La BVD chez l’alpaga

La BVD (Bovine Viral Diarrhea) chez l’alpaga

©Christel CHIPON – 2 février 2020

Comme son nom l’indique, la Diarrhée Virale Bovine est une maladie virale le plus souvent identifiée chez les bovins, mais l’alpaga peut en être atteint.

Ce n’est pas une maladie « déclarative », sa découverte dans un élevage ne déclenche pas  le risque d’abattage de tout le cheptel (comme pour la tuberculose), elle n’a – sauf surinfection – que peu de conséquences sur un cheptel adulte et en bonne santé.

Mais la BVD est une catastrophe au sein d’un élevage : si le virus touche une femelle gestante, elle avortera si elle est en début de gestation (c’est le mieux qui puisse arriver dans cette situation), mais sinon elle donnera naissance à un cria immuno-déficient, appelé IPI : ce cria n’aura aucune capacité immunitaire (la plupart du temps il mourra avant ses deux ans). Mais s’il n’est pas détecté il sera excréteur permanent du virus au sein de l’élevage, et en tout lieu où il pourrait être déplacé pendant sa courte vie, communiquant le virus à des animaux sains qui eux-mêmes seront à leur tour vecteurs pendant environ 3 semaines (souvent sans montrer aucun signe de la maladie).

Et tout le problème est là : le plus souvent chez l’alpaga adulte les symptômes sont inexistants, ou se limitent à un peu de fièvre, d’abattement ou de jetage nasal qui alertent rarement. Il n’y a pas cette diarrhée tellement symptomatique chez le bovin qu’elle a donné son nom à la maladie !

C’est pourquoi le dépistage est essentiel.  Tout déplacement d’animaux (vente, achat, concours, saillie) implique un contact possible avec le virus. Idem si vos alpagas ont des bovins comme voisins de pâture… Donc l’éleveur qui assure être exempt de BVD parce que son troupeau (ou quelques-uns de ses animaux) ont été testés négatifs par le passé n’est pas honnête. Le statut « exempt » n’est valable qu’au moment des tests, et sur les animaux testés, pas pour tout l’élevage ni sur la durée.

Le test BVD est exigé pour les concours, c’est bien, mais il faudrait aussi qu’il devienne systématique pour toute vente afin d’éviter la transmission du virus et repérer les animaux IPI porteurs permanents. Un éleveur sérieux doit demander le test pour tout animal qu’il introduit dans son élevage, que ce soit lors d’un achat ou pour une saillie, et il doit s’assurer que en cas de saillie extérieure que le propriétaire du mâle prend des mesures de prophylaxie.

Le test BVD doit absolument être fait en PCR : il a été prouvé que le test simplifié ELISA utilisé pour les bovins n’est pas fiable chez l’alpaga et donne des faux-positifs comme des faux-négatifs.

Si vous avez des doutes sur le passage de la BVD parmi vos animaux, une sérologie permet de rechercher la présence d’anticorps : si votre alpaga est positif, cela ne signifie pas qu’il est porteur du virus, mais qu’il a été touché par la BVD dans le passé et s’est immunisé (il est protégé désormais). S’il est négatif, cela signifie que l’animal n’a jamais été en contact avec le virus… ou bien qu’il est IPI  🙁

Bien sûr il s’agit encore d’examens de laboratoire qui coûtent de l’argent (prélèvement de sang + test effectué par le labo départemental = environ 60 à 80€ pour un animal seul, selon les départements. Les tests effectués en lots reviennent beaucoup moins cher). Et hélas avec la tendance actuelle à brader les alpagas en-dessous de leur prix de revient, beaucoup d’éleveurs n’ont pas envie de rajouter ces coûts sur leurs factures pour ne pas rebuter les acheteurs qui ne voient que le prix de vente, pas le sérieux et le suivi d’élevage… A chacun de savoir où sont ses priorités !

Je vous invite à consulter l’article très complet du Dr Vétérinaire Bernard GIUDICELLI sur la BVD en 2015 : http://a.l.p.e.s.free.fr/crbst_40.html