Adieu IRKA

Il y a tout juste un mois, ma douce et belle IRKA s’est endormie pour toujours, dans mes bras, quelques semaines avant ses 12 ans.
Je n’ai pas trouvé les mots pour en parler avant, c’est une douleur indicible de perdre une compagne de tous les instants.
C’était la plus intelligente et la plus attachante des chiennes. Arrivée ici à l’âge de 2 mois, elle aura accompagné toute l’histoire de mon élevage.
Les photos parleront pour moi.
Adieu ma belle Irka, je ne t’oublierai jamais, et tu manques terriblement aussi à ton copain Madgik.

Brainstorming

Plus de 2 mois sans écrire d’article pour ce blog, une fois encore… La période estivale est rarement propice à passer du temps sur l’ordinateur : seule sur la ferme, j’ai beaucoup trop d’occupations à l’extérieur et avec les animaux du matin au soir…
Mais là, nous ne sommes même pas à fin septembre, et déjà la mauvaise saison pointe son nez, avec pluies intenses et rafales de vent, interdisant certaines activités extérieures…
Où est donc passé l’été ? Il a plu jusqu’à fin juillet (jamais je n’avais fait les foins aussi tard), août a été plus que mitigé avec des variations de temps ahurissantes, et septembre part à l’automne avant la date… La végétation n’a pas arrêté de pousser cette année, et comme je n’utilise absolument aucun traitement sur la ferme, je n’ai pas réussi à suivre pour l’entretien : la cour et les alentours sont envahis d’herbes folles, difficile dans ces conditions de conserver un aspect clean et accueillant pour les visiteurs. Mais je dois l’accepter, je n’ai de toutes façons pas le matériel, le temps et encore moins l’aide suffisante pour remédier à ces détails qui sont bien secondaires au regard des soucis d’élevage.

Cette saison a été compliquée, dans le fil d’une année 2024 pluvieuse et problématique à bien des niveaux. Ces dernières semaines m’ont conduite à un grand brainstorming.
Beaucoup de questions et de remises en cause en cette fin d’été…

Je me suis installée sur cette ferme quasiment à l’abandon début 2012. J’ai développé pas à pas, et seule, un élevage qui tient à peu près la route, me semble-t-il. Mais après bientôt 13 ans, beaucoup de travail, des joies et des satisfactions, mais aussi énormément de soucis, de fatigue et de déconvenues, je me retrouve plongée dans une profonde remise en cause en cet automne 2024.
Je  sais depuis longtemps que je ne suis plus trop en phase avec cette société, c’était le moteur profond de ma volonté de réorientation depuis les années 2000. J’ai adopté un mode de vie qui me convient, qui me permet de prendre la distance dont j’ai besoin, au fin fond de la campagne, avec mes animaux, tout en conservant des contacts sociaux et le goût de transmettre à travers l’accueil des clients, les visites et les formations.
Que rêver de plus ?
Peut-être une famille qui s’intéresse à ce que je fais ? Bon, ça j’ai compris que je devais en faire mon deuil.
Peut-être un environnement cordial et un bon relationnel en local pour me sentir moins seule ? Bon, ça aussi j’ai compris aussi au fil du temps que c’était un voeu pieux, et j’ai appris à faire sans, par force…
Peut-être une reconnaissance de la réalité de mon travail ? C’est là que le bât blesse vraiment, et de plus en plus. J’ai hélas choisi un élevage totalement à la marge du monde agricole, souvent mal vu et bizarrement parfois envié par ce même monde agricole : si une femme seule réussit à se débrouiller pendant tant d’années, sans aucune aide en local, c’est forcément que ça rapporte bien sans trop d’efforts, ces drôles de bestioles – on me l’a sorti plus d’une fois, ce couplet !
S’ils savaient, les envieux, la réalité de mon mode de vie et les sacrifices que ça représente ! Aucune sortie, pas un jour de vacances depuis 2012. Aucune dépense hors exigences de l’exploitation : loisirs, vêtements, meubles, exit le superflu, on reste sur l’essentiel et la récup au maximum, ma voiture est de 2001, mon tracteur de 1965, je n’ai pu acheter aucun gros outillage neuf ni même d’occasion récente pour faire tourner ma ferme : tout mon équipement et outillage est antérieur à mon installation, j’ai investi toutes mes économies – à perte – dans cette ferme pour la rendre viable… Je n’ai pas de primes PAC pour acheter du matériel tous les ans. C’est à la cloche que j’enfonce mes piquets de clôture, avec un treuil manuel que je tire mon grillage, à la pioche que je creuse des trous, je fabrique moi-même mes barrières avec des lattes de bois, j’aménage mes écuries moi-même pour réduire les coûts…
Venez voir ma maison et vous comprendrez. Tous les travaux intérieurs y sont interrompus depuis plusieurs années, faute de moyens, je n’ai même pas de chauffage autre que mon poêle à bois, la température en hiver dès qu’on s’en éloigne se situe entre 12 et 13°, voire moins encore dans certaines pièces. Je ne peux accueillir personne chez moi en hiver, il y fait trop froid !

