A PROPOS… de mon métier d’éleveur

Réflexions sur mon métier d'ÉLEVEUR d'ALPAGAS

 Cette page est un ensemble de réflexions personnelles sur ma vision de ce métier d’éleveur, les soucis rencontrés mais aussi les satisfactions qui me poussent à continuer.

Je la remanie régulièrement, il n’y a aucun objectif didactique, n’y cherchez pas une méthode pour devenir éleveur, des recettes ou des réponses à vos propres situations. Je veux juste témoigner de mon expérience à travers ce blog.

Merci à tous ceux qui me lisent et qui me font des retours par messages très sympathiques et touchants, c’est toujours un grand bonheur d’en prendre connaissance.

Petit retour en arrière...

    Mon projet initial de reconversion professionnelle concernait les chevaux… Cavalière depuis l’âge de 8 ans, les chevaux ont été la grande passion de ma vie, ils ont rythmé mes loisirs et mes vacances, et j’ai organisé ma vie à la campagne autour d’eux depuis toujours.
Formée en club classique, passionnée d’extérieur et de randonnée, d’équitation western, d’éthologie (j’ai plongé dans les formations Parelli à la Cense dès 2001), j’ai adopté le pied nu pour mes chevaux dès 2004 (j’ai participé à la création de la première association du cheval pieds nus en 2006, dont j’ai été secrétaire plusieurs années, puis présidente brièvement). J’ai organisé chez moi les premiers stages d’initiation au pied nu en France, et mis en place un des tout premiers ‘paddock paradise’ sur ma fermette en Maine et Loire…
Je rêvais depuis toujours de créer une écurie de propriétaires. Titulaire de l’éperon d’argent (équivalent ancien du galop 7) et des savoirs éthologiques, j’ai même entrepris la formation BPJEPS western dans le but de donner des cours dans ma future écurie de propriétaire…
… et puis les lamas sont arrivés dans ma vie !
J’en ai rapidement eu une dizaine, et logiquement mon projet a évolué vers une activité associant les chevaux aux lamas (mon projet en Bretagne).
Et puis après l’échec de ce projet, c’est comme éleveur de lamas et alpagas que je me suis installée en Mayenne en 2012.

    En 2012, donc, je suis passée volontairement (en démissionnant) du confortable statut de fonctionnaire de l’Éducation nationale à celui beaucoup plus aléatoire d’agricultrice élevant des petits camélidés…
    Animaux quasi-inconnus de l’administration, sans statut agricole clair, sans case dédiée au niveau comptable, sans studbook, sans prophylaxie, sans règlementation adaptée pour protéger un minimum les éleveurs qui en font leur métier, avec les charges incompressibles d’une exploitation agricole et une TVA injuste qui a bondi de 5,5 à 20% après seulement 2 ans d’installation…

    Un grand saut dans l’inconnu…

Continuer envers et contre tout...

     Je m’étais donné 5 ans pour voir si le projet était viable… et je suis en 2024 dans ma 13e saison d’élevage professionnel, j’ai du mal à y croire !
     Ce n’est pas facile tous les jours, loin de là, et je continue à me poser régulièrement la question du bien-fondé de la poursuite de mon activité… Je n’ai pas pris une journée de vacances depuis mon installation, je me consacre 24h sur 24 à ma ferme et à mes animaux, quasiment sans aide sauf un ou deux amis fidèles, avec des stagiaires parfois, et ponctuellement l’embauche d’une personne en TESA (mais il devient très difficile de trouver une personne à embaucher).

      J’assure seule la gestion des alpagas au quotidien, leur éducation et les soins, y compris vermifugations, injections, saillies, mise-bas… J’ai aménagé les parcs et stabulations pour me faciliter le travail. Il n’y a que pour la tonte et pour faire les ongles de certains alpagas que je dois solliciter de l’aide…

      Je travaille la laine à mes rares moments perdus (pas assez à mon goût, hélas), je passe des heures parfois la nuit sur Internet pour trouver des réponses à des questions vétérinaires ou pour approfondir mes connaissances, essentiellement sur les sites anglo-saxons, car les publications en français sont très rares.

