L’ALIMENTATION

L'ALIMENTATION DE L'ALPAGA

© Christel CHIPON - 2018

L’alpaga a un métabolisme très efficace, forgé par la rudesse des conditions de vie dans les montagnes andines. Le risque est grand de mal le nourrir, parfois de trop le nourrir.

Le type de pâture offert aux alpagas dépend des zones géographiques, et est plus ou moins adapté à leurs besoins. Ici dans le Nord Ouest de la France, l’herbe des prés est souvent trop riche, trop humide une partie de l’année, et rarement assez variée. L’alpaga est fait pour une alimentation à base de fibres sèches, pauvres en protéines, mais riches en minéraux et oligo-éléments.

Il nous appartient donc de rééquilibrer l’alimentation de nos protégés : les lâcher dans une épaisse pâture de raygrass en pensant qu’ils ont tout ce qu’il leur faut est une erreur qui peut avoir des conséquences graves. Bien sûr une prairie naturelle aux herbes variées est mieux, mais pour une alimentation optimale, il faut :

* Fournir en permanence du fourrage de graminées de bonne qualité : même si l’alpaga semble un peu bouder le foin quand l’herbe est abondante, il a besoin de fibres sèches pour bien digérer : lui supprimer l’accès à la pâture la nuit, par exemple, l’oblige à consommer du foin et permet d’éviter des soucis digestifs (comme chez les bovins, l’herbe riche, surtout en début de printemps, peut provoquer des acidoses).

Attention, les foin de luzerne ou de trèfle ne sont pas adaptés aux besoins des alpagas comme aliment principal. Toutefois le foin de luzerne, correctement rationné, est intéressant pour redonner de l’état aux femelles allaitantes ou aux animaux âgés.

* Eviter l’excès de compléments alimentaires : si l’herbe et le foin sont de bonne qualité, l’alpaga à l’entretien n’a pas besoin de complément alimentaire type granulés chevaux ou mouton. Pour une femelle en fin de gestation ou en lactation, et un jeune en croissance, l’apport de compléments peut être nécessaire, mais il doit être réfléchi, avec deux principes à respecter : choisir des granulés de petite taille (le risque d’obstruction oesophagienne par les granulés est élevé), et limiter la quantité, car l’estomac du camélidé n’est pas adapté pour dégrader correctement les granulés – surtout ceux qui ne sont pas formulés pour lui (ce qui pourrait être à l’origine de certains ulcères).

* Faire des apports de vitamines et oligo-éléments :  l’idéal est de donner un complément ‘spécial camélidés’, comme Camelibra (fabriqué en GB), Alpamin (fabriqué en Belgique) ou Kamelin (fabriqué en Allemagne), mais ils ne sont pas toujours faciles à obtenir en petites quantités en France. A défaut, un complément minéral pour bovin peut faire l’affaire pour des alpagas à l’entretien. Mais attention de ne pas compter uniquement sur les blocs à lécher, car lamas et alpagas ne peuvent sortir la langue pour consommer suffisamment, ils doivent « téter » le bloc, et certains ne s’y intéressent pas.

Ces apports en vitamines peuvent se faire ou être complétés par des produits vétérinaires en injection ou en gel oral. C’est notamment le cas pour les vitamines AD3E à apporter en hiver, ou la vitamine B ont la carence est fréquente.

* Apport de sel : comme pour beaucoup d’animaux, mettre un bloc de sel pur à disposition est conseillé. Un animal en carence de sel saura le téter, à défaut de le lécher, pour satisfaire son besoin de sel.

* L’eau : l’alpaga est un petit buveur, son organisme tire partie très efficacement de l’eau présente dans ses aliments, mais il doit avoir de l’eau à disposition en permanence, et surtout de l’eau propre, fraîche, dans des récipients régulièrement nettoyée (souvent il préfèrera s’abstenir de boire si l’aspect ou l’odeur de l’eau ne lui plaît pas). Proposer des abreuvoirs automatiques à flotteur est une bonne solution.

Attention aux bacs d’eau en saison chaude : les alpagas adorent se tremper les pattes, et ils ont vite fait de salir leur eau, qu’ils boudent ensuite.

* Quelles friandises ? l’alpaga met souvent beaucoup de temps à accepter la notion de friandise donnée à la main, et boude souvent ce qu’il ne connaît pas. L’habituer à prendre à la main de petites récompenses (morceaux de carotte ou de pomme, carrés de tourteau de lin…) peut être très utile pour faciliter son éducation et sa désensibilisation (surtout pour l’éducation au clicker), mais attention à ne pas l’habituer à des aliments nocifs comme du sucre.

