiable… Par contre si on teste un troupeau entier, l’absence de résultat positif assure statistiquement le statut sain de ce cheptel, et au moment du test uniquement.

Faut-il s’inquiéter ?

Oui. D’une part parce que la TB est déjà présente en France dans l’élevage bovin, et d’autre part parce que les mouvements de petits camélidés à travers la France sont très importants et le plus souvent sans aucune traçabilité 🙁

Les exportations du Royaume-Uni vers l’Europe continentale ont concerné des centaines d’alpagas ces dernières années, or jusqu’à 2017 le seul test exigé par la France pour ces importations était… le test cutané, sans aucune valeur : des animaux infectés ont donc pu être importés. Et si le test sanguin est à présent exigé, il est le plus souvent appliqué à un faible nombre d’individus, donc sa fiabilité n’est pas bonne.

Que se passerait-il si des animaux étaient testés positifs en France ?

Au Royaume-Uni, du fait du statut d’animal de compagnie, seuls les petits camélidés positifs aux tests sont abattus, le reste du troupeau est mis en quarantaine et re-testé régulièrement…

Or en France, bien que l’alpaga soit aussi considéré comme un animal de compagnie, il n’a pas en fait de statut bien défini : il est certain que la politique appliquée serait, comme pour les bovins, l’abattage préventif de tout le troupeau à la moindre suspicion…

Propriétaires et éleveurs doivent prendre conscience de cette situation et se mobiliser pour obtenir un meilleur suivi des petits camélidés et la mise en place d’une prophylaxie cohérente et adaptée, en concertation avec les éleveurs sérieux (surtout pas des règles imposées par une administration ignorante des spécificités de nos animaux).