    Et hélas la coopération, la solidarité, les échanges entre éleveurs, je n’ai pas su les trouver. L’impossibilité de me déplacer aller rencontrer les uns et les autres, pour participer aux concours, y est sans doute pour beaucoup… Mais comme dans tous les milieux d’élevage, hélas, on rencontre jalousie, hypocrisie et coups bas. Les amitiés qu’on croit solides se trouvent parfois battues en brèche par des « intérêts supérieurs », j’en ai fait deux très amères expériences les années passées avec des personnes que je croyais être des amies, et qui ne voyaient en moi qu’une source pratique d’informations sur les alpagas 🙁

    Par bonheur les satisfactions l’emportent encore sur les difficultés, j’adore ce que je fais, c’est un mode de vie bien plus qu’un métier. Il faut accepter de se contenter de peu, avoir une bonne résistance physique, être volontaire et autonome, bricoler suffisamment pour se dépatouiller des inévitables problèmes matériels quotidiens et réduire les coûts d’infrastructure, ne pas avoir peur des journées sans fin, accepter de vivre dans un chantier permanent et une maison en désordre qui ne sera jamais terminée, savoir encaisser les coups durs et le stress intense, emprunter sans craquer les montagnes russes émotionnelles liées à tout élevage : des moments merveilleux mais aussi des moments terriblement durs…

Mon élevage, c'est ma vie...

      Je me consacre à temps plein à mes animaux.  L’élevage est ma seule source de revenus, avec le complément des stages et de la laine.  Il ne m’est pas possible, seule, de diversifier mon activité, comme me le suggèrent parfois ceux qui ne réalisent pas le travail à temps complet (et même plus) que représente la gestion correcte d’un élevage de plus de 70 alpagas et d’une ferme en constants travaux d’aménagement !

     Suivant les années j’ai entre 15 et 25 naissances sur l’élevage. Je n’en veux pas davantage, afin de pouvoir assurer au mieux le suivi des gestations et des crias.
   
Pourquoi ai-je entre 70 et 80 alpagas sur la ferme, alors ? Les mères et leurs crias de l’année ne représentent qu’une fraction du cheptel, car il n’y a pas que des mamans en activité et leur bébé dans un élevage ! Il faut aussi inclure dans le nombre d’animaux :

  • les crias de l’année qui ne partent jamais avant leur an, même s’ils peuvent être réservés dès le sevrage
  • les jeunes femelles gardées comme futures reproductrices (pas de saillie avant 2 ans, parfois 3 ans)
  • les femelles qui n’ont pas réussi leur gestation, mais auront un cria l’année suivante si tout va bien (en moyenne on compte 2 crias sur 3 ans par femelle)
  • les femelles retirées de la reproduction, soit à cause de l’âge, soit à cause d’une pathologie ou d’un défaut qui leur interdit la reproduction
  • les mâles reproducteurs : j’ai fait le choix d’en avoir une palette importante (8/10) pour varier la génétique et travailler à l’amélioration de la fibre et de la morphologie des nouvelles générations
  • les jeunes mâles prometteurs qui restent grandir sur l’élevage pour observer leur évolution avant de prendre une décision de vente pour le loisir ou pour la reproduction (la qualité d’un mâle ne peut s’apprécier avec justesse qu’une fois adulte, et avec au moins 3 tonte pour juger l’évolution de sa fibre).

      Cela représente donc du monde à entretenir et soigner !

     Élever correctement des alpagas implique beaucoup de temps de travail. A KerLA les croisements sont pensés dans un but d’amélioration permanente de la fibre, du modèle, du caractère des alpagas. Donc les saillies se font une à une, en main, avec la présentation régulière du mâle choisi à chaque femelle, pendant toute la saison, pour s’assurer du succès de la gestation….
     C’est là que le travail d’éleveur se différencie du travail de simple « producteur » qui accouple le mâle et la femelle qu’il a sous la main… Il faut s’intéresser à la génétique, à la transmission du caractère et du modèle, faire des analyses de fibre, avoir une vision sur 5 ans des objectifs d’amélioration du troupeau, surtout quand on travaille comme moi avec des moyens financiers modestes qui ne permettent pas d’investir de grosses sommes des reproducteurs d’élite (ce qui fait gagner des années de travail).

     Les naissances s’étalaient jusqu’en 2022 sur 7 mois de l’année, d’avril à octobre, à cause de l’élasticité de la durée des gestations, de la disponibilité des mâles, et des fréquents échecs de début de gestation (une femelle peut commencer une gestation au printemps et ‘couler’ dans les 3 premiers mois, il faut parfois recommencer une saillie à la saison suivante) !
Cette période des naissances nécessite une présence et une surveillance permanentes. Pour ma part, étant seule sur la ferme, je ne prends aucun rdv extérieur, je m’absente juste pour des courses rapides ! En fait c’est quasiment un confinement plus de la moitié de l’année, la survenue du Covid en 2020 n’a guère bouleversé ma manière de vivre !  😉

     Et une fois les crias nés et en bonne santé, il faut en assurer un suivi attentif pendant 7 mois environ, jusqu’au sevrage, et ensuite les éduquer patiemment avant sélectionner ceux qu’on veut garder et voir grandir, et ceux qu’il faut bien proposer à la vente pour rentrer l’argent nécessaire à la vie de l’élevage.