Pourtant on m’a dit encore, il y a peu, que « j’ai de la chance, j’ai des animaux qui se vendent cher », et quelqu’un de bien intentionné m’avait affirmé que « étant donné la plus-value que je fais sur mes animaux, je n’ai pas besoin d’aides PAC ».
Quelle est leur référence : le prix d’un mouton ou d’une chèvre ?
Quand je vends un mâle castré de 2 ans, son prix oscille entre 1200 et 1500€HT (les mâles castrés ont constitué l’essentiel de mes ventes cette année). Alors oui, c’est nettement plus cher qu’une chèvre, mais il faut connaître les coûts de revient de ce type d’élevage pour pouvoir juger. Il faut comparer ce qui est comparable !
Ce jeune mâle vendu castré à 2 ans, il est venu au monde après presque un an de gestation, il a fallu acheter et entretenir des parents aux bonnes origines (donc pas achetés 300€ sur le Bon Coin), puis il a nécessité 2 ans d’entretien soigné, de prises de risque et de travail (pour l’anecdote, les aliments spécifiques achetés en Belgique, c’est 5000HT€/an dans mon budget d’élevage, l’équivalent du prix de vente de 4 mâles castrés). Ajoutons les séances ostéo pour garantir l’intégrité de l’alpaga, les copros régulières, les vermifuges et les compléments adaptés, les vaccins, le suivi véto, l’adaptation permanente des infrastructures pour un meilleur bien-être des animaux ; le temps consacré à l’éducation, et bien sûr le coût de la castration, de l’identification, du certificat vétérinaire de santé… Au final il ne reste pas ou très peu de marge sur de tels prix de vente ! Pour peu qu’il y ait eu le moindre souci de santé pour la mère ou le jeune, ou qu’il y ait eu besoin du véto à la mise-bas, on plonge largement en-dessous du prix de revient !
Oui de temps en temps je vais réussir à vendre un très bon reproducteur, mâle ou femelle, à un prix plus élevé qui va me permettre d’amortir un peu les pertes et de lisser les coûts d’exploitation pour éviter le déficit, mais c’est toujours aléatoire, c’est être en permanence sur la corde raide… « I walk the line », comme diraient les fans de Johnny… Cash…
Je n’ai pas 150 naissances dans l’année : j’en ai entre 15 et 20. Alors faites le calcul du revenu possible à l’année avec en moyenne 60% de crias mâles (80% même cette année), dont 9 sur 10 sont vendus castrés… Avec le pourcentage de pertes inévitable, la relève du cheptel à assurer, vous croyez vraiment que le chiffre d’affaire annuel peut être faramineux ?
Et là dessus venez greffer les charges fixes et les frais incontournables (aliments, véto, assurances, entretien des animaux improductifs, des infrastructures, frais administratifs d’élevage….). Il ne reste pas grand chose, croyez-moi.

