LÉGISLATION sur les petits camélidés

Connaître la LÉGISLATION sur les petits camélidés

La LÉGISLATION en bref...

Le registre national SIRECam étant purement et simplement supprimé à partir de janvier 2025, la seule obligation qui reste pour le moment aux détenteurs et propriétaires est d’avoir des lamas et alpagas identifiés (par puce ou boucle).
Les professionnels, eux, doivent tenir un cahier d’élevage à fournir aux autorités en cas de contrôle.
La création d’un nouveau registre de détention serait à l’étude pour fin 2026.

Nous vous invitons à rejoindre le LAREU (Llama and Alpaca Registries Europe) pour y enregistrer (gratuitement) vos animaux
(plus d’infos ci-dessous, point B)

En ce qui concerne le transport : toute personne qui transporte des lamas ou alpagas sur plus de 65km A TITRE PROFESSIONNEL (y compris pour participer à un concours) doit être titulaire du certificat de compétence au transport (dont le nom change tous les 4 matins – en ce moment c’est le CCCC) et vous devez disposer d’un véhicule agréé.
Les autres (particuliers et éleveurs auto-proclamés mais déclarés nulle-part), eh bien… vous n’êtes concernés par aucune obligation ! Même si vous n’avez aucune connaissance solide des petits camélidés et de leurs besoins, vous pouvez les trimbaler à travers la France comme ça vous plaît sans avoir à rendre de compte ! 

La LÉGISLATION en détails...

      SOMMAIRE :

    1. Autorisation de détention et d’élevage des petits camélidés
    2. Identification et enregistrement des petits camélidés
    3. Règlementation du transport des petits camélidés
    4. Prophylaxie des petits camélidés
    5. La TVA pour les ventes, pensions et saillies
    6. La question des assurances

A. DÉTENTION ET ÉLEVAGE des petits camélidés

Les petits camélidés sont considérés en Europe comme animaux domestiques.

La loi européenne de 2015 exige en principe un certificat de capacité pour élever des petits camélidés, toutefois en France aucune législation n’est clairement appliquée sur ce point : aucun certificat de capacité n’est donc pour l’heure mis en avant pour en détenir ni pour en faire l’élevage (à la différence de certains pays européens comme l’Allemagne ou la Suisse).

B. IDENTIFICATION ET ENREGISTREMENT des petits camélidés

La loi d’avenir et d’orientation agricole d’octobre 2014 avait imposé l’identification des camélidés, et a mis en place un registre géré par l’IFCE et adossé au SIRE équin : le SIRECam (SIRE CAMélidés), obligatoire depuis juillet 2016, parce que s’inscrivant dans une règlementation européenne plus large visant à identifier et enregistrer tous les animaux (Règlement 2016/429 dit « loi de santé animale »).

Début décembre 2024, la disparition pure et simple du SIRECam nous a été signifiée pour… le 6 janvier 2025 ! L’IFCE – qui a toujours rechigné à le gérer – ne voulait plus s’en occuper, et l’Etat a soudain décrété qu’un registre national n’était pas (plus ?) une exigence européenne – à l’encontre des affirmations faites pour la création du SIRECam ! (dixit le courrier envoyé par le Ministère de l’Agriculture à l’AFLA).
Certes ce registre fonctionnait mal, était très insuffisant (aucune entrée de génétique), et beaucoup de propriétaires peinaient à y créer leur compte, mais il avait le mérite de donner un semblant d’existence légale à nos animaux, et donc à notre filière si mal reconnue 🙁

Nous avons l’espoir que le LAREU (registre européen bien pensé, qui existe depuis des années) puisse occuper la place laissée vacante par le SIRECam pour tous ceux qui sont soucieux de gérer correctement leurs animaux et leurs génétiques.
Voir encadré ci-dessous, en bleu, pour plus de détails sur le LAREU.

Petite réflexion amère :
Une fois encore ce sont les personnes réglo et soucieuses de respecter la loi qui se sont faites entuber par l’Etat avec le SIRECam, en se soumettant à l’obligation d’enregistrement et de paiement qu’un grand nombre de détenteurs et de propriétaires ont refusé. Ceux-ci peuvent bien ricaner et se féliciter, car non seulement ils ont fait de substantielles économies en ne payant pas les enregistrements, mais ils ont pu au fil de ces années, sans être le moins du monde embêtés, vendre au black des animaux non déclarés et s’en mettre plein les poches (il suffit l’ouvrir les annonces du Bon Coin pour comprendre)…

Disons les choses clairement : animal non enregistré = animal fantôme, donc possibilité de vente non déclarée : pas de TVA, pas de fiscalité, pas de visite véto, pas de paperasse, aucune responsabilité du vendeur… Tant pis pour l’acheteur s’il n’a que ses yeux pour pleurer au moindre souci, quand le vendeur ne donne plus signe de vie.

