LA GESTION DES MÂLES

GÉRER LES MÂLES - Règles de base

© Christel CHIPON

La gestion des lamas et des alpagas mâles, comme dans beaucoup d’espèces animales, demande réflexion.

Le mâle a un comportement très territorial et un instinct bagarreur. Acquérir des mâles suppose donc un minimum de réflexion, que ce soit pour l’élevage ou pour le loisir.

  • Mâles entiers ou mâles castrés ?

Pour un éleveur, le choix de mâles entiers s’impose pour des raisons évidentes, et les installations d’un élevage doivent permettre de les gérer correctement et de bien séparer les groupes d’âge.

Pour le loisir, on peut bien sûr choisir délibérément de prendre et garder des mâles entiers. Mais l’acheteur néophyte doit être informé des contraintes et des problèmes possibles. Car hélas la grande majorité des éleveurs vendent les mâles entiers, sans jamais envisager la castration ni préparer les acheteurs aux soucis potentiels à venir. Ils n’ont juste pas envie d’assumer les responsabilités et la gestion des castrations, ils veulent vendre le plus tôt possible dès sevrage pour « libérer la place », or la castration ne devrait pas intervenir, idéalement, avant 11 à 12 mois… Et comme les acheteurs, eux, veulent avant tout des animaux à bas prix, ajouter le prix d’une castration fait grimacer si on n’en comprend pas l’intérêt.

Comme les alpagas sont souvent achetés très jeunes, les problèmes relationnels entre entiers ne se poseront que beaucoup plus tard, vers leurs 3 ans, donc le vendeur à ce stade ne se sent plus du tout concerné…

  • Quelles précautions prendre avec un groupe de mâles entiers ?

    • éviter de n’avoir que 2 mâles : le risque de bagarres fréquentes à l’âge adulte est très élevé, et si l’un des deux est très territorial et a le dessus sur l’autre, le mâle soumis risque de gros soucis de santé. Parfois d’ailleurs (surtout chez les lamas) certains mâles trop territoriaux doivent avoir leur parc personnel à côté des autres. Le nombre dilue l’agressivité, l’idéal est de prévoir 4 ou 5 mâles au minimum. 
    • veiller à bien faire limer les crocs de combat (qui commencent à pousser à partir de 2 ans) : les mâles peuvent s’infliger de graves morsures, notamment s’arracher les testicules, ce qui aboutit à la castration d’office, voire à la mort en cas d’hémorragie non jugulée.
    • veiller à l’imprégnation : ne JAMAIS acquérir de mâle imprégné, et veiller à ne pas imprégner un jeune acheté au sevrage ou né chez vous (le risque subsiste, en diminuant progressivement,jusque vers 18 mois)
    • ne pas mettre de jeune mâle dans un groupe d’adultes (pas avant 2 ans 1/2 à 3 ans, selon la morphologie et le caractère) : la santé et la vie de ce jeune sont gravement menacées
    • introduire les nouveaux mâles par 2 dans un groupe d’entiers, si possible, pour éviter le bizutage du nouveau
  • A quel âge castrer ?

Cette question est beaucoup débattue.
Pendant longtemps on a conseillé de ne pas faire castrer avant 18/24 mois pour ne pas gêner la croissance. Le conseil reste valable pour les lamas, mais les études récentes pour les alpagas montrent qu’une castration vers 12 / 13 mois est la solution idéale (cf article la castration des mâles), et permet de réduire les comportements de macho.

  • N’est-ce pas dommage de castrer des mâles ?

Il naît davantage de mâles que de femelles, alors que les éleveurs ont besoin de beaucoup moins de mâles que de femelles. Comme l’objectif de l’élevage est d’améliorer en permanence la qualité des animaux et de leur fibre, seuls les meilleurs mâles devraient être gardés destinés à la reproduction, et les autres castrés pour le loisir, comme dans le monde équin, où la castration est couramment pratiquée.

C’est la responsabilité d’un éleveur de ne pas laisser des entiers partir à prix cassé entre les mains de personnes peu scrupuleuses prêtes à faire reproduire tout ce qui ressemble de près ou de loin à un alpaga, sans souci de consanguinité ou de défaut transmissible !

