Je sais bien que c’est une platitude de commencer ainsi un nouvel article de ce blog, après deux mois et 10 jours de silence, mais je ne peux m’en empêcher : où passe le temps ? Pourquoi passe-t-il si vite ?
Mai et juin sont les mois les plus chargés sur la ferme, les journées de travail dépassent largement les 16 heures :
Il y a les naissances, avec les femelles qui donnent de premier signes de mise-bas puis se font attendre 10 ou 20 jours encore, et celles qui surprennent avec la venue d’un prématuré. Impossibilité de s’absenter en journée, angoisse des mise-bas difficiles, moments de peine et de bonheur… Surveillance permanente des crias : celui qui s’endort régulièrement en plein soleil, celui qui fait une allergie au lait maternel, celui qui a une hernie ombilicale, celui qui trouve toujours les endroits impossibles pour se cacher, celui qui a besoin de quelques biberons, de vitamines ou d’antibiotiques, celui qui qui a pris un coup de chaud à trop chahuter les copains… La mère qui fait une dystocie, un abcès ou une infection, qui manque de lait…
Il y a la tonte des alpagas, sur deux jours d’intense activité, et les monceaux de sacs de laine qui envahissent la maison… Le tri délicat et chronophage des mèches suri, pour satisfaire les commandes en attente…. La sélection des laines à envoyer en filature aussi vite que possible (à cause des longs délais de transformation).
Il y a la tonte des lamas, aux ciseaux, deux heures par animal en moyenne. Le matin, ou en soirée, quand un petit créneau de temps se présente et que ces dames sont prêtes à coopérer…
Il y a toujours de nouveaux parcs à clôturer, ou des clôtures à réparer, dans cette brève période du printemps où les sols argileux acceptent sans trop de mal les nouveaux piquets, entre le bourbier de l’hiver et la dureté du sol estival…
Il y a la période du foin, avec la crainte de voir le matériel vieux de 50 ans rendre l’âme au beau milieu de la fenaison, la consultation de la météo dix fois par jour, la scrutation quotidienne du ciel dans la crainte de voir les beaux andains bien secs perdus dans le déluge d’un orage imprévu, l’épuisant travail pour rentrer et ranger plus de 2000 petites bottes de 12/13kg sous un soleil de plomb…
Il y a les travaux d’aménagement de la ferme et de la maison qui continuent, toujours et encore, et sont loin d’être terminés, et qu’il faut trouver le temps de faire en plus des tâches quotidiennes que sont : surveiller, soigner, nourrir, abreuver, doucher même certains animaux par temps de canicule, nettoyer les stabulations au minimum 2 fois par jour…
Il y a les tâches administratives, la comptabilité à tenir, les visiteurs et les clients à accueillir, les commandes à préparer et à poster, les courses à faire… Il y a aussi par bonheur les amis qui viennent donner un coup de main (un million de mercis), les stagiaires qui apportent une aide précieuse…
Bref, le quotidien d’une petite ferme d’élevage où les animaux passent avant le reste. Alors forcément le site Internet et la page Facebook peuvent rester des semaines en stand-by…