Le LAREU (LLama and Alpaca Registries Europe) existe depuis 2005, le siège social est à Brig en Suisse.
Les buts définis par les statuts de l’association sont :
– tenir un registre en ligne des alpagas et lamas en Europe
– promouvoir les recherches sur la santé et la génétique des petits camélidés
Actuellement presque 10 000 lamas et alpagas français sont inscrits au LAREU, que beaucoup d’éleveurs ont continué à utiliser en parallèle au SIRECam, notamment pour pouvoir conserver les données de génétique.
La création du compte (très simple) vous attribue un numéro et un mot de passe, et vous enregistrez ensuite vos animaux, leur génétique, leur vente, leur décès. Ce service est gratuit.
Si vos animaux ont préalablement été enregistrés au LAREU par un propriétaire précédent ou par le naisseur, et que vous n’avez pas eu l’information, contactez le LAREU par mail : la fiche pourra être retrouvée grâce au numéro de puce, et l’animal vous sera attribué.

Au-delà de l’inscription, des services payants sont proposés :
– passeport européen pour vos animaux
– tests ADN pour vos reproducteurs
– annonces de vente et de recherches d’animaux

Deux fonctions nécessaires à la tenue des cahiers d’élevage seront bientôt ajoutées :
– un bouton pour éditer directement sur le LAREU le listing des animaux (vous avez déjà la possibilité de télécharger la fiche de chaque animal, et son arbre généalogique)
– un bouton pour éditer un certificat de vente à remettre à votre acheteur

N’hésitez pas à découvrir le site internet du LAREU et, si vous ne l’avez pas déjà fait, à y créer un compte et y enregistrer vos animaux : https://lareu.org

Bernard Giudicelli, président du LAREU, se tient à votre disposition pour toute aide qui vous serait nécessaire : bernard.giudicelli@lareu.org

 Comment identifier ?

L’identification d’un petit camélidé par puce ou boucle d’oreille reste une OBLIGATION du NAISSEUR : aucun animal ne doit quitter son lieu de naissance sans être pucé par son naisseur, ou bouclé à l’oreille (solution qui a peu d’adeptes en France).
Ceci-dit même cette obligation fait rire jaune, puisqu’à la différence des chiens et des chats, par exemple, dont les transpondeurs sont centralisées par l’ICad, ou des animaux de rente dont les identifications sont tenues par les EDE, les puces posées aux petits camélidés ne « remontent » nulle part. Votre vétérinaire pose une puce, vous facture, et puis… ça s’arrête là ! Donc si votre animal est retrouvé en divagation ou volé, un véto pourra juste vérifier qu’il est pucé, mais n’aura aucun moyen de remonter jusqu’au propriétaire !
L’éleveur soucieux de tenir un registre d’élevage fait donc sa propre fiche d’identification à la pose de chaque puce et la fait signer par son vétérinaire, c’est un pis-aller, mais sans valeur légale, et qui ne permettra qu’une traçabilité limitée faute de registre central 🙁

L’identification peut se faire, au choix, par transpondeur implanté sous la peau ou par 2 boucles auriculaires :

  • Le transpondeur (puce) ne doit être acheté et posé que par un vétérinaire. La pose se fait, par convention, à la base de l’oreille gauche.
    Les 15 chiffres du numéro de transpondeur se composent du code fabricant à 3 chiffres commençant par 9, et d’un code national d’identification unique de 12 chiffres.
  • Les boucles auriculaires peuvent être posées directement par l’éleveur.
    Le marquage auriculaire à utiliser est le marquage agréé pour les petits ruminants. Il comporte deux repères auriculaires, dont un électronique : le repère auriculaire conventionnel est placé à l’oreille droite de l’animal et le repère auriculaire électronique est placé à la base de l’oreille gauche de l’animal.

