Foins, encore

Malgré l’été déjà bien installé (nous sommes le 14 juillet !), les foins ne sont pas encore terminés 🙁  Ça me désole. Il reste environ 4 hectares à faucher, je n’ai engrangé que les 2/3 du stock nécessaire pour l’année, avec deux sessions de fenaison faites en juin (un peu plus de 1000 petites bottes quand même !).
Mais mon vieux matériel n’est plus assez vaillant (et moi non plus, d’ailleurs !) pour assurer la fauche et le fanage des herbages les plus denses : le reste doit donc, comme chaque année, être récolté en rounds par l’agriculteur avec qui je partage ensuite la récolte.
Quand on n’est qu’une variable d’ajustement dans la production de foin d’une grosse exploitation, c’est toujours le gros stress que le foin soit fait au bon moment, et qu’il soit réussi 🙁
Il y a eu trois créneaux possibles depuis début juin, j’espère que celui qui s’annonce pour la semaine à venir sera le bon, sinon c’est la galère.
C’est un des facteurs qui me conduit à revoir pour les années à venir (il ne m’en reste plus beaucoup avant la retraite, à vrai dire) mon mode de fonctionnement : réduction importante de la partie élevage, et donc du nombre d’animaux sur la ferme, pour accentuer la partie stages et développer l’atelier laine, ainsi que les visites et les balades.

FOIN 2024

Chaque printemps présente un triptyque d’événements essentiels à la vie de l’élevage : avec les naissances et la tonte, c’est le foin qui occupe les esprits et stresse au plus haut point.

La réussite de la fenaison conditionne une année entière d’alimentation.
Rater le foin, c’est l’obligation de trouver à en acheter ! Et c’est au minimum 16 tonnes que je dois engranger pour garantir l’autonomie de ma ferme en foin, c’est donc un budget conséquent à sortir si la récolte sur mes parcelles est trop mauvaise.
Et trouver du bon foin à acheter, avec des garanties sur la composition, l’absence de plantes toxiques, et sur la qualité de conservation, c’est loin d’être simple 🙁

Un printemps comme celui que nous vivons, avec ces pluies incessantes depuis octobre dernier, est le cauchemar des agriculteurs : tous les travaux agricoles sont retardés, et l’humidité extrême a des conséquences graves sur beaucoup de productions.

Par chance j’ai réussi à exploiter un bref créneau de quelques jours de temps sec, début juin, et à faucher deux parcelles où j’avais besoin de mettre des animaux à pâturer : c’était un challenge, et j’ai eu un vrai coup de chance. Même le matériel a joué le jeu et ne m’a pas lâchée (pourtant la barre de coupe est loin d’être en forme), la presse n’a pas loupé une seule botte, et le camion a bien voulu ne pas rester embourbé dans les sols humides et me rentrer, en 8 cargaisons, les 500 petites bottes que j’ai pu engranger juste avant la pluie.
C’était stressant et épuisant, et la partie n’est pas gagnée, car ça ne représente qu’1/3 de mes besoins en foin pour l’année, donc la suite de la récolte reste cruciale.
Et voir les herbes, très denses et hautes cette année, couchées et inondées par ces pluies intenses et les vents d’orage, c’est totalement déprimant 🙁  Je sais déjà que ma barre de coupe ne pourra pas s’attaquer au fauchage de ces prés, qu’il me faudra compter sur de l’aide extérieure.
Reste à croiser les doigts pour que la météo s’améliore fin juin/début juillet.

Naissances 2024

Avec le (beau ?) mois de mai sont arrivées les premières naissances 2024.
Juste une poignée de crias pour le printemps, cette année encore : j’ai choisi depuis l’an dernier de ne plus faire naître entre mi-mai et mi-août, à cause des trop nombreux soucis liés ces derniers années aux épisodes de canicule. Et la réussite des mise-bas de l’automne 2023, avec un taux de soucis très bas, m’a confortée dans ce choix pour les années à venir.

