Le milieu des petits camélidés est pas mal secoué depuis quelques mois.
Ce n’est pas inutile que les choses bougent : nous avons besoin de faire connaître et reconnaître notre filière, nos animaux, leurs particularités et leurs besoins, et de travailler à améliorer leur bien-être tellement peu respecté hélas, par manque de connaissances et de compétences de trop nombreux acteurs de ce petit monde des lamas et alpagas.
Mais hélas tout ne va pas dans le bon sens actuellement, loin de là : comme dans bien des domaines, des minorités agissantes peuvent imposer leurs vues au nom de tous, pour peu qu’elles aient le bras long, des contacts, des financements et surtout une absence totale de scrupules et parfois aussi de bon sens 🙁
Nota bene du 6 août : la phrase qui précède m’a valu d’être violemment attaquée publiquement et diffamée dans une story instagram calomnieuse jeudi 5 août, attaquant ma personne et mon élevage avec une bassesse stupéfiante qui mériterait un dépôt de plainte.
Moi, je publie ici sur mon blog personnel, accessible aux lecteurs qui recherchent des infos sur mon site, pas balancé sur un réseau social aux yeux de tous.
J’y exprime une opinion personnelle et professionnelle sur la situation de la filière alpaga en France et sur la création d’un syndicat dont je réprouve les méthodes, qui pour moi ne représente pas ma profession. Je ne nomme personne et j’ai parfaitement le droit d’être en désaccord total avec ce groupement, de le dire et de le justifier avec mon ressenti de la situation.
Non seulement le monde de l’alpaga va mal, mais en plus on découvre qu’une censure violente se met en place ! (tiens, pour calmer le jeu, j’ai barré l’adjectif « totale » pour qualifier l’absence de scrupules… malgré ce que démontre ce post instagram ignoble).
En ce premier semestre agité, donc, deux entités ont vu le jour pour travailler à la structuration et à la reconnaissance de la filière des petits camélidés, avec cependant des objectifs bien différents et hélas sur bien des points incompatibles :
– au printemps a émergé un Syndicat des métiers de l’alpaga, bien peu représentatif mais prétendant dès sa création parler au nom de tous les acteurs de la filière. J’ai d’ailleurs dans un premier temps soutenu ce projet et je devais m’y impliquer, car j’ai toujours considéré indispensable de nous organiser en groupement d’éleveurs pour pouvoir nous faire entendre de l’administration et du ministère. Mais j’ai pris totalement mes distances quand, lors du Salon de l’Agriculture, les initiateurs du Syndicat ont opéré un rapprochement enthousiaste avec les représentants du monde des grands camélidés, tous s’accordant à parler d’une même voix pour regrouper grands et petits camélidés dans un même registre et vers un destin commun.
Je ne vais pas développer ici, c’est un sujet trop complexe, mais pour résumer, comme de nombreux éleveurs et détenteurs, je m’oppose totalement à toute association, de près comme de loin, des petits et des grands camélidés : ils sont certes de la même famille, avec un ancêtre commun, mais ils ont évolué sur des continents différents, dans des milieux totalement différents, ils n’ont ni les mêmes particularités anatomiques, physiologiques, sociales, comportementales… Rien ne les rapproche et tout nous pousse à vouloir clairement les dissocier, y compris dès le registre d’élevage, (comme c’est d’ailleurs le cas dans tous les autres pays) !
Nos petits camélidés sont des animaux producteurs de fibre, des animaux de compagnie, de médiation ou d’écotourisme, mais la quasi-totalité des éleveurs et détenteurs refusent l’idée même de leur exploitation pour la viande et toute classification qui pourrait un jour y conduire. Tandis que les grands camélidés s’orientent vers une filière économique bien différente, avec la production de lait qui tôt ou tard, quoi qu’en disent certains, mènera à la viande, et déjà implique une prophylaxie et des normes sanitaires liées à l’alimentation dont nous ne voulons pas pour pouvoir continuer à soigner correctement nos animaux sur le long terme et ne jamais les considérer comme de la viande sur pied qui sera réformée un jour ou l’autre quand on ne pourra plus soigner 🙁
– en ce début d’été, c’est le projet d’une fédération des associations déjà présentes sur le territoire français, lancé en début d’année, qui a abouti : SCAL’LA (Société Centrale Alpagas-Lamas) a vu le jour et fédère 4 associations fondatrices qui représentent un grand nombre de détenteurs, d’éleveurs et d’acteurs de la filière, et a vocation de mettre en avant principalement le bien-être de nos animaux et l’éthique dans l’élevage et dans toutes les activités associées à nos animaux, aussi bien que dans la détention par les particuliers – en excluant bien sûr formellement tout ce qui peut nuire à leur intégrité, et donc par là-même leur utilisation pour la consommation.
Je consacrerai une page très prochainement à cette toute jeune Fédération dans laquelle je m’implique désormais. J’invite tous ceux qui sont soucieux du bien-être des alpagas et lamas à soutenir nos efforts. Il suffit pour cela d’adhérer à une des 4 associations fondatrices (AFLA, Alpaga Attitude, Alpalaine, ALPES), chaque adhérent étant de facto membre de la Fédération (et libre ensuite de s’y impliquer ou non, bien sûr).
Pour la petite histoire, et pour expliquer pourquoi il nous tient tant à coeur de mettre l’éthique en avant : plus le temps passe, plus les éleveurs sont submergés par des demandes absurdes de personnes qui veulent 1 alpaga dans le jardin, ou 1 couple pour avoir un bébé, ou 1 peluche à cajoler, et bien sûr à tout petit prix… Idées véhiculées par les réseaux sociaux déconnectés de la réalité, par la profusion de fermes pédagogiques et zoos présentant des alpagas ou lamas dans des conditions totalement dévoyées de leurs besoins réels, qui favorisent l’imprégnation, et qui créent des situations potentiellement catastrophiques par des ventes indignes (qu’éleveurs et associations doivent ensuite gérer quand ils sont appelés à l’aide par les acheteurs désemparés). C’est inacceptable que cela continue ainsi et que n’importe qui puisse faire reproduire et vendre ces animaux sans le moindre contrôle et souvent sans la moindre connaissance des besoins de l’espèce !
(PS : je précise que je ne mets pas tout le monde dans le même panier, loin de là : il y a des fermes pédagogiques qui font de l’excellent travail et qui méritent vraiment leur qualificatif de « pédagogique », mais hélas elles sont trop minoritaires).
Petite cerise sur le gâteau pour terminer : voici le post publié hier (le 31/07) sur la page professionnelle FB d’un professionnel bien connu du monde des petits camélidés pour ce genre de vente non éthique – dont je masque le nom pour ne pas être accusée de calomnie publique, bien qu’ici ce soit plutôt du domaine de l’assistance à animaux en danger. Et pour satisfaire le clan des pas contents qui défendent leur copain « si injustement attaqué », j’ai même fait un effort, j’ai supprimé les qualificatifs plus durs à l’encontre de ce monsieur – mais je n’en pense pas moins !
Je vous laisse lire les commentaires et vous faire une opinion, car heureusement désormais de plus en plus de personnes osent réagir pour sensibiliser le public à l’absence d’éthique de telles annonces.



