Et voilà, le mois de mai s’en est déjà allé, il a fait cadeau de 3 jolis crias à KerLA : 2 mâles (legris SAPHIR et le blanc SOYEUX) et 1 femelle blanche teintée de fawn, SYMPHONIE.
C’est compliqué d’exprimer le ressenti d’un éleveur passionné pendant cette saison des naissances : excitation et inquiétude mêlées, tension de l’attente qui peut être interminable (les gestations vont de 10 mois 1/2 à 13 mois !), interrogations sur le cria à venir et les choix de croisement faits (ce sont les ventes qui font vivre l’élevage, et la fourchette des prix est très large selon le sexe, la couleur et la qualité des animaux)…
Sans parler des réveils au petit matin pour vérifier que la femelle qui semblait mal à l’aise la veille au soir ne fait pas son cria à l’aube, des rendez-vous reportés à l’automne pour ne pas risquer de devoir s’absenter au mauvais moment, des fausses alertes, des coups de stress, des bouffées d’angoisse quand un problème surgit, des appels urgents au véto (rares, heureusement)…
Ces moments de stress, je viens de les vivre en force avec ma belle Nacarat (les photos qui suivent sont celles de la naissance de son cria Symphonie dimanche 31 mai) : mi-mai elle m’a fait une torsion utérine, avec des symptômes de gêne et de forte douleur qui ne trompaient pas… Le véto a réussi à réduire la torsion, mais les symptômes, bien qu’atténués, ont continué, la pauvre Nacarat était complètement déformée, se creusait, en oubliait de manger… Autant dire que j’attendais la mise-bas avec beaucoup d’anxiété et je craignais de gros soucis… Y compris le matin où le travail a commencé, elle était vraiment mal, malgré mon expérience des mise-bas je n’arrivais pas à cerner ce qui n’allait pas…
Et puis est arrivé ce moment fantastique, quand le bout du nez pointe, et puis le bout des deux pattes antérieures : à ce stade, en principe, tout s’annonce bien… Nouveau soupir de soulagement quand la petite bouche du bébé s’ouvre et que ses naseaux s’agitent. il respire, il est vivant (la crainte du mort-né est toujours présente, je ne l’ai vécu qu’une seule fois, c’est très dur)…
Ensuite, c’est la routine… Souvent j’aide la maman, par une légère traction à chaque contraction, pour faciliter la naissance. Et dès le cria expulsé, vérification anxieuse de son sexe, et de l’absence de défauts physiques… Et pour l’anecdote, ce cria de Nacarat était si gros que je m’étais mise en tête que c’était un mâle, je n’ai même pas pensé tout de suite à vérifier le sexe !
Puis les gestes de soins de routine, qui nous ramènent toujours à l’essentiel et au basique de la vie : mâle ou femelle, quelle que soit la couleur, il suffit à notre bonheur d’éleveur que le cria soit en bonne santé, qu’il se lève et tête rapidement, que la mère soit maternelle et ait du lait, bref, que tout se passe bien 🙂