Et la situation se complique de plus en plus depuis quelques années, car le marché est inondé d’alpagas à bas prix (en « don gratuit », même, par centaines sur le Bon Coin !) produits n’importe comment par une multitude de nouveaux acteurs qui souvent n’y connaissent pas grand chose, font naître « juste pour le plaisir », dans des conditions inadaptées aux besoins fondamentaux des alpagas, ou importent des pays de l’Est (une véritable filière de maquignons qui revendent en France des animaux importés à bas prix s’est mise en place, c’est à vomir).
Le rôle dévolu à l’éleveur sérieux aujourd’hui en France ? Simple standard téléphonique pour dispenser des conseils gratuits aux acheteurs de ces pauvres alpagas produits et vendus n’importe comment : au bout de quelques semaines ou de quelques mois, quand les soucis arrivent, que ces pauvres animaux commencent à tomber malades ou même à mourir, on se tourne vers les éleveurs pour avoir des infos et des conseils, parce que eux, ils savent, c’est leur métier, ils DOIVENT répondre et donner de leur temps, s’ils aiment vraiment les animaux (et les insultes fusent si on a le malheur de faire une remarque sur l’inconséquence des gens).
Non, notre métier n’est pas de dispenser gratuitement, à toute heure et sans limite des conseils à tous ceux qui ont acheté un alpaga comme on achète un objet de décoration chez Ikéa, « parce que c’est mignon », ou parce que « mon fils de 4 ans en rêvait »…
Notre travail, ce n’est pas de faire le suivi après-vente à la place des vendeurs abrutis et des maquignons qui ferment la porte dès la vente réalisée !
Oui, on aime nos animaux, et c’est pourquoi on ne veut pas, en faisant le travail de ces vendeurs véreux à leur place, faire perdurer ces odieux trafics : quand quelqu’un nous appelle parce qu’il vient d’acheter un alpaga à un cirque « pour lui sauver la vie », il faut lui dire en face qu’il n’a pas sauvé la vie d’un animal, bien au contraire, il a participé activement à ce vaste trafic en étant client, et l’alpaga est déjà remplacé par deux autres pour alpaguer les prochains bons samaritains prêts à se faire avoir ! C’est une chaîne sans fin, ce n’est qu’en refusant d’y participer que ce trafic pourra s’arrêter (exactement comme pour les autres animaux domestiques). Et il faut dénoncer les agissements de ces trafiquants pourris.
A ce rythme, il n’y en aura bientôt plus, des éleveurs sérieux, du moins ceux qui ont choisi de consacrer leur vie professionnelle à leur animaux : parce que nous n’aurons plus de clients pour nous permettre d’assumer nos charges et nos coûts d’exploitation, et nous devrons mettre la clé sous la porte quand nous n’avons que notre élevage et notre bonne volonté pour vivre !
Notre travail, c’est de faire naître et d’élever de bons animaux sains et équilibrés, de les éduquer et de les vendre en confiance, de bien conseiller et former les acheteurs s’ils sont néophytes, et d’assurer le suivi de NOS animaux vendus.
Je n’ai jamais refusé de répondre, par mail ou par téléphone, à une demande d’aide urgente, quand la vie d’un animal est en jeu. Mais ça se répète encore et encore, toujours ces mêmes situations de problèmes récurrents suite à des achats à prix bas à des vendeurs pourris.
Des acheteurs qui s’en mordent les doigts, qui réclament (voire exigent) de l’aide, qui voudraient même qu’on les plaigne d’avoir d’avoir été floués… Alors non, désolée, dans la plupart des cas vous n’avez pas été floués ! Dans la plupart des cas, vous avez fermé les yeux sur la réalité juste parce que vous vouliez faire une bonne affaire : un alpaga à bas prix, deux voire trois fois moins cher que chez un éleveur, c’est top ! Dans la plupart des cas vous n’avez pas cherché à vous informer correctement, avant d’acheter, sur les besoins particuliers de ces animaux, sur les exigences de leur détention, sur les risques… Les informations en ligne ne manquent pas sur les sites des associations ou des élevages, nul n’a le droit de dire à l’heure actuelle « on ne savait pas ».
Régulièrement, j’ai des demandes d’achat d’animaux, il y a le pire et le meilleur, bien sûr. Mais de plus en plus souvent le pire, à cause de la mode de l’alpaga vu comme une peluche, et hélas de la bêtise humaine. Parfois même la demande commence par « on a lu attentivement les infos que vous donnez sur votre site », pour une entrée en matière sympa… et juste après, on me dit qu’on veut « un alpaga pour mettre avec 3 chèvres dans 1500m² »… Ou qu’on veut « une femelle pour mettre avec les 3 mâles du voisin pour avoir un petit, parce qu’on adore les bébés animaux »… (ces deux exemples sont véridiques).
Je réponds patiemment, je prends le temps, au téléphone, d’expliquer ce qu’il en est (parfois on me raccroche au nez en me disant qu’on va trouver un vendeur moins con – c’est-à-dire plus conciliant), ou j’écris un mail détaillé… auquel on ne me répondra pas, le plus souvent, parce que ce que je dis n’est pas du tout ce que les gens veulent entendre !…