C. RÈGLEMENTATION DU TRANSPORT des petits camélidés

L’AGRÉMENT DU VÉHICULE :

Lamas et alpagas sont faciles à transporter, ils voyagent couchés, calmement et sans bouger, et peuvent rentrer en rampant dans un coffre de voiture (même pas forcément en version break ou utilitaire). Mais prudence tout de même, il est préférable pour la sécurité d’utiliser des véhicules adaptés au transport des animaux, et c’est obligatoire pour tout éleveur et transporteur professionnel d’avoir un véhicule aux normes et agréé par la DDCSPP du département de résidence.
L’autorisation accordée est à renouveler tous les 5 ans.
– pour les transports de moins de 8h, l’autorisation de type 1 suffit : elle s’obtient par une visite de la DDCSPP du département de résidence, qui vérifie que le véhicule remplit les conditions exigées pour un transport en sécurité, avec notamment aération pour renouveler l’air et étanchéité du sol.
– pour les trajets d’une durée supérieure à 8h, il faut obtenir l’autorisation de transport de type 2, plus exigeante sur les aménagements du véhicule.

LE CERTIFICAT DE COMPÉTENCE DU TRANSPORTEUR

Ce certificat de compétence ne cesse de changer de nom : d’abord CAPTAV, puis CCTROV, ensuite TAV, et maintenant CCCC… Pensez donc, toutes ces heures de cogitation pour innover, puis tous ces sigles à changer sur les papiers et les sites de l’administration, ça vous occupe plus d’un fonctionnaire !   
Donc l’actuel CCCC (Certificat de Compétences des Conducteurs et Convoyeurs)
est exigé dans les cas suivants :
– au-delà de 65km pour tous les transports effectués dans le cadre d’une activité économique
– au-delà de 50km pour les exploitants agricoles et/ou tout transport à but lucratif
Sont donc concernés les
transports à destination des marchés, des foires, la livraison de reproducteurs, d’animaux vendus par leurs éleveurs, les déplacements pour les concours, courses et compétitions…
= Les éleveurs assurant le transport de leurs propres animaux sur une distance supérieure à 50 km, que ce soit pour une livraison ou un concours, sont donc concernés.

L’expérience professionnelle ne permet plus d’obtenir l’agrément de transporteur depuis janvier 2010 : pour l’obtenir, deux possibilités :
justifier d’un des diplômes listés dans la loi
– suivre
la formation de 2 jours spécifique au transport d’animaux vivants, pour la catégorie choisie… Le souci étant qu’actuellement la seule formation existante est proposée en ligne par Zoopro.
C’est ubuesque : le TAV est obligatoire, mais il n’existe pas de formation spécifique, chacun se débrouille comme il peut avec sa préfecture… Le plus dingue, c’est qu’un employé d’animalerie diplômé aura automatiquement le CAPTAV petits camélidés même s’il n’en a jamais approché, alors qu’un éleveur professionnel qui en élève depuis 15 ans ne peut pas l’obtenir en faisant valider son expérience !
Pour ma part j’avais déjà le CAPTAV équidés depuis 2010, j’ai pu faire valider par ma DDCSPP l’extension au transport des lamas et alpagas en 2012, grâce aux attestations des stages faits avec Ilona Gunsser (qui sont les formations exigées en Allemagne pour obtenir le certificat de capacité). Mais il a fallu longuement parlementer avec un interlocuteur qui exigeait de moi de repasser l’option « transport d’équidés » (que j’avais donc déjà)… juste pour pouvoir justifier auprès de sa hiérarchie la validation d’une option petits camélidés alors inexistante dans l’offre de formation ! Il y a des jours où il faut se tenir à 4 mains pour ne pas exploser contre les aberrations de l’administration 🙁

D. PROPHYLAXIE des petits camélidés

Actuellement aucune prophylaxie règlementaire n’existe pour les petits camélidés, à la différence des caprins, ovins et bovins.
Aucun test n’est donc obligatoire à l’achat, mais cela ne vous dispense pas d’exiger de votre vendeur un certificat vétérinaire de bonne santé récent (c’est une hérésie de constater qu’une grande majorité des ventes ont lieu SANS examen vétérinaire ! Les acheteurs sont inconscients de ne pas l’exiger).

Certains tests sanitaires (qui sont obligatoires pour les concours et les exportations) devraient aussi être demandés par les acheteurs, surtout pour les reproducteurs de valeur, et notamment si vous tombez sur un vendeur qui fait beaucoup de mouvements d’animaux – je pense en particulier aux maquignons, de plus en plus nombreux sur le marché du petit camélidé, qui pratiquent l’achat-revente d’animaux de provenance floue, souvent issus de cirques ou de filières douteuses, sans aucune rigueur sanitaire le plus souvent 🙁
Ces tests seront en général à vos frais, puisque non obligatoires, mais ils peuvent prévenir bien des désagréments quand votre vendeur n’est pas un éleveur professionnel sérieux et reconnu !

