Bilan 2021

Au rythme où je complète les actualités de ce Blog depuis quelques mois, cet article risque fort d’être le dernier de 2021 ! Alors j’en profite pour un petit bilan pêle-mêle de cette année en demi-teinte et bien compliquée…

Le contexte général, pas la peine que je le décrive, tout le monde est dans le même bateau de cette folie Covid et d’un monde qui change à vitesse grand V, avec une société dont l’évolution me semble à la fois fascinante et effrayante. Plus que jamais je suis contente de mener cette vie isolée au fond de mon coin de campagne, loin, très loin de l’agitation ambiante, mais où Internet me permet évidemment de ne pas perdre le fil des événements.

Au niveau de l’élevage, l’année a été usante physiquement et moralement, avec une succession de problèmes incompréhensibles autour des mise-bas : torsions utérines à répétition, dystocies, crias au biberon… Je n’ai jamais vu une telle accumulation de coups du sort en 10 ans d’élevage ! Heureusement l’expérience acquise m’a permis de contrarier ce sort plus d’une fois cette saison, mais j’ose espérer que la loi des séries est satisfaite de s’être déchaînée sur ma petite ferme, d’avoir éprouvé ma résistance, et me laissera plus tranquille à l’avenir, car je ne me sens plus la force de revivre une année pareille 🙁

Sur un plan positif, cette saison semée d’embûches m’a aussi offert de magnifiques crias très prometteurs, mâles et femelles à égalité 🙂 

Et cette année a été plus riche que jamais de rencontres passionnantes, avec les clients venus m’acheter des animaux, ainsi qu’avec les participants aux stages que j’ai proposés tout au long de l’année (stages qui ont quasiment tous affiché complet, et où sans exception l’ambiance de travail a été conviviale et sympathique) !

Ces rencontres sont importantes pour moi, car elles rompent mon isolement géographique et social, et la plupart du temps je garde d’excellents contacts, voire des liens amicaux, avec clients et stagiaires. Je reste à disposition permanente pour le suivi des animaux, et pour les questions qui peuvent venir après les stages, notamment sur les techniques de travail de la laine. J’adore recevoir des nouvelles des animaux vendus, des photos des réalisations faites avec mes laines, des travaux de filages faits par mes anciens stagiaires, et bien sûr des activités professionnelles créées par les uns ou les autres suite aux formations faites chez moi (c’est une énorme satisfaction, vous vous en doutez).

Hélas, comme ça arrive à tous les éleveurs, certains acheteurs (rares, heureusement) ne me voient que comme une source d’infos open bar permanente et gratuite : ces clients-là ne font surtout pas mention de l’éleveur de leurs animaux sur les réseaux et du suivi que je leur apporte, ne font pas l’effort d’un avis sur leur expérience auprès de moi, mais en revanche ils n’hésitent pas à abuser de la situation par des exigences d’infos et de conseils bien au-delà du suivi des animaux acquis … Parfois il faut mettre le holà et faire comprendre que la disponibilité a des limites, et là c’est mal perçu, je deviens la méchante 🙁

Je m’efforce pourtant d’être disponible 24h/24 pour toute demande urgente concernant les animaux, même s’ils ne viennent pas de chez moi, c’est déjà beaucoup de temps offert chaque semaine. Je participe aussi activement aux forums spécialisés.

Mais est-ce difficile à comprendre qu’être éleveur professionnel et publier beaucoup d’infos sur mon site ne signifie pas que je suis pour autant à disposition de chacun pour la moindre demande ayant plus ou moins trait aux petits camélidés ou au travail de la laine ? Je dois me préserver, et de plus en plus, car à mesure que les années passent la fatigue s’installe… Je suis seule sur la ferme pour assurer toutes les tâches de A à Z, et je consacre beaucoup de temps et d’énergie à acquérir et compléter ces connaissances professionnelles qu’on me demande ensuite d’offrir sur un plateau indifféremment par téléphone, par mail, par SMS, par Messenger… C’est frustrant et usant d’être sollicitée pour répondre à de longues listes de questions, par écrit ou par téléphone, soumises par des inconnus parfois à peine polis dans leur demande, ou pour répondre à des questions basiques qu’une simple recherche sur Google aurait élucidée, et dont les réponses sont souvent déjà sur mon site…

C’est pourquoi j’envisage (sur les conseils avisés d’amis et de proches), de proposer bientôt un service de conseils payants, par téléphone ou en visio, selon les besoins. Cela me permettra de prendre le temps nécessaire pour répondre de manière détaillée aux questions relatives à l’élevage d’alpagas ou au travail de la laine (sauf bien sûr celles relevant du suivi ds animaux vendus, d’urgences, ou d’échanges de compétences entre éleveurs pro).

Après tout, quand j’ai besoin d’aide en informatique, je souscris à un forfait de formation auprès d’un entrepreneur en conseil à distance : je paie son temps de travail et ses compétences, et c’est tout à fait normal ! Pourquoi devrais-je offrir (souvent sans remerciement en retour) mes propres connaissances professionnelles parfois si chèrement acquises ?

 

 

Été indien

Chaque année je me dis qu’à l’automne, une fois les naissances terminées, j’aurai davantage de temps pour me consacrer aux travaux d’entretien de la ferme, au travail de la laine, aux déplacements que je reporte sans cesse…

Et puis chaque année à l’automne, le temps disponible semble se réduire, à l’aune de la durée du jour…

ROSÉE et son adorable THALIE, dernier cria de l’année

Plus de naissances pour cette année, certes (la dernière a eu lieu mi-octobre, ma belle Rosée a tenu à me faire patienter avant de me laisser découvrir l’adorable petite femelle blanche qu’elle concoctait), mais une multitude de travaux tous plus urgents les uns que les autres, en particulier sur les clôtures : 10 ans, c’est la moyenne de durée vie des piquets dans dans ce sol argileux… Et comme la plus grande partie des clôtures ont été posées à l’installation, tout se trouve à refaire en même temps.

Donc depuis 2 ans, ma priorité à l’automne et au printemps est de reprendre les clôtures, parc après parc. Sans main d’oeuvre et sans gros matériel, avec juste une cloche pour enfoncer les nouveaux piquets, autant dire que c’est un travail de longue haleine et épuisant. Mais je n’ai pas le choix.

Et comme chaque automne aussi, avec les accès de mauvais temps, des problèmes ou des insuffisances se révèlent au niveau des abris et des bâtiments : courants d’air, protection insuffisante, infiltration d’eau quand il pleut fortement… Il faut y remédier au cas par cas, pour le confort des animaux… Je sais ce que seront mes travaux hivernaux cette année ! Moi qui espérais pouvoir enfin me consacrer à des améliorations à l’intérieur de la maison, ce sera encore reporté 🙁  Je viens de passer le week-end dernier à remanier les pignons de l’écurie des filles, profitant de ce qu’il n’y avait pas de stage.

