LA GESTION DES GROUPES

GÉRER LES GROUPES - Règles de base

© Christel CHIPON

  • Pas d’alpaga ou lama seul de son espèce

Les petits camélidés sont grégaires et ont besoin de congénères pour un bon équilibre physique et mental. Un alpaga ou lama seul, même parmi d’autres espèces animales, risque davantage de souffrir de pathologies liées au stress (sensibilité accrue au parasitisme et aux maladies), et aussi de développer des problèmes de comportement.

  • Lamas et alpagas ne parlent pas le même langage

Lamas et alpagas peuvent faire pâture commune, mais force est de constater qu’ils ne se mélangent pas : ils forment des groupes distincts, hésitent à se partager le râtelier de foin, occupent souvent l’abri en alternance… Donc faire vivre ensemble un seul lama et un seul alpaga n’est pas non plus une solution idéale, même si c’est mieux que de garder un petit camélidé seul avec une espèce différente.

  • Pas de mixité : mâles et femelles ne DOIVENT PAS vivre ensemble

Cette règle est souvent la plus difficile à faire admettre. Pourtant il ne viendrait à l’esprit de personne de faire cohabiter une jument et un étalon en permanence, mais pour les petits camélidés, le schéma papa/mama/bébé fait rêver et est hélas souvent mis en pratique. Mais laisser un mâle entier en permanence avec des femelles (et des jeunes) pose des risques d’autant plus élevés que le nombre de femelles est réduit, avec des conséquences parfois dramatiques pour la maman et/ou pour le cria (voir ci-dessous). Tout vendeur qui vous propose un couple mâle/femelle destiné à vivre seul est à fuir.

Même les mâles castrés ne doivent pas rester avec des femelles, car sauf exceptions leur instinct de saillie subsiste malgré la castration et ils peuvent harceler les femelles comme des entiers.

Hélas une grande partie des zoos et des fermes pédagogiques montrent le mauvais exemple et font exactement ces erreurs à ne pas commettre 🙁

Quels sont ces risques liés à la mixité ? Certes dans les groupes en semi-liberté des montagnes andines le mâle vit parfois au milieu des femelles, mais il doit assurer surveillance et protection de son territoire, il vit en marge du groupe et ne le rejoint que pour les saillies. Sur le nombre une femelle est toujours disponible pour lui, et si ce n’est pas le cas les femelles se liguent pour repousser ses avances. Une femelle seule avec un mâle, même avec un fort caractère, est incapable de repousser ses avances pendant les 11 à 12 mois de la gestation. Dès qu’elle se couche pour se reposer, l’étalon peut croire à une invitation (puisqu’il n’y a pas de chaleurs chez l’alpaga, et que la femelle se couche pour accepter le mâle !), il va la harceler, et ce avec une insistance accrue à mesure que les mois passent et que sa frustration augmente.

Des saillies répétées sont un risque très sérieux pour la femelle, car c’est un acte très agressif qui blesse les muqueuses de la femelle et peut rapidement entraîner des infections, un avortement, la stérilité, parfois la mort. Et si malgré tout la gestation arrive à terme, la vie peut être menacée par son père : tentative de saillie de la mère pendant la mise-bas (les hormones excitent le mâle), cria femelle étouffée par le poids de son père qui cherche à la saillir vers 3 ou 4 mois, ou petit mâle pourchassé car considéré comme un rival potentiel. Les cas dramatiques sont loin d’être rares, et même si parfois un tas de gens vous affirment « Chez moi ça marche », le drame peut se produire après plusieurs années de cohabitation apparemment sans souci, ne pas l’oublier ! De même, pour ceux qui disent « Je ne vois jamais le mâle embêter la femelle », il faut savoir que la plupart des saillies ont lieu la nuit !

  • Le groupe idéal : au moins 3 animaux du même sexe

Le groupe idéal commence à trois animaux de la même espèce (lamas ou alpagas), et du même sexe (on vient de le voir, surtout pas de couple, ni de mâle entier seul avec 2 ou 3 femelles). Dans la pratique, pour des raisons de budget (et parce que les acheteurs pensent sinon qu’on veut juste pousser à la consommation), on est obligés de conseiller un minimum de 2 alpagas. Mais 3 ou 4 est bien sûr préférable pour leur équilibre d’animaux grégaires.

  • Éviter la cohabitation avec chèvres et moutons

Il est courant de voir des alpagas partager la pâture de chèvres ou de moutons. L’entente est bonne, c’est certain (attention toutefois aux coups de corne ou de tête qui peuvent faire avorter une femelle gestante), mais le vrai problème réside dans le parasitisme croisé et la contamination importante par les ovins et caprins, qui crottent partout et sont très excréteurs de parasites. Pour la bonne santé des alpagas, cette cohabitation est donc à proscrire si on veut s’assurer des animaux en bonne santé, même avec un suivi parasitaire très strict avec analyses copro régulières : certains parasites peuvent être très pathogènes et difficiles à éradiquer chez l’alpaga (exemple le plus connu : la petite douve).