C’est démoralisant de constater à quel point la notion de bien-être animal est à géométrie variable. Avoir des animaux, quels qu’il soient, c’est avant tout bien s’informer sur eux pour respecter leurs besoins fondamentaux et leur nature, et pas les modeler pour en faire ce que nous voudrions qu’ils soient. Trop de gens veulent des animaux soit pour flatter leur ego (on le voit avec certaines races de chiens), soit pour amuser les enfants (et ça avec les alpagas c’est drapeau rouge immédiat), soit par pur anthropomorphisme (et ça c’est un mal de société grandissant, l’animal remède au mal-être… que l’on rend malheureux à son tour).

Bref tout ça se mélange dans mon brainstorming pour arriver à une conclusion évidente : je n’ai plus envie de faire naître des alpagas, du moins pour les vendre.
L’avenir des alpagas en France est à mon avis bien sombre, à moins que les vrais éleveurs réussissent enfin à faire sauter leurs dissensions, mettent un mouchoir sur leurs egos et leurs conflits de personnes pour faire avancer la cause commune dans le sens du respect de cet animal si particulier.
Mais on en est loin, et moi je n’ai plus que quelques années avant la retraite, j’en ai marre de travailler en vain à faire passer un message et à avoir une éthique qui me fait refuser 9 ventes sur 10, et qui fait ricaner tous ceux qui vendent à tour de bras sans se soucier du devenir de leurs animaux.

J’ai donc décidé de réorienter mon activité différemment pour les années à venir.
Je vais (à contrecoeur) me séparer de la plus grande partie de mes femelles reproductrices dans les 18 mois qui viennent. Je garderai mes chouchoutes, et toutes mes « vieilles » de plus de 8 ans, qui auront une retraite précoce bien méritée.
Les quelques crias que je ferai naître à l’avenir ne partiront que chez des personnes de confiance, ou resteront avec moi.
Je suis en train de me constituer le troupeau de mâles de belle qualité, la plupart castrés, dont je rêvais depuis mes débuts, qui sera mon fournisseur de belle fibre pour l’intensification de mon activité de production de belle laine filée main et d’articles tricotés.
Je vais développer les visites, avec des formes nouvelles et plus interactives dans la manipulation et la connaissance des animaux, et bien sûr continuer les formations pour oeuvrer à la diffusion des bonnes pratiques concernant les petits camélidés.
Et peut-être (peut-être) irai-je développer ce nouveau projet ailleurs… Mais là rien n’est encore défini.

Foins, encore

Malgré l’été déjà bien installé (nous sommes le 14 juillet !), les foins ne sont pas encore terminés 🙁  Ça me désole. Il reste environ 4 hectares à faucher, je n’ai engrangé que les 2/3 du stock nécessaire pour l’année, avec deux sessions de fenaison faites en juin (un peu plus de 1000 petites bottes quand même !).
Mais mon vieux matériel n’est plus assez vaillant (et moi non plus, d’ailleurs !) pour assurer la fauche et le fanage des herbages les plus denses : le reste doit donc, comme chaque année, être récolté en rounds par l’agriculteur avec qui je partage ensuite la récolte.
Quand on n’est qu’une variable d’ajustement dans la production de foin d’une grosse exploitation, c’est toujours le gros stress que le foin soit fait au bon moment, et qu’il soit réussi 🙁
Il y a eu trois créneaux possibles depuis début juin, j’espère que celui qui s’annonce pour la semaine à venir sera le bon, sinon c’est la galère.
C’est un des facteurs qui me conduit à revoir pour les années à venir (il ne m’en reste plus beaucoup avant la retraite, à vrai dire) mon mode de fonctionnement : réduction importante de la partie élevage, et donc du nombre d’animaux sur la ferme, pour accentuer la partie stages et développer l’atelier laine, ainsi que les visites et les balades.