Car cette automne est aussi ponctuée par un nombre inhabituel de stages de 1 ou 2 jours : rattrapage des stages reportés par le COVID en 2020 et début 2021, mais aussi forte demande, aussi bien pour les stages de découverte des alpagas que pour les stages laine. Bien sûr je ne vais pas m’en plaindre : j’adore ces week-end d’échange et de convivialité, occasion de rencontres étonnantes et passionnantes. Ces journées de stage finissent souvent bien au-delà des horaires établis, et en conséquence je dois assurer les soins aux animaux très tôt et très tard dans la journée, et j’ai aussi un gros travail de nettoyage des écuries les lundis après les stages. C’est un rythme épuisant, mais tant que physiquement et moralement je m’en sens capable, je continue.

Et pour terminer avec les animaux, puisqu’ils sont le coeur de l’activité, sa raison d’être et aussi ma raison de vivre, il me fallait cet automne décider des alpagas à proposer à la vente. Des décisions toujours très difficiles à prendre. Si je le pouvais, je ne vendrais aucun d’entre eux, je le répète souvent. Mais je suis éleveur, j’ai des charges à payer, je dois vivre de mon activité… Je ne fais naître qu’un nombre d’animaux correspondant aux besoins de mon activité, je ne cherche surtout pas à multiplier les naissances, à produire inutilement et à vendre pour vendre, et par bonheur je travaille avec une clientèle qui s’informe, prend très au sérieux la qualité de vie à apporter aux alpagas, et mes loulous sont bien partout où ils vont, c’est essentiel pour moi.

Les partants de cette fin d’année sont les jeunes mâles que j’ai fait castrer à l’automne, tous à destination loisir dans de très bonnes maisons (en Vendée et en Aveyron), et des jeunes femelles qui partent rejoindre un élevage dans l’Allier. Pour les autres, on attendra le printemps 🙂

SAXO de la Montagne, né en juillet 2019, fils d’ARTEMIS du Fontenelle : un jeune entier très prometteur

Et je n’oublie pas de présenter le petit nouveau dans l’élevage, une arrivée imprévue liée à un concours de circonstances, mais tout à fait bienvenue : le magnifique Saxo de la Montagne, mâle de 2 ans 1/2 aux origines excellentes (fils du triple suprême champion Artémis du Fontenelle), qui je l’espère pourra commencer sa carrière de reproducteur au printemps 2022 🙂

 

Déjà l’automne…

Comme toujours le temps file trop vite, mon dernier post date déjà de 5 semaines et l’été s’est envolé dans la pluie et la tempête de ces derniers jours… Difficile de tenir le site à jour avec les travaux qui m’accaparent sur la ferme, je n’en vois jamais le bout !

TAZZ, le bébé de Reine, né à 10 mois 1/2 : une minuscule crevette de 4,1kg !

Les naissances sont presque terminées, je n’attends plus que Rosée qui s’offre le plaisir d’une gestation de longueur classique, alors que Tazz, le cria de Reine dont la gestation a pourtant débuté le même jour que Rosée, a fêté hier ses 15 jours ! Mais ce petit bonhomme était très prématuré et sa survie n’était pas assurée pendant les 2 premiers jours. Alors à tout prendre je préfère patienter et avoir un cria à terme et d’un poids viable, il y a déjà suffisamment de soucis potentiels autour des mise-bas. Surtout cette année !

L’automne, ce sont aussi les stages qui reprennent : stages de découverte de la laine, et stages sur les alpagas. Toujours de très bon moments 🙂 Je retrouve le plaisir de transmettre (eh oui, 25 ans d’enseignement, ça laisse des traces…), et j’ai la chance, depuis 6 années que je propose ces formations sur la ferme, de n’avoir reçu que des personnes motivées et sympas, d’avoir vécu de belles expériences et même d’avoir lié des amitiés !

Le dernier week-end de septembre, par exemple, chouette stage de deux jours sur les alpagas (découverte et approfondissement), avec 7 participants. La météo capricieuse a juste impliqué quelques changements dans l’ordre du programme pour passer entre les gouttes pour les activités en extérieur.

Je place la plupart de mes stages en début de printemps et à l’automne afin de ne pas trop empiéter sur la saison des naissances, car il est compliqué de consacrer des journées entières aux stagiaires quand les mamans et les bébés demandent une attention accrue. Étant seule sur la ferme, je ne peux être partout en même temps et je dois donc privilégier les activités d’élevage entre fin avril et mi-septembre. Raison pour laquelle aussi je ne fais quasiment plus de visites de simple découverte de la ferme, car les demandes sont concentrées sur la période où il m’est difficile d’être disponible, et c’est très chronophage.

Mais c’est parfois difficile de faire accepter ces contraintes aux personnes qui souhaitent visiter, de leur faire comprendre que je tiens un élevage et non un zoo ou un parc d’attraction pour les enfants… Il m’arrive même parfois de me faire agresser verbalement parce que je ne peux faire visiter mon élevage à la demande ! Drôle de monde quand même 🙁

 

 

 

 