* Les dangers alimentaires à éviter :

  • attention à la taille et la quantité des granulés, et à l’excitation des animaux pendant la distribution : le risque de bouchon oesophagien est très élevé chez les petits camélidés, et peut être mortel.
  • attention aux plantes toxiques dans les pâtures et dans les haies. La liste est la même que celles pour les chevaux, les plantes mortelles les plus courantes à éviter absolument sont les lauriers (sauf laurier-sauce), le buis, toutes les plantes d’ornement de manière générale, l’if et le thuya. Une herbe toxique de plus en plus fréquente dans les herbages est le séneçon jacobée (photo ci-contre), bourré d’alcaloïdes, que les animaux ne consomment pas sur pied mais qui, séché et invisible dans le foin, devient un poison lent qui détruit le foie par accumulation.
  • ne jamais donner de déchets de potager, de taille d’arbustes ou de tonte de gazon. Attention aux voisins et aux promeneurs qui se mèlent de nourrir vos animaux en leur donnant leurs déchets de jardinage, de cuisine ou leur reste de pique-nique ! Les cas d’intoxication mortelle sont hélas nombreux.

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Articles récents

Réflexion d’automne

Ce bel été indien, venteux mais lumineux, est propice à la réflexion.
Même depuis ma ferme perdue au fond de la campagne, je ressens et subis, comme tout le monde, les sursauts et les aberrations de ce monde malade qui s’agite. Est-ce le fait d’avoir fêté (?) mes 60 ans cet été qui me conduit à me sentir de plus en plus déconnectée de cette société qui semble foncer droit dans le mur ? Jamais je n’ai été aussi soulagée d’avoir pris mes distances avec ma « vie d’avant », d’avoir adopté un quotidien simple et frugal, au milieu des animaux et à leur service, dans une relative autonomie et surtout une indépendance de gestion de mon temps et de mes décisions – même si, en contrepartie, je rame au quotidien et ne peux plus depuis des années m’offrir le luxe de ces loisirs que j’aimais autrefois (randonner, voyager, découvrir…). Et même si, hélas, des liens familiaux et amicaux se sont trouvés fortement distendus (mais d’autres se sont créés).

Il m’a fallu arriver à cette 6e décennie réaliser à quel point mon mode de vie, malgré ses difficultés et ses incertitudes, correspond à mes aspirations profondes, et que vouloir en changer, comme j’y songeais encore il y a peu, n’a pas de sens, si ce n’est répondre à un découragement en bonne partie insufflé par d’autres !
Avoir une autonomie de vie, de pensée et d’action au quotidien, c’est un luxe qui n’a pas de prix. Ça déplaît forcément à certains, en témoigne la méchante diffamation publique dont j’ai été victime cet été (voir articles d’août), par un individu qui cherchait à me discréditer auprès du petit monde de l’alpaga. Mais monsieur J. peut manger son chapeau, parce que finalement son ignoble attaque a eu pour moi des conséquences plus que bénéfiques !
Bénéfiques tout d’abord par les soutiens que j’ai reçus et l’échec de ses manoeuvres.
Bénéfiques ensuite parce que ça a été pour moi un incroyable déclic pour réfléchir, prendre un recul salutaire et envisager cette décennie qui commence de manière différente et, bizarrement, avec une sérénité retrouvée ! J’étais profondément découragée et décidée à arrêter l’élevage sous 2 ou 3 ans pour quitter ce milieu de faux-semblants, d’hypocrisie, les pseudo-éleveurs pour qui le bien-être animal qui n’est qu’un discours sans substance, ou d’autres qui ne pensent qu’au fric et à leur réputation. Mais à présent mes objectifs ont changé… Merci monsieur J., votre méchanceté, finalement, m’a été bien utile. C’est plutôt ironique, non ?  😉

Je poursuis tout de même la réduction de taille de mon cheptel, afin de diminuer ma charge de travail physique et me dégager du temps pour les stages et la laine, mais je suis remotivée pour maintenir l’élevage (sauf si la vie me contraint à d’autres choix). Il y a aussi dans ce milieu des gens bien, des éleveurs consciencieux, des personnes sincères et motivées, et je vais continuer à me battre à leurs côtés pour le bien-être de nos chers alpagas. Je vais continuer à transmettre – avec mes moyens et à ma façon – mes compétences et connaissances acquises au fil des années, c’est une richesse dont je suis fière.

C’est grisant de pouvoir penser, dire et écrire cela librement, c’est comme si une charge mentale s’était envolée, tout est clair désormais pour moi ! La bave de certains va sans doute continuer à couler à flot, mais désormais je les ignore et les ignorerai, pour me consacrer sereinement à ce que je crois être bien et pouvoir faire bien, en toute transparence et honnêteté 😉
Finalement la soixantaine a du bon 🙂

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