FOIN 2024

Chaque printemps présente un triptyque d’événements essentiels à la vie de l’élevage : avec les naissances et la tonte, c’est le foin qui occupe les esprits et stresse au plus haut point.

La réussite de la fenaison conditionne une année entière d’alimentation.
Rater le foin, c’est l’obligation de trouver à en acheter ! Et c’est au minimum 16 tonnes que je dois engranger pour garantir l’autonomie de ma ferme en foin, c’est donc un budget conséquent à sortir si la récolte sur mes parcelles est trop mauvaise.
Et trouver du bon foin à acheter, avec des garanties sur la composition, l’absence de plantes toxiques, et sur la qualité de conservation, c’est loin d’être simple 🙁

Un printemps comme celui que nous vivons, avec ces pluies incessantes depuis octobre dernier, est le cauchemar des agriculteurs : tous les travaux agricoles sont retardés, et l’humidité extrême a des conséquences graves sur beaucoup de productions.

Par chance j’ai réussi à exploiter un bref créneau de quelques jours de temps sec, début juin, et à faucher deux parcelles où j’avais besoin de mettre des animaux à pâturer : c’était un challenge, et j’ai eu un vrai coup de chance. Même le matériel a joué le jeu et ne m’a pas lâchée (pourtant la barre de coupe est loin d’être en forme), la presse n’a pas loupé une seule botte, et le camion a bien voulu ne pas rester embourbé dans les sols humides et me rentrer, en 8 cargaisons, les 500 petites bottes que j’ai pu engranger juste avant la pluie.
C’était stressant et épuisant, et la partie n’est pas gagnée, car ça ne représente qu’1/3 de mes besoins en foin pour l’année, donc la suite de la récolte reste cruciale.
Et voir les herbes, très denses et hautes cette année, couchées et inondées par ces pluies intenses et les vents d’orage, c’est totalement déprimant 🙁  Je sais déjà que ma barre de coupe ne pourra pas s’attaquer au fauchage de ces prés, qu’il me faudra compter sur de l’aide extérieure.
Reste à croiser les doigts pour que la météo s’améliore fin juin/début juillet.

Naissances 2024

Avec le (beau ?) mois de mai sont arrivées les premières naissances 2024.
Juste une poignée de crias pour le printemps, cette année encore : j’ai choisi depuis l’an dernier de ne plus faire naître entre mi-mai et mi-août, à cause des trop nombreux soucis liés ces derniers années aux épisodes de canicule. Et la réussite des mise-bas de l’automne 2023, avec un taux de soucis très bas, m’a confortée dans ce choix pour les années à venir.

Donc ce sont normalement 5 crias qui vont venir agrandir le troupeau en mai, 3 sont déjà arrivés :
– le craquant BANDIT, né sans souci le 2 mai, fils de Siska de KerLA et Godswell JJ (et donc marron comme il se devait étant donné ses parents), un beau cria costaud de 8.2kg déjà très bien lainé.
– l’adorable BELLISSIMA, fille de ma grise Reine de KerLA et d’AlpacaArte Prophet, cria que je rêvais grise mais qui bien sûr est elle aussi fauve (avec la tête blanche) ! Encore un pied de nez du sort qui me refuse de faire naître du gris depuis 2 ans ! Petit bout de chou de 6kg née très tôt en matinée (5h20 exactement, j’ai surveillé sa maman une partie de la nuit, ayant repéré sur la caméra un comportement inhabituel à 3h du matin !).
– le déjà superbe BRIGAND, né avec difficulté juste après sa demi-soeur Bellissima, à 7h du matin (même papa, AlpacaArte Prophet, et maman ma belle Toundra, primipare, qui a subi une mauvaise déchirure au passage du cria et a dû être recousue en urgence par mon super véto Frederik). Bien entendu mister Brigand, que j’espérais blanc comme maman ou fauve clair comme papa, est… marron !!!