Triste jour

Pour les amoureux des alpagas, ce 31 août a été un triste jour : Géronimo, magnifique alpaga noir symbole de la lutte contre les absurdités de l’administration au Royaume-Uni, est mort.
Il a été exécuté par les brutes épaisses de DEFRA (organisme dépendant du ministère de l’agriculture anglais), dans des conditions horribles.
Géronimo avait été testé positif à la TB en septembre 2017, via un test totalement inadapté pour les alpagas : ce test, conçu pour les bovins, est déjà susceptible de donner des faux positifs chez les alpagas (du fait de leur particularités physiologiques) quand il est pratiqué « dans les règles ». Or dans le cas du pauvre Géronimo, il a été pratiqué après 5 tuberculinations préalables en 18 mois (avant et après son exportation de Nouvelle-Zélande). La tuberculination cutanée est sensée « stimuler » la réaction au test sanguin… Avec 5 doses, le pauvre Géronimo allait forcément avoir un résultat positif, même les vétérinaires du collège Royal anglais en ont convenu !
Depuis 4 ans, Géronimo vivait en isolement chez sa propriétaire, un éleveur réputé. Il était en parfaite santé, et tous les recours administratifs et juridiques ont été tentés pour obtenir sa grâce. Sa propriétaire demandait simplement qu’un nouveau test soit effectué dans des conditions correctes, et elle se plierait au résultat  Il faut savoir qu’elle n’avait pas le droit de faire réaliser ce test à son compte, sans l’autorisation de DEFRA, sous peine de prison !!!
Hélas tous les recours ont été rejetés, malgré l’énorme soutien populaire apporté ces dernières semaines à la cause, dont une pétition de plus de 120000 signataires et l’appui de voix scientifiques dénonçant publiquement les conditions des tests de 2017.
Géronimo devait mourir avant le 4 septembre…
Ce 31 août ils l’ont exécuté dans des conditions ignobles, un véritable supplice pour l’animal et pour son entourage.
Une escouade de 30 policiers est venue encadrer des hommes de mains en combinaison ridicule chargés du sale boulot (impossible d’imaginer que ce soient des vétérinaires qui ont manipulé un alpaga de cette manière !).
Ils ont arraché Géronimo à sa propriétaire sous les yeux des journalistes et des témoins impuissants et révoltés.
Ils ont enroulé autour de ses naseaux un licol de fortune qui l’empêchait de respirer (cette horrible photo va hanter tous ceux qui connaissent un peu les alpagas et la fragilité de leur nez).
Ils ont traîné sans ménagement le pauvre animal terrifié et hurlant (les videos de la scène ont inondé FB), jusqu’à un van où ils l’ont chargé en force, et où ils l’ont attaché très haut à un anneau, avec ce licol qui lui coupait la respiration, l’empêchant de se coucher alors qu’un alpaga voyage toujours couché.
Géronimo est-il mort dans le van avant d’arriver à destination, à cause de ce traitement inhumain, comme beaucoup le supposent ? Comment l’ont-ils sacrifié sur l’autel d’une science truquée ? On ne peut qu’imaginer la terreur vécue par le pauvre animal dans ses derniers moments, aux mains de bouchers insensibles et cruels totalement incompétents pour manipuler un alpaga de manière éthique, même au moment de l’envoyer à la mort.
L’administration a ensuite refusé que la vétérinaire de la propriétaire ou un témoin neutre assiste à l’autopsie pour s’assurer que les résultats ne seraient pas trafiqués : voyons, DEFRA ne peut pas perdre la face en découvrant devant témoin que Géronimo n’a aucune lésion de TB en lui, n’est-ce pas ?  Tout le monde se doute bien que la conclusion des analyses sera truquée.
Pour les éleveurs et propriétaires d’alpagas (et de lamas), au-delà d’une triste histoire, c’est une menace considérable qui se dessine : alors qu’en France les alpagas sont considérés jusque là comme quantité négligeable, méconnus de l’administration, que personne ne se soucie de faire appliquer le peu de règlementation existante et que le grand n’importe quoi règne dans l’élevage, une directive européenne à venir prévoit d’imposer bientôt une obligation de test tuberculose sur les petits camélidés.
Or en France, actuellement, seule la tuberculination cutanée bovine est utilisable. Chez les petits camélidés, du fait de leur métabolisme spécifique, ce test donne allègrement faux positifs et faux négatifs. On le sait, l’administration le sait. Autant dire que ce test n’a aucune valeur, et surtout qu’il véhicule une menace considérable : selon notre législation, en cas de test positif sur un individu, c’est tout le troupeau qui est abattu en prévention ! Vous imaginez un peu ?
Partout l’administration et les politiques se protègent, en prétendant oeuvrer pour le bien commun. Ils se moquent royalement de massacrer allègrement des animaux sains, pour peu que les apparences soient sauvegardées et qu’ils donnent l’illusion à une majorité de personnes mal informées de bien faire leur travail…
C’est maintenant qu’il faut bouger et s’organiser, pas quand une réglementation pondue par des fonctionnaires qui n’ont jamais approché un petit camélidé et ignorent tout de leurs particularités nous tombera dessus 🙁

Drôle d’été 2021

Pour beaucoup, cet été 2021 restera associé à une météo terriblement capricieuse qui a perturbé nombre d’activités et causé des drames terribles dans certaines régions de France et d’Europe (inondations, incendies…).

Ici à KerLA, pas de perturbations excessives, mais humidité, vent et nuits froides ont compliqué la gestion des naissances et des crias.

Séneçon jacobée – une plante toxique à traquer dans les pâtures et surtout les prairies à foin.

Les brèves fenêtres de beau temps chaud ont toutefois permis une récolte de foin abondante (bien que tardive pour la 2e tournée), et l’herbe n’a pas manqué aux animaux, bien au contraire ! Il a même fallu passer et repasser le gyro et la débroussailleuse un grand nombre de fois pour lutter contre les advantices en folie, alors qu’en général à partir de fin juin plus besoin 🙁  Des espèces inhabituelles dans mes pâtures ont proliféré, comme la porcelle enracinée ou le séneçon – que je traque impitoyablement pour sa toxicité extrême. Les pieds de ces mauvaises herbes sont aisés à repérer et à arracher, mais leur nombre ne cesse de croître année après année, car ces plantes (le séneçon en particulier) se multiplient le long des routes et dans les parcelles agricoles vouées au foin sans que personne ne s’en inquiète…

Juillet et août ont été rythmés par l’accueil de plusieurs stages sur les alpagas ou sur la laine. Habituellement j’évite d’en proposer en période de naissances (à l’exception du traditionnel stage laine de début août), mais le report de stages antérieurs à cause des confinements, et la demande, m’ont fait accepter de placer plusieurs dates. La pluie et le vent se sont souvent invités au programme, mais j’ai eu la chance de tomber sur des participants super sympas et motivés que les caprices du ciel n’ont pas perturbés !

J’en profite pour remercier une fois encore toutes ces personnes qui viennent, parfois de très loin, participer à mes stages, et découvrir au passage les jolis villages mayennais alentours (Ste Suzanne, Saulges, St Pierre sur Erve…)

 

Foin 2021

Foin 2021

Réussir la récolte de foin annuelle est un enjeu majeur de la vie de l’élevage, car un foin de qualité et appétent est essentiel à la bonne santé des alpagas.

L’idéal est de pouvoir produire son propre foin, pour maîtriser la qualité, s’assurer de l’absence de plantes toxiques comme le séneçon, et connaître les intrants utilisés :  à KerLA environ 6ha de prairies naturelles sont fauchés chaque année, les seuls intrants sont le fumier des alpagas composté et épandu tous les deux ans (sur les parcelles réservées au foin), et de la chaux sur les parcelles pâturées, pour atténuer l’acidité des sols.

Stockage des rounds sous le hangar

Sur ces parcelles, une partie de la fenaison est assurée par un agriculteur de la commune, en rounds que l’on partage. Certes avec ce système on ne récupère que la moitié de la récolte, mais en principe le partenaire cherche à faire de la qualité, puisqu’il en prend sa part. C’est donc une bonne solution quand on n’a pas de matériel ou de temps pour être autonome. Bien que, les années où sa propre production est importante, le partenaire puisse avoir tendance à négliger le foin fait en partage : moins de fanage, moins d’attention à la météo, recherche de gain de temps au détriment de la qualité…   Mais quoiqu’il en soit ce système reste plus sûr que de se tourner vers une entreprise agricole, j’en ai fait l’amère expérience : quand on n’a pas de grandes surfaces à faire, même avec un statut d’agriculteur, on est placé en bouche-trou dans le planning, et les créneaux de fenaison sont loin d’être les meilleurs !

Bref l’idéal est en fait d’être autonome et de maîtriser la part la plus grande possible de sa production : depuis 2013 je réussis à faire une partie (plus ou moins importante selon les années) de ma récolte en petites bottes de 10/13kg, grâce au vieux matériel de fenaison soigneusement entretenu année après année par mon ami Philippe.