Un élevage qui permet d'associer amour des animaux et éthique...

      La beauté de cet élevage, c’est qu’il n’y a par bonheur pas de « réforme » pour les animaux, comme on dit pudiquement dans les autres espèces animales (en un mot : l’abattoir pour l’animal improductif ou trop vieux !). On ne mange pas les alpagas en France, sinon d’ailleurs je n’aurais pas choisi d’en élever !
Donc les femelles infertiles, les animaux avec un défaut ou un handicap, les retraités restent dans le troupeau. Évidemment leur coût d’entretien est lissé sur les charges globales, et se retrouve imputé sur les prix de vente des animaux.
Quand vous achetez des alpagas, questionnez l’éleveur sur son éthique par rapport à l’avenir de ses animaux et la gestion de ses retraités… Vous aurez des surprises parfois !

       Bien sûr il arrive que certains de ces animaux écartés de la reproduction trouvent une nouvelle maison, comme mon trio de femelles parti dernièrement en Normandie, en avril 2024, mais certains animaux ne peuvent pas être placés, parce que trop vieux, ou avec un souci trop grave : ainsi j’ai une femelle lourdement handicapée des postérieurs, ma Olympe, qui à 8 ans vit tranquillement sa petite vie, ou encore ma Shamane, qui fait des crises d’épilepsie, ou des retraitées âgées qui coulent des jours tranquilles avec leurs copines.

     C’est une satisfaction permanente de faire naître et voir vivre ces animaux destinés à dérouler leur destin jusqu’au bout, de la naissance à leur mort naturelle, dans le respect maximum de leur nature et de leurs besoins. Leur cadeau en échange est de nous offrir leur présence tellement apaisante, de nous transmettre leur zénitude, et bien sûr leur merveilleuse fibre.

La concurrence déloyale d'un marché parallèle incontrôlé...

     Hélas le marché parallèle des particuliers et des éleveurs amateurs bat son plein, sans parler de la filière des maquignons qui importent des alpagas des pays de l’Est, devenus gros pourvoyeurs à d’animaux à bas prix (exactement comme pour les chiens, chats ou poneys). Cela au détriment des éleveurs déclarés et sérieux qui sont écrasés par cette concurrence déloyale, et plus encore au détriment des animaux victimes de méconnaissance et d’incompétence.
     On se retrouve face à des offres de vente à des prix ridicules, sur le Bon Coin notamment, sans respect de la (faible) règlementation, face à un public d’acheteurs souvent mal informé qui voit d’abord et avant tout le prix et ne réalise les soucis à prévoir avec des animaux carencés, mal éduqués, parfois imprégnés.

      De plus en plus d’éleveurs amateurs, de fermes pédagogiques et de particuliers produisent et vendent des alpagas. Ce serait un moindre mal si leur travail était sérieux, leur connaissance et leur suivi des animaux solides, que les prix étaient raisonnés pour ne pas casser le marché, que les ventes étaient faites dans les règles et les revenus déclarés comme il se doit (car soyons francs, le monde de l’alpaga, c’est le règne du marché noir)…

     Un éleveur sérieux base certes ses prix de vente sur la génétique des animaux, leur sexe, leur âge, leur fibre, leur caractère, leur potentiel de reproducteur. Mais il y a un prix plancher en-dessous duquel on vend à perte, parce qu’il y a un coût d’élevage incompressible si l’éleveur fait bien son travail !
     Chaque alpaga de l’élevage, qu’il soit de qualité supérieure ou destiné au loisir, est le fruit d’un travail de plusieurs années. Lui et ses parents sont soignés, complémentés, manipulés, éduqués, ont des séances d’ostéo régulières, sont examiné par le vétérinaire quand c’est nécessaire, sont pucés, enregistrés, vaccinés, vivent dans des infrastructures entretenues et améliorées en permanence pour leur bien-être…
     L’alpaga vendu, quel que soit son statut, bénéficie d’un certificat de bonne santé à la vente et d’un suivi après-vente permanent de la part de son éleveur…

     Hélas certains éleveurs même professionnels, pour ne pas laisser filer leur part du marché, choisissent de vendre sciemment à perte leurs crias au sevrage, juste pour vider les pâtures , en se rattrapant sur d’autres sources de revenus… C’est faire preuve d’une vision à très court terme qui contribue à dégrader la situation de l’élevage professionnel déjà bien précaire en France 🙁   

L'éleveur est-il vraiment une source d'infos gratuites et à volonté ?

