LES NAISSANCES

GÉRER les NAISSANCES

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Nausicaa, née le 5 mai 2015 – Debout moins de 5 minutes après la naissance, un record !

La gestation dure de 11 à 12 mois chez une alpaga, de 11,5 à 13 mois chez une lama : la patience est donc de rigueur !

LA MISE-BAS :

Le bébé (appelé cria) naît presque toujours en journée, entre 10h et 16h, et par temps clément. L’atavisme explique ces naissances méridiennes : d’une part la mère ne peut pas lécher son petit, donc le cria dans la nature doit pouvoir sécher naturellement au soleil avant d’affronter le froid de la nuit; et d’autre part dans les montagnes des Andes (dont les alpagas sont originaires) les prédateurs de petits camélidés (les pumas surtout) chassent au crépuscule, heure à laquelle le jeune doit déjà pouvoir tenir solidement sur ses pattes pour ne pas servir de dîner.

Ceci dit, il y a des exceptions à toute règle : des naissances surviennent parfois tôt le matin, tard le soir, voire la nuit (ce dernier cas étant exceptionnel et le plus souvent lié à des dystocies), et parfois sous la pluie… Une surveillance permanente est donc indispensable.

Naissance alpaga

2014 – J’aide PAM à mettre bas car une patte du cria est coincée au niveau du coude

P1110048 (Large)Pour mettre bas, la femelle reste le plus souvent debout, dehors, au milieu du troupeau attentif et protecteur. 

La naissance est rapide quand tout se passe bien. Il est assez rare d’avoir à intervenir pour une dystocie grave, mais aider un peu la mère quand la mise-bas est longue et difficile permet de limiter sa fatigue et celle du cria, et aussi d’éviter le risque d’hypoxie pour le bébé.

Naissance alpaga

2016 – Le premier cria de LIKYIA est très gros, elle a du mal à le faire passer, j’aide en tirant doucement à chaque contraction.

 

Voici la vidéo de la naissance du petit NÉRYS, le 30 septembre 2015 :

LES PREMIERS SOINS :

Les premiers soins au nouveau-né consistent en une série de gestes juste après la naissance :

  • vérifier qu’il respire bien et que sa bouche est dégagée (passer un doigt dans la bouche)
  • vérifier son intégrité (absence de malformation)
  • désinfecter le cordon ombilical dans un bain de teinture d’iode
  • injecter un peu de vitamines AD3E et du Biodyl (Selenium) pour booster son immunité.

Si la météo n’est pas très bonne, frotter avec une serviette pour accélérer le séchage est une bonne chose. S’il fait venteux et humide, il ne faut pas hésiter à rentrer le bébé avec sa mère, le réchauffer au sèche-cheveux et le couvrir d’un manteau adapté.

Le port du manteau est conseillé les premiers jours si le temps est humide ou venteux (il existe des manteaux pour alpagas, mais les manteaux pour chiens conviennent très bien – taille 35 à 40cm pour un nouveau-né).

LE COLOSTRUM :

Il est important de surveiller la première tétée pour s’assurer que le cria absorbe le colostrum indispensable à sa bonne santé. Le défaut de colostrum entraînerait l’échec du transfert d’immunité de la mère au petit, qui se fait exclusivement via le colostrum, et non au cours de la gestation comme dans certaines espèces.

Ici traite de Telulah en 2014 : son cria Magan refuse de téte

Si le cria n’a pas assez de forces pour téter, n’a pas le réflexe, ou si sa mère ne le laisse pas faire (fréquent chez les primipares qui se demandent ce qui leur arrive), il faut intervenir, car la prise du colostrum dans les 12 premières heures (idéalement le plus tôt possible après la naissance) est vitale pour le cria.

Il ne faut pas hésiter à traire la mère pour recueillir ce précieux premier lait (60ml minimum en plusieurs traites rapprochées si nécessaire), et le faire prendre au cria avec une seringue drogueuse ou, mieux, un biberon, qui va déclencher le réflexe de succion.

Une sonde stomacale est parfois nécessaire en cas d’absence de réflexe de succion, ou pour un cria trop faible (j’ai eu à le faire pour deux naissances, c’est un peu stressant, mais beaucoup moins compliqué qu’il n’y paraît)

Si le cria ne peut absorber de colostrum (notamment si la mère n’a pas de lait), du colostrum de substitution peut être utilisé. L’idéal est d’avoir au congélateur du colostrum prélevé sur d’autres femelles lors de naissances précédentes, ou du colostrum de chèvre ou de vache.

Faire préparer du plasma par son vétérinaire en cas d’échec du transfert d’immunité devrait devenir une habitude en France comme ça l’est en Angleterre : dans certains cas , seule l’injection de plasma peut sauver la vie du cria et éviter la septicémie foudroyante. La mesure du taux d’IgG permet d’évaluer le besoin de transfusion.

SURVEILLANCE DES 1ères 24h :

Côté soins, si tout va bien je ne fais rien de plus après la naissance pour laisser le lien maman/bébé se faire.
Surtout il faut éviter de céder à l’envie de manipuler et de cajoler le cria, pour ne pas créer d’imprégnation.

Je m’assure régulièrement que le cria tète bien, et qu’il n’y a pas de saignement ou de fuite d’urine au niveau du cordon ombilical.
Ces deux soucis sont arrivés plusieurs fois sur l’élevage, et il faut intervenir très vite : avec une hémorragie, il faut clamper le cordon, et en cas de fuite d’urine (persistance du canal de l’ouraque) il faut assécher régulièrement à la teinture d’iode, et parfois faire une couverture antibiotique car le risque d’infection généralisée est très élevé. Une opération chirurgicale peut être nécessaire.

