Malgré la canicule qui pousserait bien à prendre un livre pour se prélasser à l’ombre d’un chêne, les travaux ne s’arrête pas avec l’été sur la ferme, loin de là !
Le foin à peine terminé il faut, comme chaque année entre mi-juin et mi-juillet, s’attaquer au nettoyage des parcelles pâturées, car les alpagas délaissent de nombreuses adventices qui prolifèrent et deviennent invasives si on ne les élimine pas (on peut le voir sur cette photo prise dans la pâture des femelles suitées le 8 juillet !), et entretenir les haies qui débordent elles aussi de plantes gênantes.
Comme je fonctionne sans aucun traitement chimique sur mes sols, tout ce nettoyage se fait de façon manuelle : arrachage soigné de certaines espèces qu’on veut éviter de laisser grainer sur les sols (parelles, seneçons) ; coupe aux cisailles ou au sécateur pour les haies ; broyage mécanique à la débroussailleuse portée (à lame et à fil) pour les bordures de champ et au gyrobroyeur attelé au tracteur pour les pâtures…
Et croyez-moi, ce sont des heures et des heures de travail pour parcourir une bonne dizaine d’hectares et nettoyer des centaines de mètres de haies !
Entre autres, les étapes du travail consistent à :
– faucher les orties, que les alpagas adorent venir dévorer une fois qu’elles sont à terre (j’entretiens volontairement des zones de pousse d’orties, car ces plantes riches en minéraux sont un excellent apport pour les animaux)
– arracher, pied par pied, à la main, les envahissantes parelles (ou rumex). Plantes certes supposées favorables à l’aération des sols, mais dont les graines très résistantes ont vite fait de transformer une prairie en jachère irrécupérable si on n’y prend garde. Cet arrachage est épuisant, car ces herbes ont de longues racines pivotantes, et il faut parfois juste se résigner à couper la tige à la base, juste pour l’empêcher de grainer.
– repérer et arracher avec soin le séneçon jacobée, qui pousse de façon complètement aléatoire en pieds isolés, reconnaissable à sa longue tige violacée, ses feuilles dentelées et ses fleurs jaunes bien découpées. Cette plante toxique prolifère sur les bords de routes sans que l’on s’en inquiète, et colonise ensuite les champs avoisinants grâce au vent ou transportée par les véhicules agricoles 🙁 Les alpagas ne la consomment pas sur pied, mais, comme les éleveurs équins, j’ai la hantise de la voir se développer sur mes prairies, et d’en retrouver dans le foin, car la dessication augmente sa toxicité, les alcaloïdes qu’elle contient détruisent progressivement le foie de manière irréversible.
Pour info, je stocke soigneusement parelles et seneçons dans de grands bacs que j’amène à la déchetterie : les graines de parelles, par exemple, résistent des dizaines d’années, même à la sécheresse et au compostage !
– inspecter toutes les clôtures bordées de haies pour éliminer les débordements de ronces et d’aubépines au-dessus et entre les mailles des grillages : le but est de maintenir la haie en retrait du grillage, mais aussi de protéger les alpagas qui peuvent, avec la repousse de leur laine en automne, être piégés par ces longues ronces aux épines agressives en se les entortillant autour de la tête et du cou et, dans des cas extrêmes, pour les jeunes surtout, s’étrangler.
– organiser un broyage méthodique des boutons d’or, de la porcelle, de diverses herbes non souhaitées, mais surtout des chardons, incroyablement nombreux cette année. Le chardon ne présente aucune toxicité, bien au contraire : cette plante a de nombreuses vertus médicinales, mais elle n’est pas consommée sur pied par les animaux, et ses graines qui peuvent être disséminées par le vent à des kilomètres de distance la rendent terriblement invasive pour les prairies et sols cultivés, au point que le code rural fait obligation de couper les chardons avant mi-juillet.
Ouf, je peux écrire tout ça maintenant parce que cette partie-là du travail est (presque) terminée pour cette année ! Mais vous imaginez bien que faire tout ça sous les chaleurs extrêmes que l’on subit actuellement, avec mon petit matériel, n’est pas de tout repos (pas de tracteur à cabine ventilée et climatisée, ici : mon tracteur a le même âge que moi( hum) et il n’a même pas de cabine !!! J’ai l’impression d’avoir passé une semaine enfermée dans une cabine à UV !
Et bien entendu, l’été c’est aussi la réfection des grillages abîmées par ces chers alpagas qui adorent se jeter dedans latéralement pour se gratter…
Et c’est le ré-aménagement perpétuel des bâtiments pour améliorer en permanence le confort de ces messieurs-dames…
Dernier travail en date : la dalle de béton que je promettais depuis des mois aux p’tits gars pour leur écurie où l’eau s’infiltre à chaque grosse pluie : une vingtaine de m² (13 sacs de ciment, plus de 150 seaux de sable et de gravier remplis et vidés dans ma petite bétonnière, une quarantaine de brouettes de béton charriées… Merci à mes aides qui ont trimé dans la chaleur en ce 14 juillet !)