Le test BVD : la BVD (sigle anglais pour la Diarrhée Virale Bovine) n’est pas une maladie déclarative, mais son occurrence dans un élevage est gravissime car elle atteint les foetus in utero, entraînant soit des avortements, soit des crias nés immunodéprimés (IPI) qui seront vecteurs du virus toute leur courte vie.
Le test BVD se fait sur prise de sang. Attention de bien exiger un test PCR, le seul valable pour les alpagas.

Le test de la TUBERCULOSE : la tuberculose bovine est une maladie bactérienne terrible, car son intrusion dans un élevage condamne non seulement les animaux porteurs, mais très souvent, par précaution, l’abattage de tout le cheptel !
Hélas le seul test disponible en France, la tuberculination bovine cutanée, n’est absolument pas fiable pour les petits camélidés à cause de leur métabolisme particulier : la plupart du temps, même des animaux malades sont négatifs à ce test, mais il arrive aussi que le test soit positif pour des animaux sains !.
Cette maladie est répandue au Royaume-Uni chez les petits camélidés. Un test sanguin un peu plus fiable y est utilisé, mais il faut savoir que jusqu’au Brexit le territoire français a été chaque année inondé d’alpagas importés d’Angleterre, et que jusque très récemment la France n’exigeait que le test cutané pour l’importation ! Donc même actuellement il faut être prudent si l’élevage où vous achetez vos animaux accueille ou côtoie des alpagas importés ces toutes dernières années du Royaume-Uni, car la maladie peut être dormante pendant plusieurs années.

Le test de la BRUCELLOSE : les cas de cette maladie concernant les alpagas soient rarissimes, mais le test (par prise de sang) est demandé pour les concours et l’exportation, par assimilation aux bovins.

Les VACCINS : Aucun vaccin n’est obligatoire à l’heure actuelle ! Ce qui conduit certains pseudo-éleveurs se croyant bien renseignés à conclure (et à affirmer à leurs visiteurs et clients, hélas) qu’il ne faut faire aucun vaccin aux alpagas parce qu’ils ne peuvent pas tomber malades des maladies concernées ! 

Je suis très loin d’être une fana des vaccins, mais s’il y en a un à faire absolument pour protéger nos lamas et alpagas, c’est le vaccin annuel associant une protection contre les maladies clostridiennes (entérotoxémie) et contre le tétanos (MILOXAN, BRAVOXIN, COVEXIN, HEPTAVAC…). Oui il est arrivé que des animaux vaccinés meurent d’entérotoxémie, mais le vaccin a évité à un nombre bien plus grand de succomber à cette horrible maladie foudroyante qu’est l’entérotoxémie, et cette maladie plus horrible encore qu’est le tétanos  (je développerai cela dans un onglet sur le sujet).


Autre vaccin fortement conseillé depuis peu : celui contre la FCO (Fièvre Catarrale Ovine)
, qui n’était obligatoire, jusqu’en 2023, que pour les exportations, la France étant en situation endémique pour les sérotypes FCO2, FCO4 et FCO8.
Mais l’explosion de la FCO8 à partir de l’été 2023 dans la moitié sud de la France, puis l’arrivée de la FCO3 par le nord-Est à l’été 2024, ont incité à la vaccination dans beaucoup de régions pour protéger les petits camélidés.
Ces vaccins restent à l’initiative (et à la charge) des propriétaires et éleveurs, mais sont fortement conseillés désormais, compte tenu de la mortalité constatée et des conséquences sur les mise-bas.
Et je parle en connaissance de cause : la FCO3 a frappé mon élevage fin août 2024, au moment des mise-bas, avant que les vaccins ne soient disponibles : les mamans ont été malades, les mise-bas compliquées, et 5 crias sont morts de septicémie dans les jours suivant leur naissance malgré tous les traitements tentés.
Et je connais plusieurs éleveurs qui ont perdu des lamas et alpagas de FCO8 avérée.

Alors les personnes qui déconseillent la vaccination en clamant « la FCO ne touche pas les petits camélidés », renseignez-vous un peu : ce qui était vrai il y a quelques années, quand les petits camélidés étaient considérés porteurs sains de la FCO mais sans maladie déclarée connue, ne l’est plus, car les virus mutent.