Un mâle castré, bien éduqué, sera un très bon animal d’agrément. Sa valeur ne s’effondre pas parce qu’il est castré : il se vend certes moins cher qu’un bon reproducteur, mais s’il est sain, beau et bien éduqué, il garde une valeur certaine, et ce type d’alpagas devrait être fortement mis en avant pour le loisir.

  • Faut-il craindre l’imprégnation ?

Oui, bien sûr, il faut la craindre, car c’est un vrai problème. Mais il est facile de repérer un mâle imprégné avant d’acheter, et il faut bien se former pour ne pas imprégner un jeune animal que l’on a acheté, ou que l’on a fait naître (Voir cette page sur l’imprégnation)

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Sevrage et éducation

La fin de l’année s’accompagne du sevrage des crias du printemps (qui naissent ici entre mars et mi-mai). Sauf souci de santé particulier, les crias mâles sont sevrés et séparés des femelles au plus tard à 7 mois, car leur libido précoce peut vite poser des soucis : en principe leurs tentatives de saillies ne peuvent pas porter leurs fruits avant 2 ans révolus, pour des raisons physiologiques, mais, toute règle ayant ses exceptions, il peut arriver qu’une saillie réussisse, par accident, dès le 8e mois. Donc prudence.
Les crias femelles, en revanche, peuvent sans problème rester plus longtemps avec les mamans, c’est très bien pour leur moral. L’important est de les séparer au minimum 2 mois avant la naissance du cria suivant, afin qu’elles ne perturbent pas la nouvelle lactation.
Attention : il faut sevrer plus rapidement si la maman montre des signes de fatigue et de perte d’état à cause d’une lactation prolongée trop exigeante pour son organisme.

Ce printemps, les 3 petites femelles étant nées en début de saison, et les 3 petits mâles en fin de saison, j’ai pu sevrer les 6 ensemble début décembre, ce qui est bien pratique et confortable pour eux : rester en groupe réduit beaucoup le stress.

Passés les premiers jours, où je me contente d’être très présente et de les rassurer, je peux commencer l’éducation proprement dite. Certains le font plus tôt, dès 4 mois, sous la mère : c’est une possibilité si c’est fait avec rigueur pour éviter l’imprégnation. Mais comme je suis quasiment toujours seule pour manipuler les animaux, il ne m’est guère possible de mener la mère en longe et d’éduquer le cria en même temps. J’ai toujours pratiqué l’éducation au moment du sevrage, laissant les crias tranquilles tant qu’ils ne sont pas sevrés, et cela fonctionne très bien.

Il suffit d’environ une semaine, avec quelques minutes par jour dans le parc de travail, pour leur apprendre en douceur à accepter les manipulations, le licol et la longe.
Ensuite quelques courtes séances de balades sur la ferme, toujours à 2 ou 3 crias ensemble, pour apprendre à marcher à la demande, à s’arrêter, à patienter à l’attache, à monter dans le camion…

L’étape suivante, c’est apprendre à se laisser prendre les pattes, à l’attache, pour que son humain préféré puisse tranquillement couper les onglons. Prendre les pieds d’un animal de fuite génère un stress intense, c’est donc essentiel de les y habituer très jeune, calmement, et de pratiquer régulièrement ce geste indispensable (comme avec un poulain) : les onglons ne se coupent pas qu’une fois par an à la tonte, il faut intervenir au minimum tous les 3 mois, voire plus souvent pour certains animaux.

Cocktail, Cachou et Cisko dans leur nouveau parc, du côté des mâles.

Une fois les bases d’éducation posées, les crias mâles et femelles ne peuvent bien sûr pas rester ensemble : les petits mâles rejoignent un nouveau parc du côté des mâles, ils y côtoient leurs copains plus âgés, et souvent, une fois la prise de contact réussie, ils sont fondus en un seul groupe.
Cette année les 3 petits mecs du printemps (Cachou, Cocktail et Cisko) se sont mélangés aux copains de 2024 au bout de quelques heures seulement, sans aucun souci : la différence d’âge n’était que de quelques mois, et une partie des jeunes plus âgés étaient déjà castrés.
Mais attention : il ne faut surtout pas mettre ces jeunes avec les mâles reproducteurs, car le stress généré peut entrainer très vite des soucis de soucis, sans parler du risque de blessure grave.

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