Faneuse-andaineuse Super Strella

Donc chaque année, entre mi-mai et début juillet, c’est le même stress intense… D’ailleurs je ne prends ni stage, ni visite pendant cette période, pour garder mon entière disponibilité et pouvoir réagir en fonction de la météo agricole, que je consulte plusieurs fois par jour. Révision et graissage du matériel (tracteur, barre de coupe, faneuse/andaineuse, presse) ; nettoyage des hangars et mise en place des palettes qui isoleront le foin du sol ; recherche de coups de main pour aider à relever, retourner, rassembler, rentrer et engranger des centaines de petites bottes…

Période de fenaison épuisante physiquement et nerveusement. Pour la première fois cette année j’en ai fait une grande partie seule, et j’ai assumé de bout en bout le processus, du fauchage au pressage, y compris l’épuisant ballet d’attelage/dételage du vieux matériel qui casse le dos et fait perdre des litres de sueur ! Mais j’ai mesuré comme jamais à quel point ce sont des moments privilégiés de rapprochement avec nos racines, avec le sens de la vie, avec la nature. Par moments, seule sur mon tracteur, entre bois et champs, sans personne aux alentours, j’ai eu une sensation de plénitude, de réalisation. Cette herbe que je fauche, fane et mets en bottes, avec ses incroyables parfums, elle assure la nourriture de mes animaux pour l’année à venir, elle contribue à la pérennité de mon activité, et déjà elle renaît, elle repousse à peine coupée (je veille à ne pas faucher trop court pour favoriser cette repousse, surtout dans les parcelles que les animaux vont pâturer pendant l’été)…

Immuable et merveilleux cycle de la nature, simple, rassurant.

Laines encore…

Une ou deux fois par an j’envoie un lot de belles toisons soigneusement triées en micro-filature (la Bardine, en Gironde), et quelques mois plus j’ai le plaisir de recevoir un gros colis avec ces fibres transformées selon mes souhaits, pour les proposer en boutique à côté de mes laines filées main.

L’animal producteur de chaque lot est identifié, sa fibre analysée. La transformation en micro-filature est semi-artisanale, chaque lot (de 1 à 4kg) est traité individuellement, sans produit chimique, sans teinture, dans le respect de la fibre.

L’arrivage de fin mai comprend des toisons cardées en ruban à destination des fileuses, de superbes fils mèches et du fil 3 brins somptueux en mélange fauve et gris (un mix que j’adore).

Ces fibres sont disponibles sur la page boutique, pour vous renseigner ou commander n’hésitez pas à m’envoyer un mail pour obtenir un devis, je n’ai pas la possibilité pour l’instant de gérer une boutique en ligne avec panier.

Tonte, pluie et vent

Après un mois d’avril trop chaud et sans une goutte d’eau, le ‘joli mois de mai’ n’a apporté que pluies, vents parfois violents et températures basses… Le tout évidemment orchestré avec la tonte 🙁  La veille de l’arrivée du tondeur, le 2 mai, il faisait encore beau et chaud… Le premier groupe tondu le lundi a encore bénéficié d’un temps clément, mais ensuite la cata… Parce que ma petite tête fatiguée a oublié de fermer la porte des écuries pour garder tout le monde au sec pendant la première nuit pluvieuse depuis un mois, les filles ont choisi de dormir dehors sous le crachin bienfaisant… Oui, dehors sous la bruine la veille de la tonte 🙁 Snif… Vous imaginez l’état des toisons… Et comment faire sécher par cette météo ? Ça va être mon travail des premiers beaux jours à venir !

Comme d’habitude, la tonte réalisée sur deux jours par Pascal, tondeur émérite, s’est parfaitement bien passée, avec l’aide précieuse des deux Philippe ! Des alpagas incroyablement calmes et zen, quasiment aucun crachat de protestation ou plainte contre leur traitement indigne…  Car oui, les photos des alpagas mis en contention choquent souvent, pourtant il s’agit à mon sens de la manière la plus rapide et sécurisée de tondre les alpagas, avec un stress minimum si on le fait avec douceur et respect permanent de l’animal (pas comme on le voit faire sur certaines videos, hélas).

D’ailleurs cette année, puisque j’avais l’habitude de tondre mes lamas debout et qu’on parle beaucoup des bienfaits de la tonte debout contre la version couchée « traumatisante », j’ai tenté l’expérience de tondre moi-même trois de mes alpagas debout : Qalypso, une femelle qui venait de mettre-bas, en tonte d’urgence par crainte d’un coup de chaleur, et de deux mes étalons, Cantabria et JJ, que nous n’avions pas eu le temps de faire début mai. D’accord j’étais seule, et avec de l’aide pour la contention ça aurait été plus facile, mais je trouve que le niveau de stress des animaux est beaucoup, beaucoup plus élevé que pour une tonte couchée ! La tonte dure plus longtemps, on prend des risques de blessures (pour l’animal et pour nous) au moindre mouvement, la toison récoltée est en moins bon état et le résultat esthétique est loin d’être aussi satisfaisant 😉

Tonte debout de CANTABRIA en cours

Tonte debout de QALYPSO en cours

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je re-tenterai la tonte debout l’an prochain, avec de l’aide cette fois. Mais pour les derniers animaux à tondre, j’ai préféré rester sur la valeur sûre de la tonte couchée, avec le coup de main de mon stagiaire Philippe : les petits gars tondus cette semaine ont été d’un calme exemplaire et n’ont pas l’air du tout de s’en plaindre !

Suris for ever

RAZZIA, née en août 2019

Décidément, je vais finir par penser que le destin ne veut pas que je me sépare complètement de mes chers alpagas suri… C’est avec eux que j’ai commencé l’élevage d’alpagas il y a 10 ans (mon souhait initial était d’ailleurs de n’avoir que des suris), une force obscure semble vouloir que j’en garde dans l’élevage…

En effet depuis 3 ans que j’ai commencé à réduire fortement les suris pour me consacrer aux huacayas avec un cheptel réduit, plusieurs ventes prévues se sont trouvées annulées pour diverses raisons !… Ce mois-ci la vente de mes dernières petites jeunes a elle aussi échoué… Et toutes les demandes que j’ai eues ces derniers jours proviennent de l’étranger. Or je viens d’exporter des alpagas et je n’ai aucune envie de recommencer les 3 mois de protocole sanitaire et de galère que cela implique, avec une administration qui change d’avis en cours de route sur le protocole à suivre !

Donc il semblerait que tout m’incite à garder mes 3 dernières petites jeunes, les adorables Razzia, Satine et Souki… Je suis de plus en plus favorable à cette idée, je l’avoue, c’est un bien joli trio !

ZOLA – photo d’avril 2021 : encore la grande classe, ma belle retraitée de 15 ans !

Mise à jour :

Finalement les choses se sont faites rapidement…

Les petites SATINE et SOUKI ont trouvé une famille courant mai, et en juin j’ai laissé partir ma belle RAZZIA (après d’énormes hésitations) vers la Normandie…

Ne reste donc ici, comme suri, que ma ZOLA, retraitée, la maman de RAZZIA, souvenir de cette étape heureuse de l’élevage.

 

 

Premières naissances

Comme prévu, mais avec un peu d’avance, avril amène avec lui les premiers crias de l’année…

Oh, pas comme je l’espérais : deux naissances précoces le même jour, le 7 avril, deux petits mâles, dont un cria hélas non viable pour ma pauvre Léonie 🙁

Très dur de commencer la saison ainsi, alors que la précédente s’était déjà terminée sur une naissance dramatique. Parfois être éleveur implique de très gros moments de douleur et de doutes, et nous rappelle que la nature peut parfois être cruelle et terriblement injuste, et que la loi des séries n’est pas une vue de l’esprit…

Mamie ADA en mode nounou (son occupation favorite), avec son arrière-arrière petite fille Tabatha étendue contre elle, en toute confiance, et petit Topaze à côté.