E. La TVA SUR LES VENTES, PENSIONS et SAILLIES

Le montant de la TVA est une épine dans le pied des éleveurs professionnels assujettis : du taux de 5.5% en 2011, puis 10%, elle est passée à 20% en juillet 2014 pour les ventes.
Comme pour les chevaux (et selon l’interprétation qui est faite des textes par les expert-comptables, puisque les camélidés ne sont nulle part mentionnés), on peut appliquer le taux de TVA réduite pour les ventes de reproducteurs et pour les actes d’élevage (comme les saillies) à un éleveur professionnel muni d’un SIRET.
Cette TVA réduite était de 10% et est passée à 5.5% en 2024, suite au lobbying du monde équin dont nous avons bénéficié.
Mais attention : cette TVA réduite ne concerne QUE les reproducteurs en âge de reproduction. La vente d’un cria sera taxée à 20%, même vers un éleveur, tout comme celle d’un animal hors d’âge déclaré comme non reproducteur sur la facteur, et évidemment celle d’un mâle castré…

Ce taux de 20% a été un coup de massue pour les éleveurs assujettis car il est intervenu alors même que les prix de vente moyens s’effondraient (concurrence des éleveurs amateurs et des particulier, importations massives d’animaux de l’étranger…). Or la majorité des charges qui pèsent sur les élevages sont sans taxes ou avec une TVA réduite, donc sauf à faire de très gros investissements d’infrastructure ou de matériel, aucun éleveur assujetti ne peut équilibrer sa TVA, dont la hausse a dû être absorbée en réduisant drastiquement des marges déjà faibles voire inexistantes (actuellement la plupart des alpagas mâles sont vendus en-dessous de ce qu’ils coûtent à produire – du moins pour un éleveur sérieux qui fait bien son travail et soigne ses animaux au mieux).

Donc un conseil à ceux qui veulent s’installer : à moins de prévoir de gros frais de structures qui vous permettront d’amortir beaucoup de TVA sur bon nombre d’années, ne demandez pas à être assujettis, c’est un piège pour la commercialisation des animaux et de la laine.

F. La question des ASSURANCES

Texte en préparation, merci de votre patience

Articles récents

Éthique et castration

Comme chaque année à cette saison, le vétérinaire est venu mi-novembre castrer un groupe de jeunes mâles destinés au loisir.
C’est une intervention brève, qui se réalise sur l’alpaga debout, légèrement sédaté et avec anesthésie locale. Un antidouleur/anti-inflammatoire et un antibiotique préventif (pénicilline) sont administrés avant l’intervention.
Certains mâles montrent un peu d’inconfort pendant quelques heures après dissipation de l’anesthésie locale, mais au bout de 24h ils sont revenus à leur comportement normal, tout est oublié.

Après quelques jours de surveillance de la cicatrisation, ils pourront partir comme alpagas de compagnie faire le bonheur de leur nouvelle famille sans développer, en arrivant à l’âge adulte, les comportements bagarreurs parfois très violents typiques des mâles entiers. Et, en bonus, leurs dents de combat ne se développeront pas, ce qui supprime également un souci majeur pour le propriétaire qui n’a pas toujours un tondeur ou un vétérinaire prêt à limer ces crocs potentiellement dangereux qui sortent à partir de 24-30 mois sous l’effet des hormones.

Alors pourquoi si peu d’éleveurs proposent-ils des mâles castrés ?
La réponse est évidente : un mâle ne doit pas être castré avant ses 12 mois au minimum, voire plus si son développement est jugé insuffisant. Donc castrer sur l’élevage représente un délai de mise en vente considérable, un coût et une prise de responsabilité que peu d’éleveurs ont envie d’assumer.
Et d’une certaine manière c’est hélas compréhensible, puisque un mâle castré de 15 mois sain, suivi et bien éduqué ne se vend pas mieux ni plus cher qu’un cria de 6 mois tout juste sevré et non éduqué… Pour ceux que l’éthique n’étouffe pas, le calcul de rentabilité est vite fait, d’autant que souvent l’objectif est de vendre les crias au plus vite afin de vider les prés pour la tournée suivante ! Alors pensez-vous, il faut être stupide pour garder des jeunes jusqu’à 14/18 mois en moyenne, investir de l’argent et beaucoup de temps pour les nourrir, les soigner, les éduquer, les castrer. Sans parler de la responsabilité que cela représente, car le risque de perte n’est pas inexistant pendant ces mois de croissance du jeune mâle.
Tout ça pour au final les vendre au même prix que le cria de 6/8 mois, voir moins, parce que (et c’est ubuesque) beaucoup d’acheteurs considèrent alors que le mâle étant castré ne vaut plus rien puisqu’il n’a plus de potentiel reproducteur…

Et je ne parle pas des pseudo-éleveurs qui arrachent le cria sous la mère sans sevrage, sans certificat vétérinaire, sans puçage évidemment, et le déposent manu militari dans la fourgonnette de l’acheteur contre espèces sonnantes et trébuchantes. Ni vu ni connu, pas de traçabilité, aucune responsabilité vis-à-vis de l’acheteur puisque ni contrat ni facture… Tout bénéf’. Alors castrer, pensez-vous, quelle idée stupide !