     Outre la concurrence économique rude et déloyale qu’elle implique, et trop souvent la souffrance induite pour les animaux victimes de méconnaissance ou de pure bêtise, la production et la vente d’alpagas par des amateurs a une autre conséquence pénible pour les éleveurs professionnels : nous recevons de multiples appels à l’aide venant de personnes qui, après avoir acheté lamas ou alpagas à bas prix à un maquignon, comptent tout naturellement sur l’aide d’un éleveur pour faire le service après-vente et résoudre leurs problèmes, leur vendeur ayant fermé la porte dès le règlement encaissé : gros soucis de santé, manque d’éducation, troubles du comportement (le problème le plus fréquent étant les mâles imprégnés, que les gens bradent, voire donnent, pour s’en débarrasser au plus vite)…

    J’ai toujours fait le maximum pour répondre à ces demandes venant d’inconnus, par téléphone ou par écrit, souvent avec beaucoup d’amertume après coup, car cette aide est le plus souvent considérée comme un dû : elle n’est pas toujours demandée de manière aimable, et il est très rare de recevoir un simple mot de remerciement alors qu’on a fait une longue réponse détaillée par mail 🙁

     Et puis en décembre 2019 j’ai pris une belle claque qui a modifié ma position face aux personnes qui me sollicitent pour leurs lamas ou alpagas (voir encadré ci-dessous)… Désormais, sauf bien sûr s’il s’agit de mes clients, je ne réponds que rarement de manière détaillée aux questions envoyées par écrit (surtout quand on m’envoie une liste de questions dont les réponses figurent sur mon site, et qu’on me dit avoir lu mon site en détails avant de poser ces questions !). Les quelques fois où je le fais, juste pour voir, ou parce que la demande m’a émue, même constat : quasiment jamais de remerciement en retour, c’est hallucinant. 
Exemple ce monsieur qui m’a envoyé un mail avec plein de questions sur le matériel de tonte : j’ai eu la faiblesse de lui répondre de manière détaillée (alors que toutes ces infos sont déjà sur mon site, avec des photos)… J’attends toujours son « merci », je ne l’ai jamais eu !… Je dois être vieux jeu et dépassée, remercier ne se fait plus visiblement dans notre société du « tout, tout de suite » et du « j’ai droit à »…
Je réponds toujours au téléphone pour les cas d’urgence et pour les demandes de renseignements, mais je refuse d’être la source d’infos gratuite et illimitée à qui on dit crûment ‘vous êtes éleveur, vous nous devez l’information’. Non je ne dois rien au gens qui exploitent les autres et ne font pas l’effort de faire les choses correctement. J’invite donc les gens à contacter leur vendeur : toute personne qui vend doit être apte à donner des conseils corrects, sinon elle doit arrêter tout de suite !

    Heureusement qu’il y a aussi des contacts formidables, des gens très positifs et respectueux du travail des autres, des clients fantastiques devenus des amis… Je reçois de très beaux messages de remerciement pour les informations que je donne sur mon site, de très beaux courriers de reconnaissance de mon travail d’éleveur, de la part d’inconnus qui reconnaissent et partagent ma passion de la nature et des animaux, et ça fait chaud au coeur ! Ce sont ces personnes chaleureuses et/ou reconnaissantes qui me donnent envie de continuer et de partager, ces inconnus aux écrits empathiques pour lesquels je transgresse volontiers ma règle de ne plus répondre par mail…

    Merci mille fois à vous !