Par bonheur le petit Topaze est en super forme et grandit bien, et il a vite été rejoint par la très jolie petite Tabatha, fille de ma gentille Pitchoune. Tous deux s’adonnent à de grand moments de jeux dans les pâtures inondées de soleil, suivis par des siestes bien méritées sous la surveillance attentive de la nounou en chef des crias, mamie Ada.

Mais oserais-je parler de ces journées stressantes que le tout dernier cria né jeudi 22 avril me fait vivre ? Comment tant d’aléas peuvent-ils se produire d’affilée alors que certaines années 20 naissances peuvent se suivre sans aucun souci majeur ? J’ai du mal à encaisser, et le fait d’être seule à tout assumer sur l’élevage, bons moments comme coups durs, n’aide pas à prendre du recul. C’est pour mettre des mots dessus et exorciser ces difficiles moments que je n’hésite pas à mentionner sur ce blog les réalités de l’élevage. Beaucoup d’éleveurs (et je respecte parfaitement ce choix) ne communiquent que sur ce qui se passe bien et donnent l’impression, à les lire, de ne jamais avoir de problème, comme si mentionner des soucis pouvait nuire à leur réputation. La réalité est souvent bien plus nuancée… Bien sûr certains problèmes peuvent être liés à des négligence ou des erreurs, mais en reproduction, même chez les plus expérimentés, les aléas sont bien souvent liés à la Nature, quelles que soient les compétences des uns ou des autres …

Donc le 22 avril, j’ai eu – pour la première fois en 10 saisons d’élevage –  ce qu’on appelle un « grand prématuré », un cria né à moins de 300 jours. Une petite femelle si minuscule et fragile que j’ai cru que c’était un avorton quand elle a vu le jour. Naissance normale, en fin de matinée, mais beaucoup trop précoce. Sa mère, primipare, avait visiblement souffert de la chaleur les jours précédents : est-ce ce qui a déclenché la mise bas prématurée ? Impossible de le savoir.

J’avoue que sur le coup je n’avais guère d’espoir que la petite survive : j’ai dû la masser pour qu’elle respire, aucun tonus musculaire, toute molle, inerte. Maman Qolyma a mis plusieurs heures à délivrer le placenta, et pendant tout ce temps elle s’est désintéressée de cette chose étrange que j’avais prise en charge.

J’ai très longuement réchauffé le petit bout au sèche-cheveux, tout en restant sous la chaleur du soleil, l’ai emmitoufflée dans des polaires et bouillottes, lui ai fait quelques injections, donné du glucose et du colostrum de vache tout récemment congelé… Par bonheur elle avait un réflexe de succion, ce qui m’a permis de lui faire prendre un petit biberon de 20ml à intervalles réguliers.

Je croise les doigts, nous sommes au 3e jour et elle est toujours là. Je sais que rien n’est gagné, qu’elle peut crasher à tout moment, que le colostrum n’a peut être pas pu être assimilé par son organisme fragile et que l’absence d’immunité est une épée de Damoclès sur sa tête… hélas je n’ai pas de plasma à lui donner pour assure à coup sûr son immunité. Chez les éleveurs anglo-saxons, c’est devenu une évidence de collecter du sang, extraire et stocker du plasma en début de saison, de doser les IgG à chaque naissance difficile et de donner du plasma au cria, mais ici c’est un parcours du combattant 🙁

Mes journées, depuis 3 jours, tournent autour de ce petit bout de 3,8kg… Un cria de moins de 5kg est rarement viable. Mais je ne veux pas baisser les bras. Je veux y croire malgré tout.

Elle dors la nuit dans un bac dans la maison, avec des bouillotes, et passe ses journées au soleil, à l’abri du vent, avec un petit biberon toutes les 2h.

Maman Qolyma vient de temps en temps la voir, et semble renouer le lien avec elle depuis que la petite réussit – brièvement – à tenir sur ses fragiles pattes toutes tordues quand je la mets debout. Elle est encore incapable de se lever seule, elle se laisse tomber plutôt qu’elle ne se couche ; et bien entendu téter sa mère – s’il y a une monté de lait, ce qui n’est pas certain – est impossible (d’ailleurs elle est si petite qu’elle ne pourrait même pas atteindre correctement la mamelle) !

Mise à jour (le 23/05/2021) : hélas après m’avoir donné tant d’espoir, ma jolie petite prématurée m’a quittée à l’aube de son 9e jour. Septicémie foudroyante. Elle est tombée en hypothermie à 32°C, je suis parvenue à la réchauffer, mais son petit organisme fragile a abandonné la lutte. J’ai été trop dévastée pour donner des nouvelles plus rapidement sur cette page, je m’étais tellement attachée à ce petit bout qui avait lutté si fort 🙁  Et j’ai la rage au coeur de n’avoir pu disposer de plasma qui aurait pu la sauver. En Angleterre, n’importe quel éleveur peut se procurer du plasma à  stocker en début de saison pour les cas d’échec du transfert passif d’immunité, chez nous en France cela relève de l’impossible, c’est révoltant. Nous sommes tellement à la traîne dans le monde de l’alpaga !!!

 

 

Nouvelle étape

Et voilà, une nouvelle étape arrive pour l’élevage KerLA, et pour le meilleur j’espère 🙂

J’ai enfin réussi à trancher pour franchir cette nouvelle étape, après de longues tergiversations et disputes avec moi-même 😉

J’adore ce que je fais, mais mes capacités de travail ont des limites qui hélas semblent se manifester de plus en plus à mesure que les années passent (je ne comprends vraiment pas pourquoi…).

ZOLA, ma belle matriarche suri

Donc la seule issue pour poursuivre sereinement, seule, mon travail autour de l’élevage, la transformation des laines et la formation, était de recalibrer l’activité : réduire la partie élevage, me donner plus de temps pour travailler la laine et aussi pour transmettre mes modestes compétences aux nouveaux amoureux de l’alpaga : cela me tient à coeur, d’une part à cause du grand n’importe quoi qui règne dans le monde de l’alpaga aujourd’hui, et d’autre part parce qu’on ne se refait pas… 25 années de prof, ça laisse des traces 😉

En ce début 2021, c’est la réduction de taille de l’élevage qui est en cours, et il a fallu commencer par la décision la plus difficile, que j’ai déjà évoquée le mois dernier : arrêter les suris pour me consacrer uniquement aux huacayas. D’ici fin avril, il ne restera comme suri sur la ferme que ma belle Zola, heureuse retraitée, et peut-être une autre femelle. Il n’y aura plus de mèches lustrées flottant au vent au milieu des galopades du soir… 🙁

Tous mes loulous suri auront donc rejoint leurs nouvelles familles avant fin avril (en Belgique, Lot-et-Garonne et Charente), et quelques huacayas vont également s’égailler à travers la France (Manche, Moselle, Charente…).