Et bien sûr pour contrer ceux qui préconisent de castrer les alpagas destinés au loisir chez des particuliers ou pour des activités de visite ou de médiation, certains argumentent que garder les mâles entiers ne pose pas de souci, que « chez eux », il n’y a aucun problème, que leurs clients n’en ont jamais eu non plus.
Ben voyons…
Sauf que des témoignages ces clients qui se retrouvent embarrassés par leurs mâles entiers devenus violents entre eux (voire vis-à-vis de l’humain car imprégnés car vendus trop jeunes sans les conseils d’éducation adaptés), j’en ai accumulé un bon paquet, c’est très loin d’être rare mais silence, il ne faut pas en parler, c’est pas bon pour le business.
A moins d’avoir un groupe important dans lequel l’agressivité est généralement diluée par le nombre, garder des mâles entiers adultes en duo ou trio génère souvent, tôt ou tard, des risques de bagarres impressionnantes et de blessures.

Et puis l’éthique de l’élevage, c’est aussi d’écarter de la reproduction des animaux porteurs de défauts congénitaux, de problèmes morphologiques sérieux (aplomb, dentition), voire de problème comportementaux (le tout souvent lié à de la consanguinité non contrôlée). Et on assiste au contraire à une course à la stupidité : puisque ce mâle a des défauts, on va brader son prix, donc surtout pas s’embêter à le castrer avant… Et le résultat, c’est que ce mâle se retrouvera à saillir des femelles à la chaine (regardez sur le Bon Coin les mâles proposés à la saillie par des particuliers ou pseudo-éleveurs… C’est à frémir).
L’autre jour je suis tombée, sur FB, sur les photos d’un type qui s’amuse à élever : il fait faire des crias à une malheureuse femelle affligée de « wry face », un souci congénital qui condamne le plus souvent le cria, incapable de se nourrir correctement. Cette femelle a eu la chance de survivre à cette difformité, mais en aucun cas elle ne devrait reproduire : l’hérédité de ce type de souci est avéré, cela ne ressortira pas forcément dans chaque cria, mais ils seront porteurs, et diffuseront le défaut à leur tour 🙁

Plus ça va, plus les gens s’improvisent éleveurs sans la moindre connaissance solide sur les alpagas et leurs particularités, et plus on voit des situations dramatiques. Mais bien sûr dès qu’on essaie d’en parler et d’avancer la notion d’éthique, on nous balance que notre seul but est en réalité de protéger notre marché : castrer un mâle, c’est éviter qu’il reproduise chez quelqu’un d’autre.
Ben… Oui, c’est exact, et ça fait partie de l’éthique de l’éleveur et de son sens des responsabilité d’agir ainsi, comme dans le monde des chiens, des chats ou des chevaux !
Si je juge qu’un mâle peut faire un bon reproducteur, il est vendu comme tel, et au prix d’un bon reproducteur, c’est simple, parce que j’ai investi de l’argent pour acheter des parents de qualité et gérer mes animaux au mieux sans lésiner sur les coûts d’élevage.
Si je juge que ce mâle n’est pas assez bon pour reproduire, ou qu’il n’y a pas assez de demandes d’éleveurs sérieux pour lui assurer une carrière dans un élevage correct, en effet il sera castré et vendu (à prix plus bas, souvent à perte hélas) comme alpaga de loisir. Mais en aucun cas il ne sera vendu entier à petit prix juste pour vider le pré,

L’éleveur qui brade ses mâles entiers, bons ou pas, scie la fragile branche sur laquelle il a déjà du mal à se tenir en équilibre : la plupart des acheteurs particuliers, des fermes pédagogiques, des pseudo-éleveurs qui veulent faire reproduire se fichent souvent de la qualité et de la génétique (et j’en ai eu quantité au téléphone ou dans des échanges par mail au fil des années) : ils veulent juste un mâle pas cher et des femelles encore moins cher pour produire des crias pas cher.
Et le cercle vicieux continue et la situation s’aggrave, et les alpagas en paient les conséquences…

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