Les prix varient sensiblement si un mâle est acheté dans un objectif de reproduction ou pour le loisir.
Le prix de vente d’un futur reproducteur (ou d’un reproducteur avéré) est établi en fonction de la qualité (génétique, morphologie, fibre…) et du potentiel que ce mâle représente pour l’élevage qui en fait l’acquisition.
Il est cependant difficile d’estimer avec justesse le potentiel d’un mâle très jeune, même quand sa génétique est excellente : pour ma part, j’essaie de garder le plus possible de mes jeunes mâles prometteurs jusqu’à leurs 2 ou 3 ans, afin d’avoir les analyses d’au moins deux tontes et un bon développement physique, et ainsi estimer en toute transparence le prix de vente d’un reproducteur.
Certes parfois, quand le ratio mâles/femelles de l’année est très élevé en faveur des mâles, des ventes précoces peuvent être nécessaires pour le bon fonctionnement de l’élevage, mais je suis écoeurée de voir tous ces éleveurs qui se proclament pro et qui « vident » littéralement leurs prés au sevrage en bradant leurs mâles (entiers bien sûr) à des tarifs ridicules (500 ou 600€). Bravo pour cette vue à très court terme qui détruit complètement une filière déjà bien fragile 🙁
Cette mentalité de certains éleveurs est incompréhensible : ils achètent (cher) des reproducteurs de qualité, aux génétiques reconnues, les élèvent avec soin (enfin, pas toujours, il faut réduire les coûts quand on brade les crias au sevrage)… et vident leurs prés en considérant leurs jeunes mâles comme du rebut ! Tout ça pour faire de la place aux crias suivants et recommencer le cycle. Ça rime à quoi cette braderie généralisée ???
Car les prix de ces crias, ridiculement bas, sont bien en-dessous des coûts de revient.
Et en plus, pour ne pas avoir à s’embêter avec les contraintes et le coût d’une castration, ces crias mâles sont vendus entiers, donc avec un potentiel reproducteur intact pour une bouchée de pain !
C’est donc l’éleveur amateur qui se frotte les mains : il peut acquérir à bon compte des génétiques intéressantes, faire saillir toutes les femelles disponibles, quelle que soit leur tare physique (et il y en a !) et revendre les crias sur le Bon Coin ou Facebook à prix cassé sans contrôle, sans réflexion sur la génétique, sans éthique… Beau cercle vicieux dans lequel la filière s’enlise et la qualité du cheptel national se dégrade 🙁
Hélas il n’existe pas encore chez nous de stud-book, de cession ou non des droits de reproduction d’un animal vendu, ni de contrôle des ventes par numéro de SIRET obligatoire 🙁 
Pourquoi cette vue à ultra court terme qui essaime stupidement les bonnes génétiques à moindre frais dans le milieu du marché noir, et contribue à la fois à la dégringolade des prix de vente, de la qualité globale du cheptel avec des croisements irréfléchis, et à l’explosion de la consanguinité et des animaux à problèmes ?

Ce serait pourtant simple d’atténuer le problème : il suffirait de produire moins, mais produire mieux, de ne vendre des reproducteurs qu’aux éleveurs, de castrer systématiquement les mâles destinés au loisir et de les valoriser pour cet usage de loisir par une éducation soignée et un travail de sélection sur le caractère.

La castration est largement admise et pratiquée chez les chevaux, mais hélas encore peu répandue chez les petits camélidés. Certes les entiers ne sont certes pas aussi compliqués à gérer que dans d’autres espèces, mais les mâles arrivés à maturité peuvent se bagarrer violemment, avec des cris impressionnants qui perturbent le voisinage : les blessures et problèmes sérieux ne sont pas rares.
Qui parle des soucis que les particuliers rencontrent quand leurs deux gentils crias entiers arrivent à maturité et commencent à s’écharper régulièrement, parfois avec des conséquences dramatiques ? Ce sont les éleveurs qui reçoivent les appels à l’aide des propriétaires désemparés !
Pour ma part je ne vends, depuis plusieurs années, QUE des mâles castrés pour le loisir, éduqués et bien mis, ils correspondent au attente d’un large public pour la compagnie, les balades, la médiation…
A KerLA, même un très bon mâle peut être castré s’il a un acheteur pour le loisir qui lui propose une belle vie (parfois plus enviable que celle du reproducteur qui est baladé d’élevage en élevage et n’a pas toujours une fin de vie heureuse quand ses capacités de reproduction diminuent).

Et surtout il faut arrêter de considérer les mâles comme du rebut quand ils ne sont pas exceptionnels : un mâle de loisir ou de médiation sympa, facile, bien éduqué et avec une bonne laine, a une valeur marchande réelle, même castré, SURTOUT castré ! Dans certains pays où l’alpaga de loisir est très considéré, comme l’Allemagne, de bons mâles castrés peuvent se vendre plus cher que des reproducteurs !