L’étape suivante se fera à l’automne, après la saison des mise-bas, il me faudra choisir les femelles qui partiront elles-aussi dans de nouvelles maisons pour poursuivre leur lignée, et quelques mâles aussi.

Mais attention, pas de tristesse dans tout ça, c’est une évolution réfléchie et logique, mes animaux ne partent pas n’importe où, je vais avoir des nouvelles 🙂 

Et moi je vais continuer, avec un cheptel plus réduit mais de qualité croissante, à travailler à l’amélioration de la fibre, mon objectif principal d’élevage. D’ailleurs (chut, on ne le dit pas encore) un nouvel étalon huacaya va arriver à KerLA dans quelques semaines pour apporter son exceptionnelle qualité…

Printemps précoce

SAÏGA explose de joie dans l’herbe nouvelle

Jamais encore je n’avais ouvert aux alpagas de nouvelles pâtures autour du 20 février : habituellement à cette date mes sols argileux sont encore des pataugeoires ! Mais cette année pas de raison de les en priver, et cette jeune herbe si tentante est excellente pour eux, c’est la meilleure de la saison !

La vie de l’élevage suit son cours en cette fin d’hiver si clémente… Les crias grandissent en beauté, les jeunes mecs travaillés par les hormones se bagarrent un peu plus souvent que d’habitude, les futures mamans s’arrondissent (premières naissances prévues dans la 2e quinzaine d’avril !).

Mon beau SANGHA part dans un élevage de suri en Belgique, après le délai sanitaire de rigueur de 3 mois.

Les stages reprennent à partir de mi-mars, et des animaux s’apprêtent à partir vers leurs nouveaux lieux de vie : des élevages en Normandie, en Charente, en Lot-et-Garonne, et même en Belgique 🙂

Des moments déchirants à prévoir, les alpagas sont si attachants que les départs sont toujours très durs à vivre. Et cette saison plus encore, puisque j’ai pris la décision, après plusieurs années de tergiversations, d’arrêter définitivement l’élevage des alpagas suri.

Ce sont pourtant mes préférés, ces élégants poilus aux longues mèches folles, mais la demande est encore trop faible sur le marché français pour n’élever qu’eux, et travailler correctement à la fois avec les suris et les huacayas implique des coûts d’élevage trop élevés, avec un trop grand nombre de reproducteurs à gérer…

Mon jeune SULTAN, tout juste 6 mois, fils de Snowmass ROYAL STARZ et de l’une de mes meilleures femelles, a toutes les cartes pour être un futur étalon remarquable.

Et hélas je commence à ressentir les excès du travail physique intense de ces 10 dernières années, sans une seule journée de repos : mon corps me dit de ralentir, et comme je ne l’écoute pas trop il vient de m’envoyer un bon coup de semonce qui m’a fait réfléchir…

Donc cela implique de faire de nouveaux choix d’élevage, pour ramener le nombre d’animaux à une échelle plus adaptée aux capacités de travail d’une personne seule et plus de première jeunesse 🙂 

Alors après l’arrêt de l’élevage de lamas en 2018, je confie maintenant à d’autres le soin de poursuivre mes bonnes lignées suri, pour me concentrer désormais sur mon groupe d’alpagas huacaya à la qualité grandissante.

 

Déjà février…

Hier nous fêtions (bien tristement) l’année nouvelle, et déjà nous voici dans un mois de février bien avancé… Où passent les jours ?

Ici à l’élevage les journées sont trop courtes pour tout faire, et les soirées sont consacrées au travail de la laine (tri, cardage, filage…). Dire que certains me demandent comment je fais pour ne pas m’ennuyer sans télé 😉  Si seulement je pouvais trouver un peu plus de temps pour lire, c’est ça qui me manque le plus.

Les crias de 2020 ont bientôt tous atteint leurs 6 mois, la plupart sont sevrés, certains sont déjà partis rejoindre leur nouvelle famille, et l’éducation des uns et des autres se fait petit à petit. C’est compliqué de tout gérer seule, mais avec l’habitude, ça le fait.

Le week-end dernier, mes jolies Rumba (19 mois) et Symphonie (8 mois) sont parties s’installer dans la Sarthe, et ma belle grise handicapée Olympe (5 ans) les a accompagnées, en placement. Ainsi les filles sont trois pour découvrir leur nouvelle vie, c’est toujours plus rassurant de former un groupe. Olympe va être chouchoutée, et elle aura des conditions de vie plus adaptées : ici elle était obligée de marcher beaucoup pour suivre le groupe, et c’était très dur pour ses pauvres articulations, surtout dans les pâtures détrempées de l’hiver.

Meilleurs voeux pour 2021

Meilleurs voeux pour une heureuse année 2021, un horizon qui s’éclaire, et autant de bonheur que possible.

Puisse l’année 2020, en s’éclipsant, emporter avec elle le cortège de coups durs et traumatismes en tous genre qui ont déferlé sur nous cette année, à tous les niveaux 🙁

Filage hivernal

Avec les jours qui raccourcissent revient l’opportunité de consacrer des soirées entières au travail de la fibre de mes chers alpagas 🙂

Tri des toisons…

 

Cardage de nappes unies ou en mélange…

 

Filage au rouet, réalisations de brins variés, retors :

Mise en écheveau, lavage, séchage et mise en pelote pour l’utilisation :

Tricotage (un peu, de petits articles, car hélas le temps me manque…) :

Travail en cours : un snood bien chaud…

 

 

Adieu Maldoone

C’est toujours terriblement difficile de perdre un animal, et hélas en élevage, avec le grand nombre d’animaux présents, nous sommes inéluctablement confrontés à ces moments.

Samedi dernier, c’est mon vieux Lightfoot Maldoone, 18 ans, qui a tiré sa révérence. Ce fier mâle gris à la robe rare a été le pilier de mes débuts en élevage. Son départ, c’est une page qui se tourne…

Bien que ne « travaillant » plus depuis 2017, il était resté en super forme, jusqu’à cette saison 2020 où la canicule lui a donné un coup de vieux. Il avait maigri depuis l’été… Et puis ces derniers jours il s’est de plus en plus isolé du groupe, mangeant et buvant de moins en moins, passant ses journées couché, bien droit, calme, zen, le regard droit devant lui. Il ne se levait que pour changer de temps en temps de place, histoire de faire une dernière fois le tour de ce territoire qui était le sien. Il se préparait.

Et pour mourir il est allé se coucher, dans la nuit, à un endroit du parc que j’avais ouvert peu de temps auparavant et où jamais il n’était allé. Étrange.