Les 3 premiers crias de 2024

Tonte 2024

Les 4, 5 et 6 mai dernier, 65 alpagas de KerLA sont passés sont la tondeuse experte de Pascal Méheust, professionnel de la tonte des alpagas qui vient ici depuis ses débuts.
Travail de qualité comme toujours, avec un vrai respect des alpagas 🙂

Merci mille fois aussi à mes aides : à Philippe tout d’abord, l’indispensable pilier, et pour cette tonte 2024 à Agnès, Elodie et Yael. Aides d’autant plus précieux que 2 naissances avec des complications le samedi matin ont causé par mal de perturbations et m’ont tenue écartée d’une grande partie de l’activité tonte au fil de ces journées !

La tonte est une période majeure de l’activité printanière sur l’élevage, source de gros stress. On scrute le ciel en espérant éviter la pluie avant et pendant ces journées de travail intense : une toison trempée est difficile à tondre, la fibre est abîmée et surtout il faut ensuite faire sécher les toisons… Une ou deux à faire sécher, pas de souci, mais 65 toisons mouillées ???  Par bonheur malgré une météo très capricieuse, j’ai réussi à garder les alpagas enfermés et au final seules 2 toisons crias étaient un peu humide.
La contrepartie à cet enfermement était la mauvaise humeur (bien compréhensible) de certains alpagas, en particuliers les femelles gestantes que les hormones rendent parfois particulièrement acariâtres 🙂

Je me suis gardé à tondre moi-même les 3 femelles ayant tout juste mis bas (pas de stress pour ne pas perturber la montée en lactation), les 2 sur le point de mettre bas, et 3 vieilles ou handicapées que je veux tondre debout tranquillement.
Et avec les fortes chaleurs brutales du week-end passé, j’ai dû prendre de l’avance pour soulager deux de mes nouvelles mamans qui semblaient en peine : j’ai donc improvisé une tonte d’urgence, juste à l’attache, sans aide, de mes belles Siska et Toundra, et je ne suis pas mécontente du résultat 😉  Merci les filles de votre patience !

 

Concours Brive 2024

Comme l’an dernier j’ai eu l’opportunité de me rendre au salon des alpagas de Brive la Gaillarde, rendez-vous des éleveurs français, les 6 et 7 avril.
M’absenter de l’élevage a été possible grâce à Juliette et Pierre Laurent, de Val’Alpagas, qui sont de nouveau venus garder la ferme. Et merci à Philippe, mon soutien de toujours, qui m’a accompagnée de nouveau dans cette expédition.

Ce fut un week-end très intense et épuisant : départ à 1h du matin dans la nuit de vendredi à samedi (après seulement 1h de sommeil), pour arriver à Brive à 8h. Ensuite j’ai préféré passer la nuit du samedi au dimanche dans le camion, pour pouvoir rester auprès des alpagas (donc sans beaucoup dormir). Et pour finir un retour nocturne le dimanche soir, avec un long détour sous une pluie battante à la recherche de gazole, et une arrivée à la maison à 3h du matin…
Avec un week-end comme celui-là, je sens le poids des années ! 🙁  Mais sur le plan professionnel, c’était sympa de rencontrer les collègues et de pouvoir échanger un peu en live, de voir les alpagas présents, et d’avoir l’avis de la juge anglaise sur les 5 jeunes mâles que j’avais amenés.

Mon beau SULTAN, que je n’avais pas voulu amener en 2023 car je craignais que ce soit trop de stress pour lui, a obtenu le 1er prix mâle adulte fauve, et a été couronné, avec sa toison de 4 ans, champion couleur fauve (la catégorie la plus disputée). Je suis très fière de lui.