FAIRE UNE COURBE DE POIDS :

L’idéal est de peser le cria le 1er jour pour pouvoir surveiller sa courbe de poids (il est normal qu’il perde un peu de poids le 2e et 3e jour, mais ensuite le gain doit être régulier). Un cria pèse en principe entre 6 et 10kg à la naissance. En-dessous de 5kg, il est considéré comme à risque et il faut une attention et des soins accrus (le petit Oméga ci-dessus – le cria gris avec le manteau – pesait seulement 4,3kg à la naissance et avait souffert d’hypoxie, un vrai challenge !)

Reste ensuite à savourer le plaisir de voir ce nouveau petit être s’ébattre dans le troupeau… et à lui trouver un nom 😉

***

Souvenirs…  ETAPES D’UNE NAISSANCE : Kiwi, petit mâle gris, le 04/09/2012 :

11h48 : la tête et les pattes du cria apparaissent.

11h48 : la tête et les pattes du cria apparaissent.

Naissance alpaga

GILLIAN ne semble pas inquiète. Ce n’est pas son premier petit, elle sait ce qui lui arrive.

Naissance alpaga

Gillian marche pour accélérer la mise-bas

Naissance alpaga

11h50 : le cria est presque entièrement sorti.

Naissance alpaga

Naissance…

Naissance alpaga

11h51 : le bébé est au sol.

Naissance alpaga

Les autres femelles flairent le bébé, mais la mère s’en désintéresse tant qu’il n’essaie pas de se lever pour téter.

Niassance alpaga

13h45 : le petit Kiwi essaie enfin de se lever. La naissance rapide l’a épuisé.

Naissance alpaga

14h17 : le petit bonhomme commence à gambader.

Tout va bien.

Tout va bien.

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Articles récents

Réflexion d’automne

Ce bel été indien, venteux mais lumineux, est propice à la réflexion.
Même depuis ma ferme perdue au fond de la campagne, je ressens et subis, comme tout le monde, les sursauts et les aberrations de ce monde malade qui s’agite. Est-ce le fait d’avoir fêté (?) mes 60 ans cet été qui me conduit à me sentir de plus en plus déconnectée de cette société qui semble foncer droit dans le mur ? Jamais je n’ai été aussi soulagée d’avoir pris mes distances avec ma « vie d’avant », d’avoir adopté un quotidien simple et frugal, au milieu des animaux et à leur service, dans une relative autonomie et surtout une indépendance de gestion de mon temps et de mes décisions – même si, en contrepartie, je rame au quotidien et ne peux plus depuis des années m’offrir le luxe de ces loisirs que j’aimais autrefois (randonner, voyager, découvrir…). Et même si, hélas, des liens familiaux et amicaux se sont trouvés fortement distendus (mais d’autres se sont créés).

Il m’a fallu arriver à cette 6e décennie réaliser à quel point mon mode de vie, malgré ses difficultés et ses incertitudes, correspond à mes aspirations profondes, et que vouloir en changer, comme j’y songeais encore il y a peu, n’a pas de sens, si ce n’est répondre à un découragement en bonne partie insufflé par d’autres !
Avoir une autonomie de vie, de pensée et d’action au quotidien, c’est un luxe qui n’a pas de prix. Ça déplaît forcément à certains, en témoigne la méchante diffamation publique dont j’ai été victime cet été (voir articles d’août), par un individu qui cherchait à me discréditer auprès du petit monde de l’alpaga. Mais monsieur J. peut manger son chapeau, parce que finalement son ignoble attaque a eu pour moi des conséquences plus que bénéfiques !
Bénéfiques tout d’abord par les soutiens que j’ai reçus et l’échec de ses manoeuvres.
Bénéfiques ensuite parce que ça a été pour moi un incroyable déclic pour réfléchir, prendre un recul salutaire et envisager cette décennie qui commence de manière différente et, bizarrement, avec une sérénité retrouvée ! J’étais profondément découragée et décidée à arrêter l’élevage sous 2 ou 3 ans pour quitter ce milieu de faux-semblants, d’hypocrisie, les pseudo-éleveurs pour qui le bien-être animal qui n’est qu’un discours sans substance, ou d’autres qui ne pensent qu’au fric et à leur réputation. Mais à présent mes objectifs ont changé… Merci monsieur J., votre méchanceté, finalement, m’a été bien utile. C’est plutôt ironique, non ?  😉

Je poursuis tout de même la réduction de taille de mon cheptel, afin de diminuer ma charge de travail physique et me dégager du temps pour les stages et la laine, mais je suis remotivée pour maintenir l’élevage (sauf si la vie me contraint à d’autres choix). Il y a aussi dans ce milieu des gens bien, des éleveurs consciencieux, des personnes sincères et motivées, et je vais continuer à me battre à leurs côtés pour le bien-être de nos chers alpagas. Je vais continuer à transmettre – avec mes moyens et à ma façon – mes compétences et connaissances acquises au fil des années, c’est une richesse dont je suis fière.

C’est grisant de pouvoir penser, dire et écrire cela librement, c’est comme si une charge mentale s’était envolée, tout est clair désormais pour moi ! La bave de certains va sans doute continuer à couler à flot, mais désormais je les ignore et les ignorerai, pour me consacrer sereinement à ce que je crois être bien et pouvoir faire bien, en toute transparence et honnêteté 😉
Finalement la soixantaine a du bon 🙂

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