Petit témoignage sur une bien triste expérience…

.. récit d’une triste expérience que j’essaie d’oublier, mais qui me revient à l’esprit chaque fois que me tombe sous les yeux la note des avis publics de mon élevage sur Facebook, définitivement dégradée par la seule intervention, en décembre 2019, d’une personne à laquelle j’ai pourtant consacré du temps, de longues explications écrites, et qui m’a agressée sans raison et a menti effrontément…

Cette jeune dame d’Ille et Vilaine, dont le pseudo sur Facebook est Ame Lie, me contacte par Messenger à l’automne 2018 en me disant qu’elle souhaite acheter un alpaga mâle pour monter un petit élevage. Je réponds longuement à ses questions pendant 3 mois… et puis plus de nouvelles pendant plus d’un an, alors que j’avais fini mon dernier post par une question…
Jusqu’à début décembre 2019 où elle reprend contact en soirée par un court message : elle s’excuse de ne pas avoir répondu à ma dernière question (qui date d’un an !), me dit qu’elle songe à acheter une femelle, et me demande ce que je donne à manger à mes alpagas en hiver… C’est tout ! Pas un mot de plus.
Très occupée à ce moment-là, je n’ai pas pu répondre. Alors le lendemain soir elle me relance par un message constitué uniquement de points d’interrogation !… Je lui fais remarquer (poliment, je pense) que je ne peux pas être à la disposition immédiate des gens qui me contactent, hormis le suivi de mes clients pour lequel je suis très réactive, d’autant que son message ne révêtait aucun caractère d’urgence.

Malheur à moi, que n’avais-je pas écrit là !!!

Cette pauvre fille s’est jetée aussitôt sur ma page d’élevage Facebook pour rédiger un avis détestable et totalement mensonger, suivi d’une succession de posts avec de fausses accusations, comme avoir causé la mort de sa petite femelle alpaga par mon refus de la renseigner – femelle dont jamais elle n’avait jamais parlé, j’ignorais totalement qu’elle avait des alpagas puisqu’elle venait de m’écrire qu’elle songeait à en acheter !!! 

Des amis et clients m’ont soutenue dans ce long échange public avec cette folle, j’ai été à deux doigts de porter plainte pour diffamation et avec le recul je regrette sincèrement de ne pas l’avoir fait, car la politique de Facebook ne permet pas d’obtenir le retrait de ce type d’avis injurieux et totalement injustifié, je traîne donc ces échanges venimeux comme un boulet et j’ai la haine, au vrai sens du terme, pour cette personne infâme.
Vous pouvez consulter les avis de ma page Facebook pour comprendre…

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Éthique et castration

Comme chaque année à cette saison, le vétérinaire est venu mi-novembre castrer un groupe de jeunes mâles destinés au loisir.
C’est une intervention brève, qui se réalise sur l’alpaga debout, légèrement sédaté et avec anesthésie locale. Un antidouleur/anti-inflammatoire et un antibiotique préventif (pénicilline) sont administrés avant l’intervention.
Certains mâles montrent un peu d’inconfort pendant quelques heures après dissipation de l’anesthésie locale, mais au bout de 24h ils sont revenus à leur comportement normal, tout est oublié.

Après quelques jours de surveillance de la cicatrisation, ils pourront partir comme alpagas de compagnie faire le bonheur de leur nouvelle famille sans développer, en arrivant à l’âge adulte, les comportements bagarreurs parfois très violents typiques des mâles entiers. Et, en bonus, leurs dents de combat ne se développeront pas, ce qui supprime également un souci majeur pour le propriétaire qui n’a pas toujours un tondeur ou un vétérinaire prêt à limer ces crocs potentiellement dangereux qui sortent à partir de 24-30 mois sous l’effet des hormones.

Alors pourquoi si peu d’éleveurs proposent-ils des mâles castrés ?
La réponse est évidente : un mâle ne doit pas être castré avant ses 12 mois au minimum, voire plus si son développement est jugé insuffisant. Donc castrer sur l’élevage représente un délai de mise en vente considérable, un coût et une prise de responsabilité que peu d’éleveurs ont envie d’assumer.
Et d’une certaine manière c’est hélas compréhensible, puisque un mâle castré de 15 mois sain, suivi et bien éduqué ne se vend pas mieux ni plus cher qu’un cria de 6 mois tout juste sevré et non éduqué… Pour ceux que l’éthique n’étouffe pas, le calcul de rentabilité est vite fait, d’autant que souvent l’objectif est de vendre les crias au plus vite afin de vider les prés pour la tournée suivante ! Alors pensez-vous, il faut être stupide pour garder des jeunes jusqu’à 14/18 mois en moyenne, investir de l’argent et beaucoup de temps pour les nourrir, les soigner, les éduquer, les castrer. Sans parler de la responsabilité que cela représente, car le risque de perte n’est pas inexistant pendant ces mois de croissance du jeune mâle.
Tout ça pour au final les vendre au même prix que le cria de 6/8 mois, voir moins, parce que (et c’est ubuesque) beaucoup d’acheteurs considèrent alors que le mâle étant castré ne vaut plus rien puisqu’il n’a plus de potentiel reproducteur…

Et je ne parle pas des pseudo-éleveurs qui arrachent le cria sous la mère sans sevrage, sans certificat vétérinaire, sans puçage évidemment, et le déposent manu militari dans la fourgonnette de l’acheteur contre espèces sonnantes et trébuchantes. Ni vu ni connu, pas de traçabilité, aucune responsabilité vis-à-vis de l’acheteur puisque ni contrat ni facture… Tout bénéf’. Alors castrer, pensez-vous, quelle idée stupide !