Donc ce sont normalement 5 crias qui vont venir agrandir le troupeau en mai, 3 sont déjà arrivés :
– le craquant BANDIT, né sans souci le 2 mai, fils de Siska de KerLA et Godswell JJ (et donc marron comme il se devait étant donné ses parents), un beau cria costaud de 8.2kg déjà très bien lainé.
– l’adorable BELLISSIMA, fille de ma grise Reine de KerLA et d’AlpacaArte Prophet, cria que je rêvais grise mais qui bien sûr est elle aussi fauve (avec la tête blanche) ! Encore un pied de nez du sort qui me refuse de faire naître du gris depuis 2 ans ! Petit bout de chou de 6kg née très tôt en matinée (5h20 exactement, j’ai surveillé sa maman une partie de la nuit, ayant repéré sur la caméra un comportement inhabituel à 3h du matin !).
– le déjà superbe BRIGAND, né avec difficulté juste après sa demi-soeur Bellissima, à 7h du matin (même papa, AlpacaArte Prophet, et maman ma belle Toundra, primipare, qui a subi une mauvaise déchirure au passage du cria et a dû être recousue en urgence par mon super véto Frederik). Bien entendu mister Brigand, que j’espérais blanc comme maman ou fauve clair comme papa, est… marron !!!

Les 3 premiers crias de 2024

Tonte 2024

Les 4, 5 et 6 mai dernier, 65 alpagas de KerLA sont passés sont la tondeuse experte de Pascal Méheust, professionnel de la tonte des alpagas qui vient ici depuis ses débuts.
Travail de qualité comme toujours, avec un vrai respect des alpagas 🙂

Merci mille fois aussi à mes aides : à Philippe tout d’abord, l’indispensable pilier, et pour cette tonte 2024 à Agnès, Elodie et Yael. Aides d’autant plus précieux que 2 naissances avec des complications le samedi matin ont causé par mal de perturbations et m’ont tenue écartée d’une grande partie de l’activité tonte au fil de ces journées !

La tonte est une période majeure de l’activité printanière sur l’élevage, source de gros stress. On scrute le ciel en espérant éviter la pluie avant et pendant ces journées de travail intense : une toison trempée est difficile à tondre, la fibre est abîmée et surtout il faut ensuite faire sécher les toisons… Une ou deux à faire sécher, pas de souci, mais 65 toisons mouillées ???  Par bonheur malgré une météo très capricieuse, j’ai réussi à garder les alpagas enfermés et au final seules 2 toisons crias étaient un peu humide.
La contrepartie à cet enfermement était la mauvaise humeur (bien compréhensible) de certains alpagas, en particuliers les femelles gestantes que les hormones rendent parfois particulièrement acariâtres 🙂

Je me suis gardé à tondre moi-même les 3 femelles ayant tout juste mis bas (pas de stress pour ne pas perturber la montée en lactation), les 2 sur le point de mettre bas, et 3 vieilles ou handicapées que je veux tondre debout tranquillement.
Et avec les fortes chaleurs brutales du week-end passé, j’ai dû prendre de l’avance pour soulager deux de mes nouvelles mamans qui semblaient en peine : j’ai donc improvisé une tonte d’urgence, juste à l’attache, sans aide, de mes belles Siska et Toundra, et je ne suis pas mécontente du résultat 😉  Merci les filles de votre patience !

 

Concours Brive 2024

Comme l’an dernier j’ai eu l’opportunité de me rendre au salon des alpagas de Brive la Gaillarde, rendez-vous des éleveurs français, les 6 et 7 avril.
M’absenter de l’élevage a été possible grâce à Juliette et Pierre Laurent, de Val’Alpagas, qui sont de nouveau venus garder la ferme. Et merci à Philippe, mon soutien de toujours, qui m’a accompagnée de nouveau dans cette expédition.

Ce fut un week-end très intense et épuisant : départ à 1h du matin dans la nuit de vendredi à samedi (après seulement 1h de sommeil), pour arriver à Brive à 8h. Ensuite j’ai préféré passer la nuit du samedi au dimanche dans le camion, pour pouvoir rester auprès des alpagas (donc sans beaucoup dormir). Et pour finir un retour nocturne le dimanche soir, avec un long détour sous une pluie battante à la recherche de gazole, et une arrivée à la maison à 3h du matin…
Avec un week-end comme celui-là, je sens le poids des années ! 🙁  Mais sur le plan professionnel, c’était sympa de rencontrer les collègues et de pouvoir échanger un peu en live, de voir les alpagas présents, et d’avoir l’avis de la juge anglaise sur les 5 jeunes mâles que j’avais amenés.

Mon beau SULTAN, que je n’avais pas voulu amener en 2023 car je craignais que ce soit trop de stress pour lui, a obtenu le 1er prix mâle adulte fauve, et a été couronné, avec sa toison de 4 ans, champion couleur fauve (la catégorie la plus disputée). Je suis très fière de lui.