Aucun des autres mâles du groupe n’a jamais contesté sa suprématie sur le territoire, malgré son âge : ces dernières années, je les voyais souvent se battre entre eux, mais jamais Maldoone n’était impliqué dans les bagarres, et pourtant il lui suffisait de s’approcher d’une mangeoire pour que les autres s’écartent, il se faisait respecter juste en élevant la tête !…

Samedi, ses 8 copains étaient perdus, comme moi. C’est en les voyant le matin, collés les uns contre les autres, près de la barrière, que j’ai compris. Ils m’ont suivie pas à pas à travers le champ à la recherche du corps de Maldoone, dans le brouillard, et quand je l’ai trouvé dans ce petit paddock annexe, tous sont restés respectueusement à distance, sans bouger.Mon Maldoone, je t’avais promis que tu finirais ta vie ici, j’espère qu’elle a été heureuse. Tu m’as laissé plein de descendants avec ta jolie couleur et tu leur as transmis la finesse si durable de ta fibre. Merci mon grand bonhomme.
💔💔💔

En cette année 2020 qui restera de triste mémoire, ce sont donc trois de mes « vieux » qui m’ont quittée : Maldoone, et avant lui mes deux gentilles femelles Darling, 14 ans, et Patience, 13 ans, toutes deux victimes de mise-bas dramatiques.

2020 est vraiment une année noire 🙁

Le dilemme de l’éleveur

J’ai rêvé d’avoir une ferme et un élevage depuis ma plus tendre enfance (mes rêves tournaient autour des chevaux, à l’époque). J’ai eu des chevaux de loisir toute ma vie, mais je ne me suis jamais lancée dans leur élevage, parce que l’idée qu’un poulain né chez moi puisse finir un jour à l’abattoir me paralysait. Et cette idée m’empêchait aussi d’élever tout autre animal de ferme. Jusqu’à ma rencontre avec les petits camélidés, animaux de compagnie non listés dans les espèces consommables en France. Du moins pour le moment, car hélas trop d’éleveurs sont favorables à cette éventualité 🙁

Petit aparté : écrire cela ne m’empêche pas de respecter les éleveurs qui produisent des animaux de consommation, attention : même si je suis végétarienne je conçois parfaitement la nécessité d’une alimentation carnée, mais je n’accepte entre autres pas l’idée que l’alpaga, arrivé chez nous comme animal de compagnie, devienne un animal de consommation. Bien sûr beaucoup diront que dans les Andes il l’est, donc que ce serait normal de les manger chez nous aussi… Les chiens et chats se mangent en Asie, trouverait-on normal de se mettre à les manger chez nous pour cette seule raison ?

Mais être éleveur implique forcément qu’à un moment ou à un autre il faut vendre une partie au moins de ces animaux qu’on a fait naître… Savoir que mes alpagas ne finiront pas dans l’assiette est rassurant, mais hélas avec l’engouement croissant pour les alpagas, de plus en plus de personnes veulent en acquérir sans s’informer correctement sur leurs spécificités et leurs besoins, ou ne tiennent pas compte des conseils, et font le malheur des animaux par leur incompétence et/ou leur bêtise 🙁

On subit actuellement une vague d’alpagas vivant entièrement seuls, ou seuls avec d’autres espèces animales qui ne satisfont pas leurs besoins grégaires, ou en couple mâle/femelle (une hérésie dans le fonctionnement social de l’alpaga et compte tenu de ses particularités de reproduction)… Maquignons et particuliers inconscients, mais aussi éleveurs sans éthique produisent et vendent à petit prix des animaux dont ils n’assurent absolument pas le suivi et se lavent les mains, les condamnant parfois à une vie de misère et à des soucis de santé gravissimes… Les appels à l’aide sont fréquents pour des animaux imprégnés, stressés, parasités… C’est révoltant et inacceptable.

Car être éleveur de ces merveilleux animaux, c’est aussi avoir une éthique solide. Notre travail ne s’arrête pas à apporter les meilleures conditions d’élevage possibles (sélection, soins attentifs, alimentation adaptée, liberté de mouvements, suivi véto, éducation bien menée, recherche permanente d’informations scientifiques…) : nous avons le devoir de veiller à l’avenir de ces animaux que nous avons fait venir au monde, et de sélectionner les acheteurs. Oui, oui, sélectionner, je le dis bien. Un animal n’est pas un objet. On n’a pas droit à l’erreur, le refus de vente peut et doit se faire pour préserver son bien-être. Oui un éleveur qui se respecte doit savoir refuser une vente si les conditions de vie prévues ne sont pas adaptées (alpaga destiné à vivre seul de son espèce ou en couple, par exemple).

Bien sûr on peut se tromper. On peut être trompés. cela arrive et cela nous désespère quand ça arrive.

PIXEL de KerLA à l’arrivée dans son nouveau lieu de vie – oct 2020

Mais le plus souvent être un éleveur sérieux et rigoureux permet aussi bien de faire découvrir les alpagas à des particuliers qui débutent (avec une bonne information, les conseils adaptés et le suivi permanent), que d’apporter à d’autres éleveurs sérieux des reproducteurs qui permettront de promouvoir l’alpaga en France, et la production de laine, objectif premier de cet élevage  🙂

Ainsi le mois dernier mon beau Pixel, que j’ai eu tant de difficulté à me décider à vendre (mais son sang est trop présent dans mon cheptel) est allé rejoindre un bel élevage dans les Alpes Maritimes pour apporter sa bonne qualité de fibre grise.

Stages d’automne

Chaque week-end de ce début d’automne a été consacré à un stage de découverte des alpagas à KerLA, sur 1/2, 1 ou 2 journées selon les cas.

La grande nouveauté a été le stage ostéo du 3 octobre, organisé avec l’AFLA, brillamment préparé et animé par Frederik, vétérinaire-ostéo qui parvient à rendre limpides des notions complexes !

Notions théoriques, explications concrètes, manipulations sur les alpagas de l’élevage, enseignement de gestes simples à faire par le propriétaire ou l’éleveur… Une journée passionnante pour tous.

Une belle expérience à renouveler.

Et la co-star de cette journée a été ma petite Shamane, encore si fragile après sa naissance dramatique le dimanche précédent en plein milieu d’un stage avec 7 personnes…

Elle a bénéficié de toutes les attentions !

 

Nouvelles d’automne

L’automne 2020 est le reflet du reste de cette année bien tristounette : des hauts et des bas, de la joie et des larmes…

J’espérais en avoir fini avec les mise-bas difficiles, je pensais avoir déjà bien donné cette saison, mais le sort, lui, n’en avait pas terminé avec moi : il lui fallait s’acharner jusqu’au bout, peut-être pour me faire payer la bonne cuvée 2019…

SULTAN de KerLA, né le 7 septembre 2020

Les 3 dernières naissances, en septembre, devaient être une fête, avec l’arrivée de 3 crias du magnifique Snowmass Royal Starz…

Hélas, si j’ai bien eu un superbe mâle light fawn né de ma belle Looby Loo, et prénommé SULTAN, les deux autres naissances ont été dramatiques, avec deux problèmes rarissimes, totalement imprévisibles et éprouvants.

Le 4 septembre, ma Kokine donnait naissance à son 5e cria, une très belle petite femelle, portrait craché de maman, à la fibre exceptionnelle. Quelques secondes de joie seulement, parce que juste après la naissance j’ai réalisé, en inspectant la petite, qu’elle était née sans anus. Atrésie anale. En plus de 160 naissances sur l’élevage, je n’avais jamais eu une seule malformation d’aucune sorte. J’ai dû regarder plus de 10 fois avant d’accepter la réalité.