Et bien sûr pour contrer ceux qui préconisent de castrer les alpagas destinés au loisir chez des particuliers ou pour des activités de visite ou de médiation, certains argumentent que garder les mâles entiers ne pose pas de souci, que « chez eux », il n’y a aucun problème, que leurs clients n’en ont jamais eu non plus.
Ben voyons…
Sauf que des témoignages ces clients qui se retrouvent embarrassés par leurs mâles entiers devenus violents entre eux (voire vis-à-vis de l’humain car imprégnés car vendus trop jeunes sans les conseils d’éducation adaptés), j’en ai accumulé un bon paquet, c’est très loin d’être rare mais silence, il ne faut pas en parler, c’est pas bon pour le business.
A moins d’avoir un groupe important dans lequel l’agressivité est généralement diluée par le nombre, garder des mâles entiers adultes en duo ou trio génère souvent, tôt ou tard, des risques de bagarres impressionnantes et de blessures.

Et puis l’éthique de l’élevage, c’est aussi d’écarter de la reproduction des animaux porteurs de défauts congénitaux, de problèmes morphologiques sérieux (aplomb, dentition), voire de problème comportementaux (le tout souvent lié à de la consanguinité non contrôlée). Et on assiste au contraire à une course à la stupidité : puisque ce mâle a des défauts, on va brader son prix, donc surtout pas s’embêter à le castrer avant… Et le résultat, c’est que ce mâle se retrouvera à saillir des femelles à la chaine (regardez sur le Bon Coin les mâles proposés à la saillie par des particuliers ou pseudo-éleveurs… C’est à frémir).
L’autre jour je suis tombée, sur FB, sur les photos d’un type qui s’amuse à élever : il fait faire des crias à une malheureuse femelle affligée de « wry face », un souci congénital qui condamne le plus souvent le cria, incapable de se nourrir correctement. Cette femelle a eu la chance de survivre à cette difformité, mais en aucun cas elle ne devrait reproduire : l’hérédité de ce type de souci est avéré, cela ne ressortira pas forcément dans chaque cria, mais ils seront porteurs, et diffuseront le défaut à leur tour 🙁

Plus ça va, plus les gens s’improvisent éleveurs sans la moindre connaissance solide sur les alpagas et leurs particularités, et plus on voit des situations dramatiques. Mais bien sûr dès qu’on essaie d’en parler et d’avancer la notion d’éthique, on nous balance que notre seul but est en réalité de protéger notre marché : castrer un mâle, c’est éviter qu’il reproduise chez quelqu’un d’autre.
Ben… Oui, c’est exact, et ça fait partie de l’éthique de l’éleveur et de son sens des responsabilité d’agir ainsi, comme dans le monde des chiens, des chats ou des chevaux !
Si je juge qu’un mâle peut faire un bon reproducteur, il est vendu comme tel, et au prix d’un bon reproducteur, c’est simple, parce que j’ai investi de l’argent pour acheter des parents de qualité et gérer mes animaux au mieux sans lésiner sur les coûts d’élevage.
Si je juge que ce mâle n’est pas assez bon pour reproduire, ou qu’il n’y a pas assez de demandes d’éleveurs sérieux pour lui assurer une carrière dans un élevage correct, en effet il sera castré et vendu (à prix plus bas, souvent à perte hélas) comme alpaga de loisir. Mais en aucun cas il ne sera vendu entier à petit prix juste pour vider le pré,

L’éleveur qui brade ses mâles entiers, bons ou pas, scie la fragile branche sur laquelle il a déjà du mal à se tenir en équilibre : la plupart des acheteurs particuliers, des fermes pédagogiques, des pseudo-éleveurs qui veulent faire reproduire se fichent souvent de la qualité et de la génétique (et j’en ai eu quantité au téléphone ou dans des échanges par mail au fil des années) : ils veulent juste un mâle pas cher et des femelles encore moins cher pour produire des crias pas cher.
Et le cercle vicieux continue et la situation s’aggrave, et les alpagas en paient les conséquences…

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