Mes autres petits gars n’ont pas démérité, ils ramènent chacun un prix, même Titan qui ne venait que pour accompagner son grand copain Sultan (ils sont inséparables) et qui a eu des louanges de la juge pour la finesse et la grande douceur de sa toison 🙂

 

 

Stages du printemps

Oh la la, 2 mois sans actualiser le blog, pourtant il s’en est passé des choses sur l’élevage !
Commençons par les stages du printemps, regroupés comme d’habitude en mars et avril pour libérer mai et juin, période des naissances, de la tonte et des foins, événements majeurs de la vie de l’élevage dont les dates ne peuvent pas être fixées sur un calendrier prévisionnel !
Trois stages laine et deux stages de découverte approfondie des alpagas, plus le stage Soins avec Frederik Vandenberghe, le vétérinaire de l’élevage : autant dire que je n’ai pas vu le temps passer !
Mais que de rencontres sympas, de bons moments, de partages…

Durant ces week-ends intenses et riches, je sais pourquoi je fais ce métier et pourquoi je tiens tant à développer les formations ! L’objectif premier est bien sûr de mieux faire connaître les alpagas et leur laine, mais comme par magie ces journées, en réunissant dans ma modeste ferme des gens si différents, aux expériences si variées, venus de toute la France et parfois des pays limitrophes, me font sortir de mon isolement presque ermitique et me boostent quand je perds le moral à ne pas pouvoir quitter ma ferme faute de soutien et d’aide aux alentours.
Merci du fond du coeur à tous les participants qui font l’effort de venir et d’apporter leur bonne humeur, leurs projets et leur motivation.

Ici les stages ont un horaires de début, mais ils n’ont pas d’horaire de fin, il arrive souvent qu’on finisse une journée à 19h, même 20h, ou plus tard encore si on improvise un dîner en commun, comme sur le dernier stage alpagas mi-avril 😉
Bien sûr après les stages c’est la course pour rattraper tout le travail d’élevage que je n’ai pas pu faire pendant ces 2 jours, notamment le nettoyage des écuries, et je finis mon lundi sur les rotules, mais vous voulez que je vous dise ? Ça en vaut vraiment la peine !
Merci à tous !

Stage SOINS – 5e édition

Ce week-end des 16 et 17 mars a eu lieu la 5e édition du stage SOINS AUX ALPAGAS ET LAMAS, animé par le dr vétérinaire Frederik Vandenberghe.
Stage que j’organise désormais deux fois par an, en collaboration avec l’AFLA.
Merci aux 11 participants motivés venus de toute la France : passionnés, propriétaires, éleveurs et vétérinaires ont partagé des échanges riches et intenses autour de nos chers petits camélidés, leurs particularités, leurs besoins, les manipulations de base à connaître et les soins à leur apporter.
Des notions parfois pointues et très techniques, mais appuyées sur l’observation et l’identification des symptômes, et une bonne gestion des animaux que tout propriétaire doit pouvoir appliquer pour faciliter le travail de son vétérinaire.

La 6e édition de ce stage aura lieu le week-end des 19 et 20 octobre 2024, n’hésitez pas à me contacter pour toute info.
Nombre de participants : 10 à 12.

Charte éthique AFLA

Je suis fière d’avoir participé à la réalisation d’un projet que nous avions depuis plusieurs années au bureau de l’AFLA (Association Française Lamas et Alpagas) : publier une charte des bonnes pratiques pour la détention des petits camélidés en France.

Avec la popularité croissante des lamas et alpagas, nous voyons aussi exploser les abus, les actes de maltraitance involontaire (par ignorance des particularités et des besoins de ces animaux) et hélas aussi de maltraitance volontaire (par pure bêtise et appât du gain de la part de maquignons et de pseudo-éleveurs sans éthique).

Ce document compile les standards de détention développés par plusieurs pays européens qui sont bien plus en avance que nous dans la compréhension des petits camélidés (Royaume-Uni, Suisse, Allemagne…), il intègre les informations accumulées au fil des années par des vétérinaires spécialisés, des comportementalistes et des chercheurs.
Il s’agit ici d’une première version, perfectible certes, qui sera régulièrement actualisée.

Cette charte est le fruit d’un gros travail, l’AFLA la distribue gratuitement à tous ceux qui en font la demande, sans demander d’adhésion en contrepartie. Mais sincèrement, si vous voulez soutenir un développement éthique de nos petits camélidés face au grand n’importe quoi actuel, vous aideriez énormément en donnant encore plus de poids à l’association par votre adhésion, et si vous le pouvez en donnant un peu de votre temps et de vos connaissances pour le bien de nos lamas et alpagas, comme le font les bénévoles impliqués dans ce projet.
Merci d’avance !