  • Le cas des mâles reproducteurs très territoriaux

Certains mâles reproducteurs peuvent avoir besoin de parcs individuels (les lamas surtout), car ils sont très territoriaux et une fois adultes ils ne supportent pas toujours de cohabiter avec d’autres mâles, notamment quand il n’est pas possible de les garder à grande distance des femelles. Il est cependant essentiel que ces parcs soient mitoyens les uns des autres pour que les animaux gardent des contacts et une vie sociale active.

  • Les groupes de mâles entiers

Quand les mâles entiers vivent en groupe, il est préférable que ce groupe compte au moins 4 ou 5 individus : l’agressivité sera diluée et les bagarres individuelles pour le territoire seront moins intenses. Il faut toutefois faire attention qu’un des animaux ne soit pas le souffre-douleur de tout le groupe, cela peut arriver et les conséquences sur sa santé peuvent être graves (stress, blessures).

  • Mâle entier et mâle castré ensemble ? Possible, mais sous surveillance

Cette situation est à gérer au cas par cas, car la cohabitation entier/castré dépend du caractère propre de chaque animal, et on voit toutes les situations possibles. Dans un groupe important, un seul mâle castré risque d’être en position de faiblesse et servir de bouc-émissaire. Mais d’expérience les choses se passent plutôt bien : les entiers se désintéressent le plus souvent des castrés dans leurs bagarres (sauf si le castré a gardé un comportement combatif).

  • Éviter de mélanger de jeunes mâles avec des adultes entiers, surtout reproducteurs

Les jeunes mâles (moins de 2 ans) n’ont pas encore la capacité de se défendre contre les attaques de mâles plus âgés, ils sont encore au stade du jeu : ils peuvent être blessés physiquement, ou encore voir leur libido détruite, il est donc préférable de former un groupe de jeunes à part.

Groupe des jeunes mâles de l’année – 2018

Groupe de jeunes étalons – 2018

A KerLA, les mâles sont groupés par classe d’âge, dans des parcs différents, et sont à l’opposé des bâtiments, loin des filles pour ne pas exciter ces messieurs : un parc pour les jeunes au sevrage, un autre pour les « ados » de 1 et 2 ans, et un 3e pour les reproducteurs.

Dans la mesure du possible je ne déplace des mâles d’un groupe à l’autre que par 2 au minimum : l’introduction d’un mâle seul dans un groupe d’entier génère un gros risques d’agressivité collective contre l’intrus.

Comme avec les chevaux, l’idéal est de laisser les animaux faire connaissance de part et d’autre d’une clôture avant de les mettre ensemble.

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Tonte cria

La tonte cria est une pratique courante dans beaucoup d’élevages.
Il s’agit d’effectuer une tonte précoce sur les crias du printemps ou de l’été, parfois dès leurs 15 jours. Elle peut être complète, ou ne concerner que le « manteau », c’est-à-dire le dos et les flancs.
Après mi-août, tondre un cria devient plus problématique, car le poil doit repousser suffisamment pour le protéger en cas d’automne humide et venteux.
Et donc bien sûr, pas de tonte pour les crias de l’automne.

Le premier objectif est le souci d’obtenir par la suite une première toison de meilleure qualité et surtout plus facile à trier : les crias naissent en effet avec des fibres déjà assez longues, qui ont baigné dans le liquide amniotique, donc leurs extrémités sont un peu « brûlées » et surtout crochues comme du velcro. Les débris végétaux vont donc s’accumuler, et la première toison sera une véritable galère à trier, avec une perte de fibre pour la transformation qui peut atteindre plus de la moitié du poids de la toison.

Mais l’autre objectif (qui est pour moi le principal) est de permettre aux crias d’être plus à l’aise et de ne pas risquer de stress de chaleur si l’été amène des pics caniculaires comme cette année (surtout quand ils sont nés en tout début de printemps et ont déjà plusieurs mois, une couleur foncée et une bonne densité de fibre quand la chaleur s’invite)..
Une fois tondus, ils retrouvent une circulation d’air indispensable à leur bonne régulation thermique, en particulier sous le ventre, au niveau des aisselles et de l’aine, et ils ont moins l’effet cocotte-minute lié à la densité de fibre, accentué quand l’air se sature d’humidité – comme lors d’un orage.
Je n’avais pas fait de tonte cria depuis 3 ans, ayant eu très peu de crias nés au printemps ces derniers temps, mais cette année j’ai constaté que mes deux petites femelles foncées nées fin février et début mai prenaient dur lors des fortes températures de fin juin- début juillet, et j’ai préféré ne pas prendre de risque et les tondre fin juillet.

Petite Circé, passée la première sous ma tondeuse (parce qu’à 5 mois c’était elle qui en avait le plus besoin) a une coupe assez affreuse, je l’avoue honteusement : j’avais un souci de peigne mal affuté, et je n’ai pas voulu en changer pendant sa tonte pour ne pas perdre de temps et trop la stresser. Mais elle ne m’en veut pas trop je crois, elle se sent quand même beaucoup mieux 😉
Et pour les autres, une fois le peigne changé et le geste retrouvé (on stresse toujours un peu à passer cette grosse machine bruyante sur ces petits bouts), je suis plutôt contente de mon travail, et ils ont l’air très à l’aise à présent 🙂

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