KOKINE avec sa petite SHANELLE, un bref moment de bonheur.

La petite Shanelle était un amour, vive et enjouée malgré son handicap. Elle excrétait ses fèces par une fistule dans le vagin, mais ce n’était pas viable. A 4 jours, mon super vétérinaire a accepté de tenter la chirurgie pour créer un anus et raccorder le rectum. L’opération a réussi… mais a duré longtemps, et hélas la petite Shanelle ne s’est jamais réveillée de l’anesthésie.

Je n’oublierai pas cette petite merveille. C’est vraiment trop injuste, pour moi, et pour Kokine qui a eu du mal à s’en remettre.

Et alors que je pensais en avoir terminé avec les problèmes, en cette saison où j’avais eu tout ce qui peut arriver avant, pendant et après une mise-bas, je ne me doutais pas de l’horreur qui m’attendait pour la dernière naissance de l’année… Qui NOUS attendait, devrais-je dire, parce qu’en plus il a fallu que cette naissance se passe un dimanche, au beau milieu d’un stage de 2 jours sur la découverte de l’élevage d’alpagas, avec 7 participants… qui ont pris de plein fouet l’aspect parfois éprouvant du métier d’éleveur, mais m’ont aussi donné un formidable coup de main dans ces moments terribles.

Lightfoot ALISA (alias PATIENCE)

La dernière à mettre bas, c’était ma douce et gentille ALISA (alias Patience), un amour d’alpaga âgée de seulement 13 ans, mais qui avait sans doute été exploitée comme tant d’autres par des éleveurs sans scrupules qui font saillir leurs jeunes femelles dès l’âge de 12 mois, réduisant leur espérance de vie… Patience, arrivée chez moi en 2017, m’avait donné des signes de fatigue pendant cette dernière gestation, et je lui avais promis la retraite après ce dernier cria… Hélas elle n’en profitera pas.

Le soir précédant la mise-bas, elle a refusé de manger sa ration et s’est mise à gémir régulièrement. En l’absence d’autre signe (notamment de position antalgique pour se coucher, et elle mangeait son foin calmement), j’ai pensé que cela annonçait une naissance imminente. Je me suis levée toutes les 2 heures pour aller la voir dans la nuit, mais pas d’autre signe que ces petits gémissements, qui ont disparu sur le matin quand je l’ai remise avec les autres femelles pour la mise-bas. Vers 11h le travail est devenu visible, elle a commencé à dilater, tout à fait normalement.

Comme le temps passait sans progrès, j’ai entrepris de la fouiller, et là, le moment glaçant que tous les éleveurs redoutent : un cria se présentant par le siège, en position ventrale. Je sentais bien la pointe des fesses, les deux jarrets, très bas dans le ventre. Et encore plus inquiétante, une masse visqueuse qui fuyait sous mes doigts derrière le col. J’ai pensé au placenta qui sortait en premier, ce qui arrive avec les présentations par le siège, pourtant la sensation était tout autre. Mais pas un instant je n’ai imaginé l’horrible réalité.

Il fallait décider très vite. La plupart du temps lors d’un siège les crias naissent sans vie, à cause du délai d’intervention (alors un dimanche, n’en parlons pas…). J’avais de l’aide autour de moi (les stagiaires, stupéfaits par la tournure prise par les événements). Et notamment Lise, une ostéo animalière… J’ai pris la décision de sortir le cria, d’aller chercher une patte après l’autre, la déplier, pendant que Lise repoussait le cria vers l’avant pour que je puisse manoeuvrer. Cela a pris un temps infini, je sentais qu’à l’intérieur il y avait quelque chose de totalement anormal, beaucoup de sang, mais je ne pouvais plus reculer.

Nous avons eu la chance de sortir un cria vivant. Oh, à peine vivant, il a fallu masser pour la ranimer, la suspendre longuement pour lui faire cracher le sang et les liquides inhalés. Plusieurs stagiaires se sont relayés pour s’en occuper, et la réchauffer avec serviettes et sèche-cheveux, pendant que je retournais m’occuper de Patience.

Ma pauvre Patience. Ce dont elle souffrait si stoïquement depuis la veille, c’était une éventration, causée in utero par les mouvements du cria. Sans doute, d’après le véto, dans un contexte de torsion utérine qui avait empêché le cria de se mettre en bonne position. Ses intestins s’étaient répandus dans la cavité utérine depuis la veille 🙁

Le vétérinaire de garde, secondé par plusieurs stagiaires qui se sont improvisés auxiliaires vétérinaires, a effectué une laparotomie pour recoudre le mésentère déchiré et la paroi utérine. Mais malgré le succès de l’opération la couleur violacée de certaines anses intestinales laissait peu d’espoir : entre péritonite avancée et choc opératoire, l’espoir était ténu pour ma courageuse Patience.

Et en effet Patience s’est éteinte le soir même, à 21h30, non sans s’être levée, avoir bu et être allée au contact de sa petite qu’elle a longuement sentie avant de partir brutalement après de brèves convulsions.

Garder en vie la petite de Patience, prénommée SHAMANE, a été un challenge pendant les 15 premiers jours : infection respiratoire et problèmes digestifs cumulés, elle a crashé le 5e jour et j’ai bien cru que c’était la fin. Mais avec l’aide de mon véto, le soutien et les conseils des amis, on a défié le sort, et on s’accroche : elle va s’en sortir la belle, pour mettre fin à cette spirale infernale ! On y croit !

 

 

Stages d’automne

Le printemps 2020 a été une période bien triste et compliquée pour tout le monde. Toutes les activités et formation prévues à KerLA ont été annulées ou reportées : quelques journées de stage ont pu avoir lieu cet été, les autres auront lieu (sauf nouvelles contraintes sanitaires) entre fin septembre et fin novembre.

Je suis très fière et heureuse de pouvoir vous proposer une grande première dans le monde de l’alpaga français : le samedi 3 octobre, une journée de découverte de l’ostéopathie pour alpagas avec le vétérinaire-ostéopathe qui suit l’élevage KerLA : Frederik Vandenberghe.

Organisée par l’AFLA, cette formation combinant théorie, cas concrets et ateliers pratiques permettra aux propriétaires et éleveurs de découvrir l’utilité de l’ostéopathie pour les alpagas, les test à faire pour déceler des problèmes courants, et les gestes à connaître.

Détails et fiche d’inscription sur le site de l’AFLA, vous y accédez en copiant ce lien : https://www.lamas-alpagas.org/2020/09/11/stages-octobre-2020/

Cette journée du 3 octobre peut être couplée, à coût d’inscription réduit (sous réserve d’un nombre suffisant de participants), avec la journée du dimanche 4 octobre qui invite propriétaire et éleveurs à approfondir leurs connaissances sur les petits camélidés et interroger leurs pratiques. Journée que je co-animerai avec Patricia Descours, de la Ferme aux Lamas dans le Doubs, présidente de l’AFLA (détails et fiche d’inscription sur le lien AFLA ci-dessus).

Les autres formations de l’automne sont présentées sur ces pages du site :

Merci et à bientôt 🙂