Mes autres petits gars n’ont pas démérité, ils ramènent chacun un prix, même Titan qui ne venait que pour accompagner son grand copain Sultan (ils sont inséparables) et qui a eu des louanges de la juge pour la finesse et la grande douceur de sa toison 🙂

 

 

Stages du printemps

Oh la la, 2 mois sans actualiser le blog, pourtant il s’en est passé des choses sur l’élevage !
Commençons par les stages du printemps, regroupés comme d’habitude en mars et avril pour libérer mai et juin, période des naissances, de la tonte et des foins, événements majeurs de la vie de l’élevage dont les dates ne peuvent pas être fixées sur un calendrier prévisionnel !
Trois stages laine et deux stages de découverte approfondie des alpagas, plus le stage Soins avec Frederik Vandenberghe, le vétérinaire de l’élevage : autant dire que je n’ai pas vu le temps passer !
Mais que de rencontres sympas, de bons moments, de partages…

Durant ces week-ends intenses et riches, je sais pourquoi je fais ce métier et pourquoi je tiens tant à développer les formations ! L’objectif premier est bien sûr de mieux faire connaître les alpagas et leur laine, mais comme par magie ces journées, en réunissant dans ma modeste ferme des gens si différents, aux expériences si variées, venus de toute la France et parfois des pays limitrophes, me font sortir de mon isolement presque ermitique et me boostent quand je perds le moral à ne pas pouvoir quitter ma ferme faute de soutien et d’aide aux alentours.
Merci du fond du coeur à tous les participants qui font l’effort de venir et d’apporter leur bonne humeur, leurs projets et leur motivation.

Ici les stages ont un horaires de début, mais ils n’ont pas d’horaire de fin, il arrive souvent qu’on finisse une journée à 19h, même 20h, ou plus tard encore si on improvise un dîner en commun, comme sur le dernier stage alpagas mi-avril 😉
Bien sûr après les stages c’est la course pour rattraper tout le travail d’élevage que je n’ai pas pu faire pendant ces 2 jours, notamment le nettoyage des écuries, et je finis mon lundi sur les rotules, mais vous voulez que je vous dise ? Ça en vaut vraiment la peine !
Merci à tous !

Stage SOINS – 5e édition

Ce week-end des 16 et 17 mars a eu lieu la 5e édition du stage SOINS AUX ALPAGAS ET LAMAS, animé par le dr vétérinaire Frederik Vandenberghe.
Stage que j’organise désormais deux fois par an, en collaboration avec l’AFLA.
Merci aux 11 participants motivés venus de toute la France : passionnés, propriétaires, éleveurs et vétérinaires ont partagé des échanges riches et intenses autour de nos chers petits camélidés, leurs particularités, leurs besoins, les manipulations de base à connaître et les soins à leur apporter.
Des notions parfois pointues et très techniques, mais appuyées sur l’observation et l’identification des symptômes, et une bonne gestion des animaux que tout propriétaire doit pouvoir appliquer pour faciliter le travail de son vétérinaire.

La 6e édition de ce stage aura lieu le week-end des 19 et 20 octobre 2024, n’hésitez pas à me contacter pour toute info.
Nombre de participants : 10 à 12.

Charte éthique AFLA

Je suis fière d’avoir participé à la réalisation d’un projet que nous avions depuis plusieurs années au bureau de l’AFLA (Association Française Lamas et Alpagas) : publier une charte des bonnes pratiques pour la détention des petits camélidés en France.

Avec la popularité croissante des lamas et alpagas, nous voyons aussi exploser les abus, les actes de maltraitance involontaire (par ignorance des particularités et des besoins de ces animaux) et hélas aussi de maltraitance volontaire (par pure bêtise et appât du gain de la part de maquignons et de pseudo-éleveurs sans éthique).

Ce document compile les standards de détention développés par plusieurs pays européens qui sont bien plus en avance que nous dans la compréhension des petits camélidés (Royaume-Uni, Suisse, Allemagne…), il intègre les informations accumulées au fil des années par des vétérinaires spécialisés, des comportementalistes et des chercheurs.
Il s’agit ici d’une première version, perfectible certes, qui sera régulièrement actualisée.

Cette charte est le fruit d’un gros travail, l’AFLA la distribue gratuitement à tous ceux qui en font la demande, sans demander d’adhésion en contrepartie. Mais sincèrement, si vous voulez soutenir un développement éthique de nos petits camélidés face au grand n’importe quoi actuel, vous aideriez énormément en donnant encore plus de poids à l’association par votre adhésion, et si vous le pouvez en donnant un peu de votre temps et de vos connaissances pour le bien de nos lamas et alpagas, comme le font les bénévoles impliqués dans ce projet.
Merci d’avance !